Au mois de juin 2006, je reçois dans ma boîte aux lettres , comme des milliers de Français, le journal de MDM, destiné aux donateurs et là, commence l’histoire de Pépéla…et moi !
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Source , Journal de Médecins du Monde destiné aux donateurs n°83 juin 2006 :
» Reportage Dans l’enfer des prisons malgaches
CONDITIONS DE DÉTENTION /
Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, la prise en charge de la santé en milieu carcéral diminue les souffrances de centaines de détenus, stigmatisés par la société. Reportage de Ariane Silvestri.
Photo : Lizzie Sadin
Jalousies, vengeances, délations, conflits d’intérêts fonciers et disputes familiales sont à l’origine de nombreuses détentions.
De Diego,10 h; après le poste de contrôle de la Maison d’arrêt, la porte s’ouvre sur trois cours rectangulaires à ciel ouvert, délimitées par des murs de 4 mètres de haut. La prison abrite près de 450 détenus dont 11 mineurs, 23 femmes et une enfant de 3 ans réunis dans un quartier à part. Quelques hommes discutent ou jouent aux cartes, d’autres cuisent du riz dans des marmites chauffées au charbon de bois. La plupart sont très maigres et vêtus de guenilles comme Sojaa, 17 ans, enfermée depuis quatre mois : «J’ai volé des canards parce que j’avais faim » explique-t-il. De 17h30 à 6h30, les détenus sont enfermés dans des dortoirs surpeuplés de 30 à 100 personnes chacun. Ils dorment sur des bas-flancs, des lits à deux étages en bois avec, au mieux, une natte pour seul matelas. À l’intérieur, une odeur âcre, mêlée de transpiration et d’urine. Dans la cour du fond, le gardien ouvre le cachot. Quatre « évadés repris » sont cloîtrés dans une cellule de 3m2.
UN SYSTÈME EN DÉROUTE
« Durant des décennies, le gouvernement s’est désintéressé de la justice et des prisons, explique Sylvie de Carheil, responsable de mission. Aujourdhui, 70% des détenus sont en attente de jugement. Les dossiers se perdent, on ne sait plus quand ils sont rentrés ni de quoi ils sont accusés. Dans le cadre d’une relance économique, d’un plan qui vise à instaurer une bonne gouvernance dans le pays, et d’une prise de conscience collective, l’administration pénitentiaire souhaite améliorer ces conditions carcérales déplorables.» «Notre programme, qui vise l’accès aux soins, le traitement de la malnutrition sévère et l’amélioration des conditions sanitaires de détention, a débuté en septembre 2005 en partenariat avec le ministère de la Justice malgache, au sein des maisons centrales de Diego-Suarez et dAmbanja. De plus, une enquête en cours, axée sur les femmes et les mineurs, servira de base de données pour témoigner sur le plan juridique».
DES PRISONS MOUROIRS
La mission approvisionne l’infirmerie des deux prisons en médicaments, avec l’appui dun médecin qui encadre et forme le personnel soignant. Chaque patient est pris en charge jusqu’à son retour de l’hôpital lorsque c’est nécessaire, car la gratuité des soins n’existe pas. Paludisme, infections respiratoires aiguës, diarrhées, gale et IST sont les maux les plus fréquents. En cause : la promiscuité, le manque d »hygiène et de nourriture. L’administration pénitentiaire fournit un repas par jour à base de manioc et de maïs, préparé par les détenus. Certains d’entre eux reçoivent aussi des vivres de leur famille. L’intervention des équipes a permis de réduire la malnutrition sévère de 4 à 2% grâce à l’apport d’une ration alimentaire et d’un suivi médical. De gros travaux de réhabilitation ont également été réalisés dans les deux prisons : installation de douches et de toilettes, mise aux normes des réseaux d’assainissement, réfection des cours, création d’un quartier de mineurs, agrandissement du quartier des femmes à Ambanja, etc. Le chaulage et la désinfection ont éradiqué, en partie, les moustiques, les punaises et les rats. Xavier Joubert, coordinateur général, conclut : « En 2005, une dizaine de détenus sont morts à Diego et à Ambanja. Depuis notre présence, il n’y a plus eu aucun décès. Nous espérons désormais développer notre action pour le droit à la santé dans d’autres maisons centrales situées dans le Nord. ».
« Je risque la perpétuité »
Lepela, 16 ans, est incarcérée depuis le 2 mai 2005 à la prison d’Ambanja
«À 13 ans, je me suis mariée par amour avec un homme âgé de plus de 30 ans. Il a commencé à me battre régulièrement. Un jour, il a voulu m’étrangler mais je me suis défendue avec un couteau. Depuis, je suis enfermée ici et je n’ai plus aucun contact avec mes proches. Le plus dur, c’est la nourriture. On mange du manioc à tous les repas. Les autres détenues partagent avec moi ce que leur famille leur apporte, peut-être parce que je suis la plus jeune ici. On manque aussi de vêtements, de savon et de distractions. Dans les chambres, la chaleur est insupportable pendant la journée et, la nuit, il faut se protéger des rats. Je toussais beaucoup, maintenant je vais mieux mais j’ai toujours très mal aux dents. Pour le moment, je n’ai pas encore été jugée et je ne sais pas où en est mon dossier. Personne ne me dit rien. Je sais que je risque la perpétuité mais je n’ai pas les moyens de me payer un avocat. »
(Journal destiné aux donateurs n°83 juin 2006)…
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…Je remue ciel et terre, à La Réunion et en France métropolitaine, en vain! Un responsable de MDM me répond qu’ils s’occupent du général et non des particuliers; je me suis désabonnée sur le champ. Et toutes les associations féministes et autres, me disent…d’aller voir d’autres responsables…même l’assoce des… Malgaches de la Réunion !
… j’ai fini par contacter un avocat de Diego Suarez par téléphone (annuaire), -une connaissance malgache m’avait donné son nom,- puis par mail; j’ai alors envoyé 600 euros sur le compte de son fils qui faisait des études à Bordeaux…… Le dossier de Pépéla était introuvable: il n’y avait aucun dossier à son nom ! L’avocat a dû se déplacer sur Mahajanga pour en faire ouvrir un…
Bref ! Après des années de cauchemar, Pépéla est libre aujourd’hui et je suis TELLEMENT heureuse ! Elle n’a pas été poursuivie pour meurtre, mais pour coups mortels; et sa détention a couvert sa peine.
J’ai réussi à joindre par GSM (ce n’est pas évident, vu l’état des télécoms à Mada ), des amis malgaches Gérard et Hélène, pour leur demander de…la retrouver d’abord; puis de s’informer de la possibilité d’une formation pour cette jeune femme.
Pendant son incarcération, j’avais envoyé des sous et leur avait demandé de la rencontrer ( difficilement, car il faut tout monnayer ), pour lui remettre des effets de toilettes, des protections féminines et autres urgences…
Les amis malgaches qui lui ont transmis les effets de toilette et autres, m’ont dit qu’en fait, on l’appelle ‘Pépéla’.
Bref! …UNE FEMME SAUVEE -provisoirement?!- de la VIOLENCE MACHISTE ! ET UNE ! :-))
NB- Article publié le 7 décembre 2008 sur mon ancien blog.