Source Sénat.fr:
» Les clients : des ex-prostituées viennent leur exposer leur parcours et leurs souffrances. Le bilan au bout de quatre ans ferait apparaître un taux de récidive infime.(Californie) «
En France – La politique de prévention doit enfin aborder le problème du « client ».
Il est, dans la » triangulaire » de la prostitution (prostituée, proxénète, « client »), celui dont on ne parle pas ; il bénéficie d’une sorte d’indulgence consensuelle de la part de la société. Les études commencent à peine à s’y intéresser.
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, le « client », occasionnel ou habituel, est » Monsieur tout le monde » ; on le trouve dans toutes les classes sociales ; il est célibataire ou vit en couple… Le « client » de la prostitution n’est pas uniquement, loin s’en faut, le travailleur immigré, misérable et isolé, des clichés.
En revanche, le « client » est, dans une écrasante majorité des cas, un homme, même quand il s’agit de prostitution masculine. Un homme en mal de relations familiales ou sociales, ou qui cherche à satisfaire une pulsion ou réaliser un fantasme, ou » tout simplement » à avoir un rapport sexuel libéré de toute espèce d’obligation de séduction ou d’engagement. Le fait de payer lui permet de se sentir dégagé de toute responsabilité humaine ou morale à l’égard de la prostituée.
Il est indispensable de l’informer et de le responsabiliser ; il ignorerait, la plupart du temps, en effet, la réalité sordide de la prostitution.
Il faut que le « client » prenne conscience :
– que la prostitution est un échec, non seulement pour la prostituée, mais aussi pour lui ;
– qu’il s’agit peut-être pour lui d’un acte anodin, sans signification, mais que, pour la prostituée, il s’agit d’une violence ;
– qu’en recourant à la prostitution, il a toutes chances d’être complice d’un proxénète, et, le cas échéant, d’un trafiquant d’êtres humains.
Il existe à l’étranger des centres spécifiques d’écoute, et même de soins, pour les « clients » de la prostitution ; certains d’entre eux, qui sont en souffrance forte, y vont spontanément faire un travail sur eux-mêmes ; des médiateurs sociaux tentent de les responsabiliser.
Un pays comme le Canada a mis en place de telles structures dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles. En Californie16(*), un programme communautaire d’aide aux prostituées (programme SAGE) créé sous l’impulsion de Norma Hotaling, elle-même ancienne prostituée, en collaboration avec le procureur de San Francisco, la police et des médecins du département de la Santé, a prévu une » école des « clients » » (la » John’s school « ) qui a été créée en 1995 ; les « clients », lorsqu’ils sont interpellés, ont le choix entre une inculpation et des travaux d’intérêt général, ou une amende de 500 dollars et une journée à l’ » école des clients » où leur anonymat étant préservé, des ex-prostitueés viennent leur exposer leur parcours et leurs souffrances. Le bilan au bout de quatre ans ferait apparaître un taux de récidive infime. Des formules comparables seraient inaugurées dans d’autres villes américaines.
La Suède est allée beaucoup plus loin. Dans le cadre d’un plan gouvernemental baptisé » Kvinnofrid » ( » la paix des femmes « ), une révision du Code pénal a prévu, entre autres dispositions, toute une série de peines aggravées pour violences sexuelles, y compris conjugales.
Par 181 voix contre 92, le Parlement suédois a notamment décidé (loi 1998-408 entrée en vigueur le 1er janvier 1999) de criminaliser » l’achat de services sexuels « . Celui qui, moyennant rémunération, se procure une relation sexuelle, tombe sous le coup d’une peine d’amende ou d’emprisonnement de six mois au plus.
L’objectif affiché est de tarir la prostitution et le raisonnement est le suivant : si l’on veut la supprimer, il faut s’attaquer aux racines, donc à la demande, laquelle précède l’offre.
La Suède a donc fait le choix de la répression du « client » en le désignant comme délinquant. Sa nouvelle législation est encore trop récente pour qu’on en mesure tous les effets ; les uns font valoir que la prostitution de rue a nettement diminué, les autres rétorquent que le problème n’a été que déplacé, rejetant les prostituées dans la clandestinité avec, pour elles, une augmentation des risques de violence et d’insécurité. De fait, il serait recouru à diverses méthodes pour contourner l’interdit (l’Internet d’abord, dans ce pays où la moitié de la population est équipée d’ordinateurs, le téléphone portable, les petites annonces, les cartes de visite…).
La pénalisation est-elle une bonne solution ? Est-il préférable de chercher à responsabiliser le « client » par l’éducation, en considérant que vaincre l’ignorance serait déjà un premier pas ? La délégation n’a pas aujourd’hui la réponse, mais elle souhaite que le débat soit ouvert. Stigmatiser le « client » ou créer pour lui des lieux d’écoute et de parole ne manqueraient pas de paraître à certains bien étrangers à la culture de notre pays, mais c’est précisément toute une révolution culturelle qu’il faut faire ; ses enjeux sont majeurs…
…Existence d’un trait permanent : la prostitution est toujours le résultat d’une souffrance.
L’entrée dans la prostitution s’explique par autant d’histoires personnelles qu’il y a de prostituées, mais il y a des facteurs communs.
Ainsi, on trouve souvent à l’origine une blessure, un traumatisme (la maltraitance ou, plus, l’abus sexuel, le viol, l’inceste, qu’auraient subis près de 80 % des personnes prostituées pendant leur enfance et qui débouchent sur la perte de l’estime de soi), un grand isolement social ou affectif qui n’a pas permis de les surmonter, les ruptures familiales, la rencontre avec les milieux à risques dont celui de la prostitution (les jeunes en errance relationnelle cherchent souvent dans ces milieux la reconnaissance qu’ils n’ont pu trouver ailleurs, notamment dans leur famille). S’ajoute parfois une problèmatique de la sexualité mal résolue (ainsi, trop souvent encore, l’homosexualité mène à la prostitution lorsqu’elle est mal acceptée par l’entourage).
On doit citer aussi l’argent bien qu’il cache des causes plus subtiles dans bien des cas : il existe ainsi une prostitution occasionnelle liée à la précarité ; les femmes s’y livrent » pour assurer les fins de mois » ou rembourser les dettes (et pas seulement dans les familles monoparentales…), ou les jeunes pour financer leur logement ou se procurer de la drogue ; il y a aussi l’argent des stupéfiants, de l’alcool ou des tranquillisants dont ont besoin de nombreuses prostituées pour supporter leur condition et » passer à l’acte » (les relations entre prostitution et drogue jouent cependant dans les deux sens, la dépendance à la drogue expliquant dans certains cas l’entrée dans la prostitution).
Les » accidents biographiques » associés aux conditions économiques et sociales difficiles sont donc déterminants pour expliquer la prostitution.
Aussi, contrairement à ce que certaines personnes prostituées – ( qui sont d’ailleurs la plupart du temps manipulées ) – cherchent à faire croire, la prostitution est rarement le résultat d’une démarche volontaire, mais bien plutôt l’aboutissement d’une violence familiale, sociale ou économique vécue dans un état de plus ou moins grande conscience.
Sénat.fr
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« Le fait de payer lui permet de se sentir dégagé de toute responsabilité HUMAINE ou MORALE à l’égard de la prostituée. »
On l’avait bien compris: juste des latrines à sperme !!!