kicékimconé Pro
vendredi, 11. déc, 2009 @ 06:24:30
» Tu vois je ne t’écris pas trop, mais je vibre à tes articles et commentaires comme tu peux t’en douter… cette semaine aussi difficile que d’hab, qd on veut ne pas se contenter de son petit soi… donc, à Vaulx-en-Velin, au resto du coeur… une mère de famille avec pas mal de mômes, particulièrement agitée, bouleversée, fatiguée, écoeurée… vient prendre qqs victuailles pour subsister… d’habitude, elle se plaint un peu des gosses… elle a du mal à les tenir… rien que de plus normal… les nôtres élevés avec plus d’attention ne sont-ils pas difficiles aussi de nos jours surtout où rien n’est plus sublimé que MESRINE par exemple … et donc cette fois cette dame ne vient pas avec sa grande de 15 ans… La petite est à l’hôpital… elle a été violée sans ménagement par tout un groupe… c’est banal, c’est habituel… ça a tjrs existé… ça d.rera… tjrs ?… que dire ? quand elle va sortir… comme bcp de victimes de ce genre, elle va croiser ses violeurs, ses copains peut-être en + ? va savoir … Tout le monde le saura et eux, vont en conclure que bon… c’est une fille facile…
Oui, je sais tu rues en lisant mon comm… je sais … mais tu vois, il y a des lieux, des gens qui ont pu peut-être espérer que « ça s’arrangeait » un peu dans les banlieues même si çacassait un peu parfois… mais c’est faux, on laisse tout se dégrader, les maisons de quartiers, les missions locales, tout se casse la gueule dans une indifférence monstrueuse et certains ici-même sur nos blogs se plaignent de la jeunesse…
Je ne voudrais plus être jeune aujourd’hui dans ces quartiers.
Autrefois, qd j’avais 7 ou 8 ans, je rentrais avec les grandes du certif (comme on disait). Dès l’hiver… à 17h30, de jeunes adultes 16/17/18 ans les attendaient … et les culbutaient sans leur consentement… on n’appelait pas ça encore « des tournantes », ça n’avait pas de nom… c’était ss doute moche… mais il y avait… comme quand même une sorte d’attention, je n’irai pas dire de tendresse non, mais c’était « encore » un tout petit peu humain… une autre petite et moi, on attendait sur le talus, on ne voyait pas vraiment, ça criait les premières fois, après, ça riait plutôt… je n’en aurais jamais parlé chez moi… non mais tu te rends compte ? !!! il y a la loi de la rue qui interdit cela !!! et dire que mes parents me faisaient ramener par ces gamines exposées elles-mêmes à ces actes…
Oui, le temps s’écoule mais rien ne s’arrange surtout dans les cités… à l’époque, on ne mettait qd même pas le feu à une jeune fille qui se refusait … enfin, il y avait ptetben les coups de couteau dont on a fait des chansons tristes…
Tout ça pour te dire que même si je ne t’écris pas… je reste mobilisée et qu’à mon tout petit niveau j’essaie au moins de consoler et de conseiller mais parfois je me demande si ce que je risque de conseiller ne conduira pas à d’autres excès.
Dur dur !
Bisous
Kim «
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J’ai une grosse boule dans la gorge et les yeux embués, quand tes mots m’éclatent dans la gueule. Tu comprends, quand c’est MOI qui en parle, je prends la « distance » suffisante pour ne pas éclater en sanglots et étouffer de rage, en même temps…
Chaque jour, quand je raconte toutes ces violences faites aux femmes QUOTIDIENNEMENT,SANS que RIEN ne CHANGE vraiment, au CONTRAIRE (!), je me sens dévastée par une impuissance douloureuse…
Ça y est, des larmes déboulent, pourtant je devrais être habituée, depuis le temps que je hurle ma peine et ma rage impuissante, pour toutes celles qui subissent les pires horreurs, et AUSSI, pour celles que l’on a fait taire à tout jamais…Dans une quasi indifférence planétaire…
Dur, dur…Je vais me laver de toutes ces saloperies dans mon lagon tiède préféré, et me ressourcer auprès de monamoureux, pour oublier un instant…Pour continuer à croire encore un peu, en l’HUMANITE du genre humain.
Merci pour ton témoignage violent…
Merci pour « ELLES »!
Bisous
PS- … Nous cheminons dans un cimetière bercé par le chant des vagues proches. C’est une douce matinée ensoleillée. Nous allons déposer des fleurs sur des tombes. Les frangipaniers fleuris embaument l’air. L’Hiver des Quatre Saisons de Vivaldi accompagne nos pas…Ô surprise! Des « disparues » nous sourient, assises sur la dalle froide de leur dernière demeure…
Après tout, rien de plus normal, puisqu’elles sont toujours vivantes dans nos coeurs…


