Une "mise en scène de la princesse Anne Sinclair" ?

Par Michel Maffesoli, sociologue:

« …une princesse qu’il faudrait plaindre

Anne Sinclair et ses amis forment une tribu, comme il y en a tant aujourd’hui, de celles qu’elle et ses amis vilipendent. C’est grâce à cette tribu qu’elle a pu résister à tant de malheurs et au lynchage médiatique. Que la communauté soit juive n’ajoute ni n’enlève rien à son efficacité protectrice. Une des nombreuses tribus de la société postmoderne, dans laquelle on se réfugie en cas de malheur…

…Et puis Anne Sinclair est femme. La première femme à la radio, la première femme avec une grande émission de télévision, on croirait entendre parler de Marie Curie. Comme l’émission faisait dans le genre conte de fées, on n’a bien sûr pas parlé des « autres grandes femmes médiatiques et politiques » de sa génération : Simone Veil, Christine Okrent, Michèle Barzach etc. Ni contextualisé son parcours professionnel : une émission qui fit jusqu’à 10 millions d’auditeurs, à une époque où il n’y avait que trois chaînes publiques.

Ce qui est plus intéressant, c’est le jeu double que mène Anne Sinclair avec sa féminité : revendiquée comme une sorte d’obstacle qu’elle dut franchir pour sa carrière, mais largement utilisée comme adjuvant à celle-ci même. Sa voix (justement pas d’un homme, mais belle pour une femme), sa beauté télégénique et par dessus tout, sa séduction des hommes. Qu’elle n’a pas eu peur d’enlever à une autre femme. On ne sait pas finalement à quoi Anne Sinclair tient : un premier mari, qu’elle quitte pour un fougueux amant avec qui elle s’amuse aux rendez-vous clandestins ; un second mari pour lequel elle abandonne son poste, mais dit-elle maintenant, sans partager son ambition ; on se demande d’ailleurs même si elle a un moment imaginé qu’il fût le meilleur, non pas pour être élu, mais pour diriger la France.

Et dès lors l’affaire DSK n’est plus qu’une vulgaire histoire d’adultère. C’est bien sûr ceci qui est obscène dans toute cette saga : l’amalgame même pas discuté fait entre une accusation de viol et celle d’un adultère, les soupçons de harcèlement sexuel et ceux de libertinage, voire les relations avec de prostituées et le viol de prostituées.

Anne Sinclair a une conception bourgeoise, voire petite bourgeoise des rapports sexuels : ils ne sont autorisés que dans le cadre strict de la monogamie et du mariage. Un mariage qui serait pour la vie.

Et au fond, peut-être est-ce cela le but de cette « mise en scène de la princesse Anne Sinclair » : nous prouver qu’il ne s’agissait que d’une banale histoire de midinette, une femme qui a cru que son mari serait fidèle, qui a cru qu’il obéirait à la prescription du père transmise par le premier mari (attention les féministes, qu’est ce que cette femme « confiée » par un homme à un autre homme, puis un autre…). Anne Sinclair serait une femme banale : riche, mais c’est sans importance, juive, mais non croyante, de gauche, mais sans conviction, belle, mais devant tout à son intelligence, intelligente, mais prête à abandonner son activité.

Une femme lisse, aux mains d’un monstre, tout sauf froid. Sauf qu’il donne l’impression d’être, comme les autres hommes d’ailleurs de l’histoire, une marionnette agitée par la reine Anne.

Ce qu’on aime dans les contes, ce sont bien sûr les personnages d’ogres, de géants, de Barbe-bleue. Blanche Neige réduite à jouer avec ses petits nains, voilà un conte bien ennuyeux.

Mais une analyse de la société postmoderne bien intéressante : la bataille d’une héroïne de la modernité, lisse, efficace, rationnelle et d’un « monstre » de la postmodernité, économiste et homme politique rationnel et surdoué dépassé par moments par ses pulsions, non seulement sexuelles, mais totales : DSK économiste à la ville et dépensier (au sens de la dépense de Georges Bataille) aux champs. Sa princesse n’a pas voulu l’y accompagner. C’est pourquoi l’histoire finit mal, en général. »

http://www.atlantico.fr/decryptage/anne-sinclair-france-2-portrait-princesse-qu-faudrait-plaindre-michel-maffesoli-1051052.html#socrfk1iFyuIPawK.99
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« Et au fond, peut-être est-ce cela le but de cette « mise en scène de la princesse Anne Sinclair » : nous prouver qu’il ne s’agissait que d’une banale histoire de midinette, une femme qui a cru que son mari serait fidèle, qui a cru qu’il obéirait à la prescription du père transmise par le premier mari (attention les féministes, qu’est ce que cette femme « confiée » par un homme à un autre homme, puis un autre…).

En effet !

« Ce qui est plus intéressant, c’est le jeu double que mène Anne Sinclair avec sa féminité  »

Ce n’est pas moi qui le dis !

Elle ne peut pas « y » croire: ce serait avouer tout son « échec perso », concernant « l’affaire »(!) avec Mme Diallo et avec DSK !

Une « mise en scène de la princesse Anne Sinclair » ?

C’est ce que je pense aussi !

Cool !…ce n’est que MON opinion…

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Auteur : Tingy

Romancière féministe : je viens de publier " Le temps de cuire une sauterelle " :-)) Et de rééditer : "Le Père-Ver" et "Le Village des Vagins" (Le tout sur Amazon) ... et peintre de nombreux tableaux "psycho-symboliques"... Ah! J'oubliais : un amoureux incroyable, depuis 46 ans et maman de 7 "petits" géniaux...

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