Violences : soigner lhomme violent
[ Selon Michela Marzano, philosophe, chercheuse au CNRS : « À la base de la violence il y a une crise existentielle profonde qui pousse lauteur à considérer la femme comme rien »
Quel est le profil de lhomme violent ?
Il sagit souvent dindividus qui nacceptent pas la « résistance » du réel, cest-à-dire le fait que parfois la réalité soppose à leur désir, que parfois les autres ne répondent pas exactement à leurs demandes. Ce qui les amène à vouloir forcer ce qui résiste, à vouloir plier ceux ou celles qui leur opposent un refus. Si lon analyse le cas particulier des violences sexuelles envers les femmes, lon se rend compte que les violeurs forcent leurs victimes à se plier à leurs exigences, sans prendre en compte leur refus. Ce qui devient possible à partir du moment où lautre nest plus pris en compte comme autre, et quil nest donc plus reconnu comme un être humain digne de respect : son « non » devient un « oui », car la seule chose qui compte est la volonté de celui qui exerce la violence. Les hommes violents sont souvent des individus qui narrivent pas à sinscrire dans le monde et dans la société de façon satisfaisante : à la base de leur violence il y a une crise existentielle profonde qui les pousse à considérer les autres, et notamment les femmes, comme « rien », peut-être aussi parce queux-mêmes narrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie, et narrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres (et notamment des femmes). La violence, de ce point de vue, apparaît comme le seul recours possible, comme le seul moyen pour simposer, en montrant ainsi à la société quil y a au moins les victimes de leur violence qui ont dû se plier à leur volonté et leur puissance.
Que peut-on faire pour lutter contre cette violence, comment tenter de la prévenir ?
Léducation peut jouer un rôle très important, en permettant aux individus de prendre une mesure des effets dramatiques que la violence peut avoir. De ce point de vue, il faudrait peut-être commencer par faire comprendre aux jeunes lexistence de limites, et leur montrer comment ces limites font partie de la condition humaine. Et cela, non seulement parce que lêtre humain est une créature « limitée » et « mortelle » (cest-à-dire un être qui nest pas tout-puissant), mais aussi et surtout parce que toute action humaine est limitée par la présence dautrui et par son désir qui peut ne pas correspondre aux attentes que lon a.
Autrui est toujours une limite à nos actions et à nos choix. Il existe une sorte dinfranchissable seuil qui nous sépare dautrui, sauf à ne pas reconnaître celui-ci comme semblable à nous et, dans un même temps, à détruire la possibilité de notre humanité au sein du monde. Le problème est cependant que, aujourdhui, on vit dans une société assez « clivée ». Dune part, on assiste à une dénonciation de la violence et à linstitution dune espèce dEtat de police ; dautre part, cet Etat de police utilise à son tour une violence qui nest pas moins extrême et qui ne prend pas du tout en compte lhumanité des coupables. Dune part, on assiste à la dénonciation de la violence des hommes vis-à-vis des femmes ; dautre part, certaines femmes, qui se disent féministes, proposent comme seule solution à la détresse féminine lutilisation dun contre-pouvoir féminin.
Existe-t-il selon vous une spécificité ethnique et culturelle de la violence masculine envers les femmes ?
Non. Surtout pas ethnique. À la limite, on peut reconnaître que certaines cultures favorisent la violence contre les femmes à partir du moment où elles ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains à part entière. Mais au-delà de ces spécificités culturelles, la violence intervient toujours là où lon ne prend pas en compte autrui comme ayant droit au respect et quon naccepte pas que lobjet de son désir puisse se soustraire à lenvie de le posséder, de lavaler, de le faire sien.
Pourtant certaines politiques publiques, mises en place récemment, tentent justement de répondre à cette problématique ?
Je crois que la tentative de résoudre le problème de la violence par une pénalisation toujours plus dure et plus violente des auteurs dactes de violence nest pas une réponse adéquate. Ce que lon fait, en effet, cest répondre à la violence par la violence, sans considération aucune du fait que les hommes violents sont des individus qui nont probablement pas pu développer chez eux ce que Freud appelle la « compassion ». Pour Freud, la compassion est lune des « digues psychiques » qui structurent la subjectivité des individus, une « digue » qui soppose à la « cruauté ». Or, les hommes violents sont des individus qui, en général, nont pas de compassion vis-à-vis des autres, et notamment des femmes. Car les femmes, à leurs yeux, sont souvent des « choses », des « objets » dont on peut disposer complètement. Non seulement la femme nest pas reconnue comme une semblable, comme une présence qui demande dêtre respectée en tant que sujet, mais elle nest pas non plus reconnue comme un être sensible : elle nest plus un « autrui » qui peut contester le pouvoir et la violence des hommes. Chercher à opposer à cette violence une autre forme de violence qui réduit les coupables en « objets » contre lesquels exercer une forme de vengeance ne peut contribuer quà laffirmation du principe selon lequel il y a des individus qui nont pas droit au respect que tout être humain mérite en tant quêtre humain.]
Propos recueillis par Guy Benloulou.
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» queux-mêmes narrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie, et narrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres (et notamment des femmes) ». Attention! Ils sévissent aussi, sur blog.fr : ils commencent par vous flatter journellement sur votre blog, puis par devenir agressifs devant votre relative « indifférence » ( dur, dur, de s’extasier sur des com débiles qui se veulent…Plein d’esprit!); qu’ils vivent comme un manque impardonable de reconnaissance de leur valeur, et passent à l’attaque avec des propos orduriers…
» contribuer à laffirmation du principe selon lequel il y a des individus qui nont pas droit au respect que tout être humain mérite en tant quêtre humain. » ?
Y a encore du boulot sur blog.fr !
Et dire que ce seront les « mêmes » qui se révolteront…Quand leur tour viendra…Ou celui d’un proche, dans la vie de tous les jours!
Comment? Eux ne le méritent pas ? On mérite TOUJOURS la société qu’on encourage, d’une manière ou d’une autre ! La violence de millions de mecs, saccage et détruit l’univers de millions de femmes et d’enfants dans le monde…Le mariage est une pure hérésie, pour des millions de gens: les frustrations affectives et sexuelles entre autres, les incompatibilités de genre,les désillusions abyssales qu’il engendre,etc…Transforment leur quotidien en enfer!
Bref! Soigner l’homme violent, de façon radicale ? Je connais bien un moyen…