« L’érotisme au Moyen-Age » d’Arnaud de La Croix, philosophe et historien.
… » le phallus ou le vagin sont des objets de culte : une invention verbale sans égale les détaille infiniment. Une jouissance linguistique saccompagne dune grande propension au spectacle érotique »… »
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… » la sexualité des vilains, à lire les fabliaux, les préoccupe tout autant quelle travaille les guerriers ou les clercs. Ladultère est de mise, ici aussi, mais parce que les jeunes valets et surtout les prêtres apparaissent plus disponibles et plus amoureux que bien des maris. Sans parler de la taille de leur sexe : « Il la plus grand que vous navez et plus gros, sachez-le bien ! », fait remarquer lépouse de maître Picon à ce dernier.
Les femmes apparaissent, dans ces récits, insatiables. On peut y lire linfluence de lÉglise, qui les dit sources de toute luxure. Mais cet antiféminisme supposé se teinte aussi dune grande admiration, chez les auteurs de fabliaux, pour la stratégie féminine : veuve avide ou demoiselle qui prétendait ne pas entendre parler de foutre, épouses mal mariées ou délaissées, elles sy entendent merveilleusement pour parvenir à leurs fins. Et le mari jaloux figure ici comme ridicule, plutôt que victime.
Autant lacte sexuel proprement dit ne fait pas lobjet de longues descriptions ni de raffinements pervers, ainsi que le remarque Howard Bloch, autant le phallus ou le vagin sont-ils objets de culte : une invention verbale sans égale les détaille infiniment.
Cette jouissance linguistique saccompagne dune grande propension au spectacle érotique, « une source de plaisir aussi importante que lacte lui-même ». Un prêtre jouit de cocufier un mari devant les yeux de ce dernier dans « Le Prestre qui abevete ». Trubert sexcite de surprendre les jeunes suivantes de la duchesse se déshabillant devant lui, alors quil est travesti en femme. De même, il ne peut sempêcher de montrer son « grand vit » à un prêtre. Ou encore, un chevalier surprend trois fées au bain, avant de faire parler le cul dune comtesse devant sa cour assemblée.
Cette érotique du spectacle ne va pas sans rappeler le roi du « Lai de Graelent », qui exhibe chaque année sa femme nue devant lensemble de ses vassaux, conviés à louer sa beauté.
Si le Moyen Âge est une civilisation visuelle qui sattache au geste, au mouvement du corps, cependant lérotisme réside dabord dans le regard posé sur ces corps.
Le bain, où le corps de lun apparaît dévoilé aux yeux de lautre, est un motif récurrent des fabliaux, où il prélude à lacte sexuel, ce qui illustre le goût prononcé des hommes du Moyen Âge pour les étuves. Lon sy baignait et mangeait nus entre amants, tout en se livrant à des attouchements intimes au vu et au su des autres couples présents. »
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« Les femmes apparaissent, dans ces récits, insatiables. On peut y lire linfluence de lÉglise, qui les dit sources de toute luxure. »
Alors qu’en réalité, les mecs sont généralement soumis au diktat de leur petit « führer », pour la survie de l’espèce…paraît-il ! 😉