« Quand les parents de ma mère conduisaient leurs enfants à lécole, ils recommandaient au maître de ne pas hésiter à corriger les marmots. Aujourdhui, nous savons que les normes scolaires ne sont soutenues ni par les familles, ni par la société, mais sont au contraire lobjet permanent du soupçon et de la contestation« .
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Par Patrick Fauconnier:
« Pour l’historienne Mona Ozouf, l’école de Jules Ferry, c’est fini.
En réponse à un article de lacadémicien Marc Fumaroli titré « Un nouveau Jules Ferry ne serait pas de trop », Mona Ozouf a stigmatisé une « connaissance incertaine de lhistoire » doublée dune « illusion ». Et a ironisé sur le fait que Jules Ferry, idole traditionnelle de la Gauche (François Hollande a déclaré placer son quinquennat sous sa bannière) est maintenant constamment invoqué par la droite qui réclame un retour « aux valeurs oubliées de lécole républicaine »…
…Quand les parents de ma mère conduisaient leurs enfants à lécole, ils recommandaient au maître de ne pas hésiter à corriger les marmots. Aujourdhui, nous savons que les normes scolaires ne sont soutenues ni par les familles, ni par la société, mais sont au contraire lobjet permanent du soupçon et de la contestation…
…lécole de Ferry était « la principale, sinon lunique institutrice de la nation ». Aujourdhui, elle ne peut plus prétendre à cette situation dominante : le savoir vient aux jeunes par bien dautres canaux. La révolution numérique met à disposition tous les savoirs immédiatement et sans contrainte, « même pas lobligation de retenir ». Voilà qui « déboulonne la figure du maître et du professeur. Et cela conduit même à se demander si entre ce type dacquisition des savoirs et celui de lécole républicaine, qui véhiculait des valeurs deffort et de patience, il ny a pas une incompatibilité radicale « …
…Ferry était détesté
Mona Ozouf rappelle enfin ce fait aujourdhui largement méconnu, à savoir que, de son temps, Ferry fut détesté au point davoir été molesté dans la rue et victime dune tentative dassassinat. « Ce fut un des hommes les plus haïs de notre vie politique, dune haine à coté de laquelle nos « bashings » daujourdhui font piètre figure ». On laccusait davoir affamé les Parisiens lors du siège de Paris en 1870, davoir chassé Dieu des écoles, et on soupçonnait son école, dans les années 1880, dêtre le moyen mis en oeuvre par la bourgeoisie pour renforcer la domination des nantis. Du Bourdieu avant lheure. On parlait même de « dressage des individus » et de « génocide culturel » en raison de la vision nationale qui était la sienne avec limpact des mêmes programmes pour tous, renforcé par luniformité de bâtiments scolaires ressemblant à des casernes. Enfin, il se heurta de front avec Clémenceau, qui lui reprochait avec véhémence la nature idéologique de son engagement dans laventure coloniale »…(Extraits).
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« Quand les parents de ma mère conduisaient leurs enfants à lécole, ils recommandaient au maître de ne pas hésiter à corriger les marmots. »
Exact !!!
Je me souviens de Mme Boyer, ma première directrice d’école(célibataire endurcie), qui m’avait dit lors de ma première journée d’enseignante(j’avais 19 ans) -en me tendant une boîte de craie et un carnet d’appel d’un air désabusé,- « ils » attendent de nous que l’on remplace l’autorité parentale, et aussi que l’on soit infirmière, assistante sociale et …psy ! :##
J’ai pour ma part, souvent « remplacé » l’autorité du père absent, détecté la gale, tenté d’éradiquer les poux, soigné des bobos purulents abandonnés à leur sort, encouragé des mères dépassées par la pauvreté et des grossesses nombreuses assumées seules, réconforté des pères déconcertés par le léger handicap mental* de leurs fils…(Obtention du CAEI*, possible seulement après 5 ans d’exercice en Primaire)
Cela n’avait absolument rien d’exceptionnel, et généralement, les parents
nous gratifiaient de leur confiance et de leur…respect !
Autres temps autres murs ?
La politique des différents ministères de l’éducation a également permis, si je puis dire, la dissolution de l’enseignement par lui-même, ou mieux exprimé, en voulant se retirer à la marge, l’éducation a contribué à sa propre marginalisation… Ceci en plus des causes évoquées dans le texte…
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» en voulant se retirer à la marge »
Je ne saisis pas bien ce que tu entends par « marge » ?
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En se dégageant des missions d’instruction civique par exemple…
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Tu trouves, toi aussi ?
Super ! 😉
Certains pensent -à tort- que c’était ringard en effet :##
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La morale et la citoyenneté s’apprenaient à l’école, dans le temps.
Les parents de ces enfants dont la conduite est inqualifiable, sont la première génération a ne plus avoir bénéficié de l’éducation de ces principes par les « hussards noirs de la république ». On voit le résultat. Il faut que les enfants acquièrent cette envie d’appartenir à un groupe, le groupe des élèves de la classe, puis après, le groupe de l’environnement extra-scolaire avec le savoir vivre-ensemble qui va bien avec. C’est le point de départ du respect de la liberté des autres et des limites que l’on s’impose à soi-même…
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En fait les cours de morale étaient l’équivalent laïc du catéchisme, mais avec Dieu en moins. Apprendre le bien et le mal, était-ce si ringard ? C’était plutôt très bien. Et plus cela est enseigné précocément (au moment où les gamins sont malléables et n’ont pas pris les velléités des ados), mieux c’est.
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« En fait les cours de morale étaient l’équivalent laïc du catéchisme, mais avec Dieu en moins »
« Dieu », je ne sais pas mais sans…AUCUNE religion, sûr est certain 😉
Je l’écrivais sur le tableau noir, juste au-dessous de la date du jour !!!
« au moment où les gamins sont malléables et n’ont pas pris les velléités des ados »
Exact !
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Sans religion : c’est ce que je voulais dire… Mais avec un tronc commun de morale qui est le même.
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Nous n’avons pas besoin de religion pour un vivre – ensemble en paix
Mais les principes moraux (qui n’ont rien à voir avec le…péché!),
sont absolument incontournables !
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Je te laisse apprécier ce petit « souvenir » de : Robert RIOU
Instituteur retraité: « Une leçon de morale à lécole primaire
dans les années 60 »
… »On racontait dabord une histoire tirée dun recueil de contes moraux. Ensuite, on posait
des questions pour sassurer que les enfants avaient bien compris le sens de lhistoire et
lentretien se poursuivait pour obtenir des enfants la leçon de morale qui allait en devenir la trace écrite »…
La suite ici : http://www.ihes.fr/~lafforgue/textes/HistoireMoraleEcolePrimaireAnnees60.pdf
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C’était chouette… Jusqu’au jour où un ministre à la con est venu foutre sa merde dans lÉDUCATION nationale…
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« C’était chouette… Jusqu’au jour où un ministre à la con est venu foutre sa merde dans lÉDUCATION nationale… »
Dans la société tout entière, serait plus juste !
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» On laccusait davoir chassé Dieu des écoles » Rien que pour cela vous devez bien l’aimer, Jules Ferry…
Je relis Zadig de Voltaire. Puis-je vous adresser un conte qui vous plaira surement:
» Zadig remontra à Sétoc combien cette horrible coutume était contraire au bien du genre humain ; qu’on laissait brûler tous les jours de jeunes veuves qui pouvaient donner des enfants à l’État, ou du moins élever les leurs ; et il le fit convenir qu’il fallait, si on pouvait, abolir un usage si barbare.
Sétoc répondit : « II y a plus de mille ans que les femmes sont en possession de se brûler. Qui de nous usera changer une loi que le temps a consacrée ? Y a-t-il rien de plus respectable qu’un ancien abus ? La raison est plus ancienne, reprit Zadig. Parlez aux chefs des tribus, et je vais trouver la jeune veuve. »
II se fit présenter à elle; et après s’être insinué dans son esprit par des louanges sur sa beauté, après lui avoir dit combien c’était dommage de mettre au feu tant de charmes, il la loua encore sur sa constance et sur son courage: « Vous aimiez donc prodigieusement votre mari ? lui dit-il. Moi ? point du tout, répondit la dame arabe. C’était un brutal, un jaloux, un homme insupportable ; mais je suis fermement résolue de me jeter sur son bûcher. II faut, dit Zadig, qu’il y ait apparemment un plaisir bien délicieux à être brûlée vive. Ah ! cela fait frémir la nature, dit la dame ; mais il faut en passer par là. Je suis dévote ; je serais perdue de réputation, et tout le monde se moquerait de moi si je ne me brûlais pas. »
Zadig, l’ayant fait convenir qu’elle se brûlait pour les autres et par vanité, lui parla longtemps d’une manière à lui faire aimer un peu la vie, et parvint même à lui inspirer quelque bienveillance pour celui qui lui parlait. « Que feriez-vous enfin, lui dit-il, si la vanité de vous brûler ne vous tenait pas ? Hélas ! dit la dame, je crois que je vous prierais de m’épouser. »
Zadig était trop rempli de l’idée d’Astarté pour ne pas éluder cette déclaration ; mais il alla dans l’instant trouver les chefs des tribus, leur dit ce qui s’était passé, et leur conseilla de faire une loi par laquelle il ne serait permis à une veuve de se brûler qu’après avoir entretenu un jeune homme, tête à tête pendant une heure entière. Depuis ce temps, aucune dame ne se brûla en Arabie.
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» Depuis ce temps, aucune dame ne se brûla en Arabie. »
Tu en es sûr et…certain ??? 😉
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Je crois que l’auteur – Voltaire – aura du mal à vous répondre.
Quant à moi, Zadig, je n’ai fait que raconter un conte qu’il avait inventé.
Ne trouvez-vous pas sa chute savoureuse ? Une heure en présence d’un jeune homme avenant suffit pour redonner à la veuve éplorée le goût de la vie! (Moi, homme, je l’aurait retrouvé, en présence d’une jolie jeune femme, au bout d’une minute …)
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P.S. Je relis cet extrait de Voltaire et je m’aperçois qu’une fois sorti du contexte, on ne voit pas l’implication religieuse de la coutume des femmes indiennes de s’immoler sur la tombe de leur mari. Évidemment, si ces pauvres femmes ne croyaient pas en une vie heureuse et éternelle dans l’au-delà, elles n’auraient pas pu accepter un tel sacrifice.
Le conte se poursuit par la description d’une dispute de croyants de diverses religions dont chacun considère la sienne comme la seule juste. Zadig trouve une astuce pour, à la fois, arrêter la querelle et démontrer l’absurdité des rites pratiqués par ces dévots.
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P.S. Je relis cet extrait de Voltaire et je m’aperçois qu’une fois sorti du contexte, on ne voit pas l’implication religieuse de la coutume des femmes indiennes de s’immoler sur la tombe de leur mari. Évidemment, si ces pauvres femmes ne croyaient pas en une vie heureuse et éternelle dans l’au-delà, elles n’auraient pas pu accepter un tel sacrifice.
Le conte se poursuit par la description d’une dispute de croyants de diverses religions dont chacun considère la sienne comme la seule juste. Zadig trouve une astuce pour, à la fois, arrêter la querelle et démontrer l’absurdité des rites pratiqués par ces dévots.
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« l’implication religieuse de la coutume des femmes »
Religions, coutumes, traditions, croyances* ?
Crocodile ou alligator ? ? ?
Caïman la même chose* pour les femmes !!!
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