Maman à plein temps, le plus beau métier du monde »…Vraiment ? ? ?
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Par Nadia Daam:
… » La publicité elle aussi a souvent contribué à ce cliché de la mère éligible au prix Nobel de la paix. On se souvient notamment de la publicité intitulée «Best job» qui avait tiré des larmes à des milliers de personnes, et qui présentaient les mères comme des héroïnes dont le super pouvoir consistait à beurrer des tartines et à emmener leur petite dernière à son cours de GRS…
Enfin, un récent sondage publié par le site parents.com révélait que 92% des personnes interrogées estimaient qu«être mère est un métier». Et cest le résultat de cette enquête qui a conduit la comédienne australienne Catherine Deveny à pousser un salutaire coup de gueule sur The Guardian: «Désolée, être mère n’est pas le plus beau métier du monde. Il est temps d’en finir avec cette expression.»…
Catherine Deveny a raison sur plus dun point, et il faut espérer que cette tribune ait lécho quelle mérite. Car non, être mère nest pas le plus beau métier du monde. Dabord, ça nest même pas un métier…
Dans le Larousse, voici ce quon trouve comme définition du mot «métier»:
Métier: Profession caractérisée par une spécificité exigeant une formation, de lexpérience, etc et entrant dans un cadre légal; toute activité dont on tire des moyens dexistence.
Pour être sûr, on peut également chercher à connaître le sens de «profession»:
Profession: Activité rémunérée et régulière exercée pour gagner sa vie.
Si on sen tient au sens littéral des deux termes, la maternité ne remplit aucun des critères.
Il nexiste aujourdhui aucune formation à la maternité. Certes, pendant longtemps, et jusquaux lois scolaires de 1881, lécole et les programmes préparaient les filles à leur future vie de femme au foyer avec des leçons de travaux ménagers, de couture et de puériculture (dont les garçons étaient dispensés). On se souvient aussi, assez douloureusement, que la première école professionnelle pour jeunes filles a été une école de couture, en 1862, et on ne peut que se féliciter du fait que les ateliers puériculture ne soient plus considérés aujourdhui comme une formation à la vie de femme.
Ensuite, daprès le Larousse, quand on exerce un métier, on perçoit une rémunération. Or, cest un fait, les mères ne sont pas rémunérées uniquement parce quelles sont mères. La grossesse puis, la maternité, permettent de percevoir certaines aides de lEtat qui ne sont en aucun cas à considérer comme des rémunérations ou des gratifications pour service rendu à la patrie.
Sur le site de la CAF, on lit bien que la prestation daccueil du jeune enfant est une AIDE financière. Cette prime regroupe la prime à la naissance ou à ladoption (qui peut atteindre un versement unique de 923,08 euros ou 1.846,15 euros en cas dadoption). Elle est dailleurs destinée au couple et non uniquement à la future mère.
Cette prestation inclut également le complément de libre choix d’activité, qui est versée aux femmes qui ont cessé ou réduit leur activité professionnelle pour élever leur(s) enfant) (soit un temps partiel ou un congé parental). Il nest versé que pendant 6 mois pour un enfant, et jusquà trois ans pour deux enfants ou plus. Le montant maximum est de 572,81 euros/mois. Il sagit bien dun «complément» et non dun salaire.
Enfin, et ça nest pas dans le Larousse mais dans la tribune de Catherine Deveny: avoir un travail, cest aussi avoir un patron, des congés payés, des points de retraite, éventuellement des pots entre collègues le vendredi soir…
Alors, si la maternité est un métier, qui donne les directives? Qui corrige, ou motive, fixe des objectifs? Bref, qui est le patron? En toute logique, le patron, ce serait lenfant, soit une personne qui ne contrôle pas ses sphincters avant une longue période.
Les mères ne sont pas des êtres supérieurs
Dabord, cette déification de la mère nivelle par le bas toutes celles qui par choix, ou par impossibilité physiologique, ne sont pas mères. Dire que les mères exercent le plus beau des métiers revient à faire des nullipares ou des femmes infertiles, au mieux des chômeuses de longue durée, au pire des grosses feignasses.
Cest aussi faire bien peu de cas de toutes les vraies professions essentielles à la société.
Une mère est-elle plus importante quun médecin urgentiste au seul titre quelle a survécu à une césarienne?
Dailleurs quand on interroge les Français sur leurs métiers préférés, ils répondent dans cet ordre là: les infirmières les médecins, les dentistes (WTF), les enseignants et les policiers. Rares sont également les petites filles qui, quand on leur demande ce quelles veulent faire plus tard, répondent «maman»; alors quelles sont plus nombreuses à vouloir devenir nounou ou maîtresse. Car elles ont bien compris, elles, quil existe dun côté des femmes (et des hommes) dont soccuper des enfants est le métier, et de lautre côté des mères.
Lidée que les mères exercent la plus belle profession du monde sous-entend également quil sagit du métier le plus dur. Oui, quand on est mère, la résistance à la privation de sommeil, au square, au 762e épisode de lâne Trotro peuvent relever de labnégation et du dépassement de soi.
Mais, comme le dit fort justement Catherine Deveny, le «travail» dune mère est-il pour autant plus éprouvant que celui dun ouvrier bangladais qui travaille 16 heures par jour dans une usine de confection? Pourquoi ne voit-on pas de mères de familles battant le pavé pour réclamer des améliorations de leurs conditions de travail? Pourquoi, si la maternité est un métier, ny a-t-il aucun syndicat de mères?
Certes, il existe une union nationale des femmes actives et au foyer, mais elle milite essentiellement pour la reconnaissance du travail au foyer.
Justement, quand on prétend que les mères exercent le plus beau métier du monde, implicitement, ce sont dabord les mères au foyer qui sont visées et pas celles qui ont choisi de reprendre le travail après la naissance de leur(s) enfant(s).
Dans linconscient collectif, tout au bas de léchelle de la Mère, on trouve celle qui travaille, celle qui nattend pas son enfant devant la grille de lécole à 16h30 pétantes avec des petits pains sortis du four, celle qui est obligée de sécher la réunion parents-profs, celle qui délègue repas, devoirs, bain du soir à un(e) baby-sitter.
En haut de cette échelle, plafonne la «mère au foyer», figure sacrificelle puisquelle est celle qui a fait le choix de ne pas poursuivre sa carrière professionnelle pour se consacrer à 100% à sa progéniture.
Cette image de la mère épanouie dans les couches culottes a la vie dure. Edith Betsch, présidente de l’Union nationale des femmes actives au foyer soutient par exemple que:
«Les mères au foyer le sont avec plaisir, elles sont épanouies et heureuses. Si on leur donnait la possibilité de quitter leur travail, beaucoup de femmes resteraient à la maison.»
Mais les statistiques lui donnent tort. On sait aujourdhui que les mères qui restent à la maison par choix ne représentent quune minorité.
Mais peu importe, pour beaucoup, la maman au foyer restera plus valeureuse et méritante que la mère qui travaille.
Bien sûr, il existe des mères au foyer épanouies, mais rappelons tout de même quune étude de 2011 a conclu que les mères au foyer sont plus fréquemment victimes de dépression que celles qui travaillent.
Une mère au foyer américaine avait dailleurs décrit le phénomène en musique et de manière plutôt efficace..
Et les pères, cest du poulet?
Cest peut-être le problème le plus important de ce postulat: et les pères? En tout logique, si les mères exercent le plus beau métier du monde, les pères sont alors des sortes de stagiaires ou de contrats aidés.
A lexception de Barack Obama, on nentend jamais personne dire que les pères font le meilleur job de la Terre.
Personne na dailleurs jamais mené de sondage auprès des pères sur la question. Déifier la mère revient à dire quelle na pas besoin du père pour éduquer leur enfant puisquelle sacquitte très bien de la tâche toute seule. Cest renforcer le schéma archaïque «une maman, un enfant, un papa qui passe dans le coin de temps en temps».
Cest surtout entériner une situation inégalitaire qui na que trop duré: les tâches ménagères et familales sont encore aujourdhui majoritairement effectuées par les femmes et seuls 3% des homes prennent un congé parental.
Enfin, quid, des grands-parents, des enseignants, des amis, des nounous qui eux aussi participent chacun à leur manière au développement et à léducation de lenfant? A la formule «les mères font le meilleur job du monde», on peut opposer le proverbe africain qui dit qu«il faut tout un village pour élever un enfant». Oui, cest un proverbe cucul, mais au moins, celui-ci est vrai ».
Lire tout l’article:
http://www.slate.fr/france/80653/maman-plus-beau-metier-du-monde
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« A la formule «les mères font le meilleur job du monde», on peut opposer le proverbe africain qui dit qu«il faut tout un village pour élever un enfant». Oui, cest un proverbe cucul, mais au moins, celui-ci est vrai ».
En effet; rien à rajouter !
» Et les pères, cest du poulet ? »
Heu…des coqs, peut-être ? 😉
PS- Ah ! j’oubliais: je me suis dépatouillée avec 4 petits, sans l’aide du « père », et j’ai eu 3 autres avec un papa poule hyper présent: y a pas photo !!!!!!! :##