Source : Saint-Denis de la Réunion (France) (AFP)
… » La réserve « garde-manger »
Lorsque le débat souvre sur laccroissement récent et incontesté de la population des squales aux abords des côtes réunionnaises, les avis sopposent sur ses causes : les uns pointent du doigt le rejet dans la mer des eaux usées de zones de plus en plus urbanisées. Dautres mettent en cause la « Réserve naturelle marine de La Réunion » créée en 2007, une bande littorale maritime de 40 km de long, dans laquelle la pêche est désormais, soit interdite, soit strictement réglementée. « Cette réserve est devenue le garde-manger des requins », déplore un surfeur. « Ils se sédentarisent là où ils savent pouvoir se nourrir ».
Une autre cause fait lunanimité : larrêt de la pêche professionnelle au requin. Dabord en 1999 quand sa commercialisation, dans lîle, a été interdite puisque lanimal était suspecté dêtre contaminé par la ciguatoxine, à lorigine de graves intoxications alimentaires. Puis, en 2004, une seconde interdiction de pêche a visé ceux qui faisaient commerce des ailerons des squales.
Flipper le requin
Les solutions envisageables à la « crise requins » donnent, elles aussi, lieu à polémiques.
Le représentant de la Fondation Brigitte Bardot, Didier Derand, conteste en justice les prélèvements décidés par le préfet. « Cest lONG Sea Shepherd influente internationalement qui reprend le dossier, parce quil faut une sensibilisation mondiale contre le massacre organisé des requins ».
Selon Sea Shepherd, pas moins de 100 millions de requins sont tués chaque année dans le monde, notamment par la pratique qui consiste à leur couper les ailerons alors quils sont encore vivant. Pour lONG, la pérennité des populations est en danger et cela menace la stabilité des écosystèmes marins.
De son côté, le conseil régional de La Réunion se dit prêt à financer des ballons aériens, équipés de caméras de surveillance et de moyens dalertes, lorsquils détectent des mouvements dans leau. La commune de Saint-Paul opte pour les drumlines, des pièges fixes immergés, équipés dhameçons.
Un retour dans les assiettes ?
Surfeurs et usagers du body-board refusent dêtre sacrifiés sur lautel de la défense environnementale. « Il faut arrêter avec ce lobbying mondial qui prône la protection du requin », sinsurge Jean-François Nativel, secrétaire général de lassociation OPR (Océan Prévention Réunion). « On est dans lère de Flipper le requin ! Il faut lever les tabous et faire revivre la tradition davant les interdictions de pêche. Il faut revenir à la pêche, et remettre le requin dans les assiettes réunionnaises. Le requin doit être considéré comme un poisson ».
Actuellement en négociation avec le préfet, sur le montant de lindemnisation allouée aux pêcheurs agréés pour capturer les 90 spécimens tigres et bouledogues, destinés aux études scientifiques concernant la ciguatera, le président du comité régional des pêches, Jean-René Enilorac est dubitatif. « Même si le risque ciguatera est levé, je ne suis pas sûr que les Réunionnais dégusteront de nouveau du requin. Qui acceptera de manger un poisson, en imaginant quil a peut-être dévoré un humain ? »
Orange Réunion.
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De tout temps, la Réunion a vécu avec la… »menace requin »
Mais jamais, on n’a vu comme aujourd’hui, un « accroissement récent et incontesté de la population des squales aux abords des côtes réunionnaises »
« La réserve « garde-manger » serait-elle incontestablement en cause,
et des hommes ont-ils joué aux apprentis sorciers,
avec les conséquences que l’on sait ?