« Je suis athée, de culture musulmane et contre tout signe religieux.»…

Rayhana, ni dupe ni soumise
Lucie Soullier –
[…« J’ai failli être immolée, ici, en France », s’indigne-t-elle… Son crime ? Avoir écrit une pièce de théâtre, « A mon âge je me cache encore pour fumer », qui raconte l’histoire d’une jeune fille algérienne de 16 ans que son frère cherche à tuer, parce qu’elle est tombée enceinte. Dans le hammam où elle s’est réfugiée, les femmes la protègent et parlent. De leur condition, de leurs relations avec les hommes. Elles s’expriment librement. Et c’est à cause de cette liberté de ton que Rayhana pense avoir été agressée, il y a deux semaines.

Malgré cela, elle n’a pas interrompu les représentations : le soir même de son agression, elle était sur scène : « Je n’ai pas voulu arrêter de jouer. Ils auraient gagné en quelque sorte. Et puis le spectacle affichait complet ! » Un point sur lequel elle veut que les choses soient claires : « La troupe n’avait pas besoin de ça pour drainer le public ! Déjà avant l’agression, les articles étaient très positifs dans l’Huma et Libé. Dès décembre, Le masque et la plume avait fait de la pièce son coup de cœur… ».
« Au début, avec la troupe, on avait décidé de ne pas parler de l’agression jusqu’à la fin de la pièce. Mais j’avais peur qu’ils ne reviennent. Si la médiatisation a aidé à quelque chose, ce n’est pas à publiciser la pièce mais plutôt à assurer ma sécurité. Les deux hommes qui m’ont agressée auraient peur de revenir aujourd’hui, les conséquences seraient trop graves pour eux. J’ai quand même déposé plainte auprès de la brigade anti-terroriste… »

De Bertrand Delanoë à Eric Besson en passant par Fadela Amera et l’association « Ni Putes Ni Soumises », les manifestations de soutien ont été nombreuses. Du coup, Rayhana a craint que son histoire ne lui échappe et soit « récupérée » par les politiques. Elle a ainsi décliné l’invitation de la secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano. « La version officielle, c’était la fatigue. Mais en réalité, ce jour-là, il devait y avoir beaucoup de journalistes et je ne voulais pas que cette rencontre soit récupérée. Mais ça ne me dérangerait pas de la rencontrer en tant que femme. »

De même, lorsqu’Eric Besson l’a invitée à déjeuner, elle a préféré refuser. « En plein débat sur l’identité nationale et sur la Burqa, je ne préférais pas. D’autant plus que je suis tellement contre l’existence même de ce ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration… ». La burqa, elle en parle tout de même, trouvant l’idée d’une loi l’interdisant « ridicule » : « Je suis athée, de culture musulmane et contre tout signe religieux. Quand je suis arrivée en France, j’étais outrée par le nombre de femmes voilées. Mais on comprend vite le fond des choses avec ces poulaillers des cités… ». Elle se laisse aussi emporter par le thème de l’identité nationale, se sentant « plus française que certains Français » et s’enlisant parfois dans le politiquement correct : « la France m’a accueillie lorsque j’ai fui l’Algérie, après que deux personnes avec qui je travaillais ont été tuées. J’ai conscience de la chance que j’ai de vivre ici même si l’exil est très dur. J’ai été nourrie par les auteurs algériens mais aussi par Baudelaire et Rimbaud.»

Rayhana aime la France, mais elle a des choses à lui dire : « de plus en plus de jeunes partent en Europe rasés et reviennent barbus. Forcément, ils viennent dans un pays qui prône l’égalité et la fraternité et se rendent comptent qu’ils ne sont, finalement, que des « arabes » .
Source Marianne | Lundi 25 Janvier 2010 à 11:05
Marianne2

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Je suis athée, de culture catholique et contre tout signe religieux.