… »Selon Aline Helg, l’apport majeur de Césaire reste toutefois ce Discours sur le colonialisme publié en 1950, un peu plus de dix ans après son retour en Martinique. «On n’a peut-être pas encore pris toute la mesure de ce texte, qui est fondateur à bien des égards», explique l’historienne. Sept ans avant la parution du célèbre Portrait du colonisé. Portrait du colonisateur d’Albert Memmi, Césaire y développe en effet une thèse qui est tout à fait neuve pour l’époque. En réduisant les colonisés au rang de bêtes sauvages, explique-t-il en substance, la colonisation a également transformé le colonisateur. Acceptant de renoncer à une part de son humanité, ce dernier s’est «ensauvagé», il s’est abruti, au sens premier du mot.
Un poison lent
Césaire poursuit son analyse en relevant que les Européens n’ont guère protesté devant les horreurs commises au nom de la colonisation (supplices, viols et massacres collectifs). C’est pourtant cet «ensauvagement», «cet orgueil racial encouragé» qui, en instillant un poison lent dans les veines de l’Europe, allait conduire à «Hitler et l’hitlérisme». «Césaire estime que, ce que la plupart des Européens n’ont pas pardonné à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, mais le crime contre l’homme blanc, précise Aline Helg. Le fait d’avoir appliqué à l’Europe des procédés dont ne relevaient jusqu’ici que les colonisés d’Algérie, d’Afrique subsaharienne, d’Asie ou de Madagascar.»
Quant à l’idée d’une éventuelle réparation, le poète martiniquais n’y croit pas. Il estime que les dommages subis sont si importants et étendus sur une si longue période qu’il est impossible de les chiffrer ou de revenir en arrière. Césaire préconise donc de travailler sur les mentalités, de transformer la vision que chacune des deux parties a de l’autre afin que l’irréparable ne se reproduise plus.
«Il n’est pas vraiment étonnant que ce discours reste aujourd’hui encore assez peu connu, ajoute l’historienne. C’est une position d’une telle radicalité, d’une telle violence dans ses implications pour l’Occident chrétien qu’elle reste très difficile à accepter, aujourd’hui encore. Césaire met en effet sur un pied d’égalité les crimes perpétrés contre les juifs européens par le nazisme et ceux que l’Europe a commis contre les peuples «de couleur» au nom du progrès et de la civilisation.»…(Extrait).
https://www.unige.ch/campus/campus91/dossier7/
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« Césaire met en effet sur un pied d’égalité les crimes perpétrés contre les juifs européens par le nazisme et ceux que l’Europe a commis contre les peuples «de couleur» au nom du progrès et de la civilisation.»…
Que rajouter de plus ?
On constate les séquelles de ces horreurs, entre autres, dans les: racisme décomplexé, « singe » proférés par des militants FN, barbaries policières et autres « bamboula » ?