« Maintenant, quand on va à la banque, on nous offre une chaise ! »
« Avant, ce champ était plein de taons, maintenant 15 femmes y cultivent des légumes, du riz et du maïs », explique Ursula Nathan, de lassociation indienne Trust Rural Development (TRD), partenaire de Frères des Hommes. Il y a 10 ans, deux militants des droits sont venus les rencontrer. Voyant la part importante du budget nourriture dans leurs dépenses, ils leur ont proposé de former un groupe, dépargner chacune 50 roupies par mois afin dacquérir ensemble un terrain à cultiver. « Nous leur avons répondu non ! » racontent les 15 femmes. Ce projet ne pouvait pas marcher, pensaient-elles. La banque leur refusait même un tout petit emprunt, alors acquérir un champ !
« Maintenant, quand on va à la banque, on nous offre une chaise ! »
…Grâce à un contrat de crédit-bail
Pourtant, à force de discussion, les femmes se sont laissées convaincre par les deux militants de tenter laventure. En 2000, elles se sont lancées et ont acquis un champ grâce à un contrat de crédit-bail. « Le préfet du district de lépoque était un homme bon et humain, il a donné laccord à ces femmes alors que dautres auraient sans doute dit non », précise Ursula.
On répartit équitablement les récoltes
Depuis 10 ans, chaque récolte est divisée équitablement entre toutes les femmes qui lutilisent pour leur consommation personnelle. Parfois, elles vendent les surplus, ce qui leur permet davoir un petit revenu même si elles doivent souvent travailler à côté pour subvenir à lensemble des besoins de leur famille.
Rien n’est pourtant facile…
Tout nest pas facile pour autant. Elles doivent sans cesse se battre pour conserver leur titre de propriété et nexploitent quune partie de leur terrain, car elles nont pas encore pu mettre en place un système dirrigation sur lensemble du domaine. Dernièrement, la pompe de leur forage a cassé
« Ce nest pas facile de lier cette activité avec le travail de maison », continue lune delles. « Mais maintenant, quand on va à la banque, on nous offre une chaise ! » Une phrase qui en dit long sur leur confiance gagnée
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Pourquoi cet engagement aux côtés des femmes ?
En Inde, la plupart des femmes sont illettrées et ne sont pas autorisées à sortir hors du cercle familial pour des activités communes. Elles ont peu de droits, que ce soit dans leur famille ou dans la société. Les femmes gagnent de largent qui est ensuite dépensé pour les besoins de la famille et elles nont pas le droit de le dépenser pour leurs besoins personnels Les femmes sont les plus touchées par les violences domestiques, cest un problème récurrent auquel elles doivent faire face partout en Inde ! Nous croyons que ces problèmes peuvent être résolus notamment par le renforcement du rôle économique des femmes.
Comment avez-vous procédé pour aider les femmes à sémanciper ?
Au début, nous avons utilisé léducation populaire comme moyen datteindre ces populations. Ce processus éducatif a permis aux femmes de prendre davantage de pouvoir dans la vie sociale et de semparer des problèmes auxquels devaient faire face les populations locales. Nous avons ainsi commencé à travailler avec les femmes et les enfants, et les femmes se sont engagées dans des sangam (groupes) qui ont évolué plus tard en mouvement de femmes. Ces groupes les ont aidées à mutualiser leurs économies afin de renforcer leur pouvoir économique et des femmes ont ainsi obtenu, non sans difficulté, des baux pour des terres. Ainsi, avec ce genre dengagement et latteinte dune stabilité financière, les femmes ont eu assez de force pour soulever leurs problèmes au niveau local mais aussi en dehors du district.
Comment avez-vous intégré les hommes dans ce processus ?
Quand les femmes ont commencé à donner de la voix contre les violences dont elles étaient victimes et à sagiter contre les inégalités hommes-femmes, les hommes des villages nous ont perçu dun mauvais il et ont cru que nous voulions monter leurs femmes contre eux ! Nous avons donc également travaillé avec les hommes, et les formations que nous leur proposons sur lagriculture prennent en compte laspect social qui leur permet petit à petit de prendre conscience des discriminations dont les femmes sont victimes.
Quelles ont été pour vous les principales difficultés ?
En tant que femme, jai dû faire face à beaucoup de problèmes pour constituer une ONG. Jai dû beaucoup voyager et parfois les situations exigeaient que je reste physiquement dans certains endroits. Là, lamour et le soutien de ma famille mont manqués. Jai aussi dû faire face à beaucoup de tensions et de stress. Notre engagement sur différentes activités et particulièrement celles liées aux femmes demande beaucoup de temps et dénergie. Ce nest pas quelque chose qui se fait en une seule fois ! Cest un travail quotidien.
Quel message souhaitez-vous faire passer à titre personnel ?
Chers amis, vous devez essayer de mener votre société, votre pays sur la voie de la paix et de lentraide. Le développement lui-même doit être construit avec le consentement de tous les peuples du monde. Nous ne devons pas accepter un développement qui se concentre seulement sur une minorité de personnes ou de pays !
Source: extrait d’articles parus en Avril et Juillet 2009 et en février 2010 dans « Résonances », mensuel dinformations citoyennes réalisé par des jeunes militants de l’association
« Frères des Hommes » .
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« Nous ne devons pas accepter un développement qui se concentre seulement sur une minorité de personnes ou de pays !. »(Ursula Nathan).
Il faut que des millions de machos de par le monde revoient leur copie : le pouvoir de DECIDER de ce qui est BON pour les femmes ne leur APPARTIENT pas.
Qu’ils s’occupent déjà à régler au mieux les désordres, les injustices et les violences commises par leur
testostérone dévoyée
Et qu’ils laissent les femmes se débrouiller LIBREMENT: elles n’ont plus à démontrer leur incroyable capacité à
porter à bout de bras leur famille, en Afrique et ailleurs…
… » elles doivent souvent travailler à côté pour subvenir à lensemble des besoins de leur famille. »
…« Ce nest pas facile de lier cette activité avec le travail de maison », continue lune delles.
Et entendu dans le reportage sur « Télé matin » de la 2 : » Les hommes mangent en premier, après ce sont les
enfants et s’il en reste c’est pour les femmes »
Sacrées nanas : RESPECT !!!
