( Une erreur l’a fait paraître en « caché » !)
(Fusain: « Machisme? Beurk! »)
… [ Aujourdhui, il est rare quon soppose publiquement au principe dégalité des sexes. Il passe pour un acquis tellement consensuel quil ny a plus rien à ajouter. Pensée magique. Prétendre allez plus loin et mettre le principe en pratique provoque un regard vide. Quest-ce quelles veulent encore ? Puisquon est tous daccord ! Même que les femmes, on les adore ! Affaire classée. Mettre le sujet sur le tapis, cest comme affirmer que la Terre est ronde. Il fut un temps où cétait subversif. Aujourdhui ça passe pour tellement évident que cest dépassé.
Sauf que non. Pas évident, pas dépassé. Le principe dégalité continue à fabriquer de linégalité à tour de bras. La preuve, on la tous les jours depuis quune femme, est en position éligible. Nous sommes en 2007 et cest la première fois ! Depuis un siècle et demi de république ! Comme dit la pub, toutes les premières fois sont difficiles. Là, manifestement, le corps social fait une poussée allergique. La confrontation entre principe et réalité, ça fait mal !
On peut, on doit même, critiquer, contester, débattre. Cest à ça que ça se reconnaît, une démocratie… Encore faut-il, dans un contexte électoral, que ce soit des idées quon agite. Des idées politiques et sociales, autant que possible. La simple apparition de Ségolène Royal a entraîné un tsunami de réactions. Les unes sattaquent à ses prises de position. Une minorité, digne de débat. Les autres sattaquent à sa légitimité. Une majorité, symptomatique du malaise dès quon passe du principe qui donne bonne conscience (pas de différences entre hommes et femmes) à la réalité qui inquiète (quest ce quelle fout là celle-là ?). On décline ainsi toute une variation sur le même thème… Marianne, oui, Ségolène, non. En principe, oui. En vrai, non. En voici quelques exemples, non exhaustifs…
« On va quand même pas voter pour elle juste parce que cest une femme ! » Outre que personne na demandé à personne de voter pour elle juste parce que cest une femme , personne na non plus noté que ça fait cent cinquante ans quon vote pour des hommes parce que cest tout ce quil y avait en rayon. Vous dîtes ? Yavait des différences entre eux ? Yavait le choix ? Ben ya quà donner le choix ! Facile ! Suggestion pour lUMP : choisir une femme ! Non ? Cest vrai quils préfèrent payer des amendes plutôt que de faire voter pour des femmes ! Juste parce que cest des femmes ? Ça marche que dans un sens alors… Ya des moments, jai du mal à suivre…
« Elle est pas compétente ». Je me souviens que Balladur ne connaissait pas le prix dun ticket de métro et que Giscard ignorait celui dune baguette de pain. On en déduisait que ces grands bourgeois étaient loin du quotidien, mais pas quils étaient incompétents. Mitterrand ny connaissait rien en économie. On en déduisait quil était plus près des grands principes que des réalités. Pas quil était incompétent. Ségolène, elle, nest pas à la hauteur paraît-il. Elle sait même pas combien on a de « sous-marins-nucléaires-lance-engins » ! Oh la nulle, elle est nuuuulle ! ! Si elle le savait, on dirait quelle est laborieuse, quelle a tout appris par cur mais quelle est pas brillante… On pense à la fameuse phrase de Françoise Giroud : « La femme serait vraiment légale de lhomme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » ? (journal Le Monde – 11 Mars 1983). Car la question ne se pose pas pour ses concurrents. On les critique, certes, mais pas sur le mode condescendant que se permet le moindre plumitif inconscient de ses archaïsmes mentaux. Le message est toujours le même. Il ny a pas si longtemps, des malades refusaient dêtre opérés par une chirurgienne, des passagers descendaient de lavion sils apprenaient que le pilote était une pilote. Les limites imposées aux femmes reculent, les préjugés changent de place mais restent en létat. La même phrase, prononcée par un homme ou une femme nest pas perçue de la même manière. Il ny a pas de masculin à Bécassine. Des bourdes, ils en font tous, à longueur de temps. Si cest un homme qui fait une bourde, celle-ci est isolée de celle qui la précède et de celle qui la suit. Il reste lui même. Cest tout. Si cest une femme, la bourde quelle fait la transforme en gourde quelle est. Nuance. Vous trouvez que jen rajoute ? Vous en voulez une, de bourde, que personne na relevé à ma connaissance ? Ça se passe sur TF1 le 5 février. Nicolas Sarkozy, à une question sur louverture des magasins le dimanche, répond (à peu près, je cite de mémoire mais le sens y est) : « il faudrait que les magasins ouvrent le dimanche parce que les femmes nont pas le temps de faire LEURS courses en semaine puisquelles ont déjà leur boulot, les tâches ménagères, les devoirs des enfants, etc… » Cest pas de la belle bourde, ça ? Elle est pas rutilante, à lheure de légalité affirmée ? Elle aurait pas mérité de soulever des questions ? Apparemment non. On va pas souiller limage dun véritable homme dÉtat avec des considérations sur la double journée de la domesticité. On pourrait peser limportance respective du travail des femmes et du nombre de sous-marins-nucléaires-lance-engins-qui-ne-lancent-jamais-rien. Parions quon ne le fera pas. Sarko, on lui pose pas ce genre de question. Il est dispensé de CAP de président parce quil lui manque une patte au chromosome.
Variations sur le même thème : « Elle a pas la dimension. Elle a pas la carrure. Elle a pas la force. Elle a pas létoffe. Elle a pas les épaules. Elle a pas la voix… » Disons le tout net, elle a pas les couilles ! Et ça déroute… A force de ne voir, depuis des millénaires, que des hommes lexercer, le pouvoir est aussi sûrement associé à la virilité que la sardine à lhuile et le chou à la crème. Les hommes y sont chez eux, ils baignent dedans. Cest leur milieu naturel. Et la République leur domaine réservé. Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennent pourtant que la stature apparaît avec la fonction. Avant de devenir président, Mitterrand avait une image vieillotte, limite ringarde, de politicien de la IVème république. Chirac, lui, passait pour une sorte de gangster opportuniste limite dangereux, fan de tête de veau et de louches officines. Gageons quils auraient gardé ces images sils navaient pas été élus à la « fonction suprême » qui permet, tatsoin, de réécrire lhistoire à posteriori.
« Elle a pas un bon taux de présidentiabilité (sic…) » Variante technocratico-cornecul de la précédente. Traduction : elle a pas un bon taux de testostérone. Cherchez pas plus loin, ya pas plus loin. On est au top.
« Elle est pas outillée » Ben voilà ! Fallait oser ! Roger Hanin, beauf suprême
déjà ébouriffant dans sa nostalgie du bordel dAfrique du Nord, qui est aux femmes ce que la plantation coloniale est aux Noirs, a au moins le mérite dexprimer clairement ce que dautres emballent dans le fumeux. Cest quoi, au juste, loutil dont Ségolène nest pas pourvue ? Demandez à Glucksman, Bruckner, Finkielkraut, Gallo, Benhamou et autres transfuges… Eux, ils savent.
« Elle fait la fille ». De très loin la palme de la tartuferie. Ségolène dénoncerait les effets du machisme ambiant sur sa personne et sur sa candidature, mais elle jouerait de sa féminité, sans scrupule ! Décryptons : être une femme est un désavantage, faudrait pas que ça se transforme en avantage ! Voilà qui serait scandaleux ! Nos vertueux défenseurs des valeurs républicaines veillent au grain. Elle a pas le droit ! Elle a des arguments que les autres nont pas ! Elle est belle ! Elle sourit ! Elle met des jolis petits habits ! Gageons que si elle la jouait austère, tailleur strict et col roulé on la trouverait puritaine, prude et coincée… Quune femme de pouvoir dissimule sa féminité et on la traite de mec. Quelle la laisse voir et on la traite comme une gonzesse. Pile tu perds, face tu gagnes pas, un petit jeu dont on ne se lasse pas. Elle fait la fille, faut pas quelle sétonne dêtre attaquée. Ça me rappelle quelque chose. Elle est en mini jupe, faut pas quelle sétonne dêtre agressée. Quel que soit son statut, une femme reste coupable de lanimosité quon lui oppose.
« Elle joue les victimes » : Le grand mot est lâché ! Victime ! Si cest dun cambriolage ou dun accident de la circulation, on peut le revendiquer. Mais si de près ou de loin on a lair de suggérer que cest de discrimination sexiste quil sagit, censure immédiate ! La presse reprend le terme à tort et à travers, dénonce cet abus qui consisterait à « jouer les victimes » à « se poser en victime ». Victime de quoi, sindignent-ils ? Comment pourrait-on être victime de quelque chose (le sexisme) qui nexiste pas ? On a inventé le mot « victimisme » pour discréditer la parole de celles qui osent élever la voix contre des violences quon ne reconnaît quune fois par an, le huit mars, pour mieux les passer sous silence le reste du temps.
« Elle est autoritaire ». A priori, lautorité, quon qualifie volontiers de naturelle, a toujours fait partie de léquipement minimum du leader politique. On imagine mal un dirigeant donnant dans la timidité, voire lhumilité… Mais si le dirigeant est une dirigeante, lautorité devient un défaut. Pour illustrer cette idée, on passe une séquence où Ségolène demande à un journaliste dattendre quelle ait fini de parler pour poser sa question. Il la interrompue au milieu dune phrase, alors quelle sadressait à quelquun dautre. Ségolène lui parle de respect. Commentaire des journalistes : elle est sèche, cassante, elle fait sa maîtresse décole. Sourions au passage de constater que limage d « autorité » dune femme ne renvoie pas à un général ou à un chef de bande, mais à une maîtresse décole ! On en est là… Il a été prouvé maintes fois, par des études en tout genre, quune femme qui prend la parole a beaucoup plus de risques dêtre interrompue avant la fin de son propos quun homme. Nous lavons toutes expérimenté, et Ségolène ne fait pas exception. Elle demande à son interlocuteur, simplement, en douceur, de respecter sa parole. Le journaliste, scandalisé, se sent infantilisé, ramené à la seule époque de sa vie où une femme a exercé un pouvoir sur lui. Il na pas conscience quil naurait pas interrompu un homme. Cest comme ça. Il faut le vivre pour savoir que ça existe. On écoute davantage un orateur en fonction de son statut, quen fonction de lintérêt de ce quil dit.
« Moi, une femme, jai rien contre, mais pas celle-là ». Mest avis que la bonne, celle qui ferait lunanimité, serait un peu comme la femme parfaite, celle des magazines, belle, cultivée, pas chiante, bonne mère, bonne épouse, bonne femme daffaires, bonne cuisinière, bonne maîtresse, bonne à tout faire, quoi… Même quelle aurait pas le temps de faire de la politique… A noter que cet argument a beaucoup été repris par des femmes du PS, dont on peut penser que quand elles disent : pas celle là, elles pensent : plutôt moi. A méditer pour ceux qui affublent les femmes de qualités spécifiques de gentillesse.
« Comme chuis une femme, je peux dire du mal… ». Cest Michèle Alliot-Marie qui a dit quelque chose comme ça. Sous entendu : sans me faire taxer de misogynie. MAM se trompe. Une femme peut tenir des propos misogynes et un homme des propos féministes. Le répètera t-on assez. Il sagit de politique, il sagit de vérité, il sagit de rapports de domination, il sagit de culture patriarcale. Les femmes le vivent. Les femmes féministes le vivent et lanalysent. Les hommes féministes lanalysent et ne le vivent pas. Les hommes pas féministes nen ont rien à battre.
« Cest pas parce que cest une femme quon peut pas la critiquer ». Certes. Et cest pas parce que cest une femme quon peut se permettre de la traiter comme une demeurée, une intruse, une clandestine, une accusée… Elle est une candidate unique en son genre. Malheureusement. Il vaudrait mieux pour la démocratie quune femme candidate et éligible nattire plus lattention en tant que telle.
Dites vous bien les filles quà travers Ségolène Royal, cest vous, cest nous quon juge. Nous toutes. Cest sur nous quon ironise, cest nous quon déconsidère. Mépris, condescendance, cynisme, ignorance. Gageons quon aurait utilisé contre toute autre femme en position éligible les même arguments. De droite à gauche, de télé en magazines, on aurait infligé le même traitement à Alliot-Marie, Aubry, Guigou, comme jadis aux jupettes ou à Cresson. Il sagit de nous intimider, il sagit de nous maintenir sous contrôle. Il sagit de garder les choses en létat et les femmes à leur place. Et de continuer à prétendre contre toute évidence que légalité homme-femme est une réalité dans les esprits.
Au moment où jécris ces lignes, jécoute dune oreille distraite un débat sur LCI, « Politiquement show », de lexcellent Michel Field. On parle de Ségolène et de la campagne. Ils sont cinq. Cinq hommes, déblatérant à linfini, comme Lautre soir, chez Guillaume Durand, (excellent aussi, bien sûr..) on parlait de… Ségolène. Outre lanimateur, dix invités. Huit hommes, deux femmes. Je vous laisse deviner le temps de paroles des unes et des autres. Et ainsi de suite. Qui a la parole ? Pour dire quoi ? Doù nous parle ton ? Qui parle en notre nom ? Si vous navez pas bien compris le sens du mot androcentrisme, allumez la télé… A partir du moment où le credo officiel affirme que légalité est acquise, il ny a plus de différence de point de vue entre les hommes et les femmes. Donc, il ny a pas lieu de tenir compte du sexe des invités à sexprimer sur les plateaux de télé. Seul le hasard (la compétence ?) mène à ce déséquilibre qui, de toutes façons, passe inaperçu.
Paraphrasons Voltaire. Je ne sais pas si je voterai Ségolène. Mais je me battrai jusquau bout pour que sa candidature soit respectée. Cest de la légitimité des femmes quil sagit.]
Isabelle Alonso !
(Source: http://www.isabelle-alonso.com)
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RIEN ! Rien ne changera en profondeur, parce que les femmes ELLES-MÊMES, en MAJORITE, se satisfont de leur rôle de citoyenne de dernière zone…
Non, non, elles ne se voient pas en martyres, pour elles il est NATUREL de se soumettre à la loi des mâles !
Elles se voient NATURELLEMENT, inférieures aux hommes: c’est là leur « PLACE »!
A tel point qu' »elles » déclarent encore en…2009 (!): »Celles qui veulent être leurs égales en paieront les pots cassés! »(TEXTO)…
Nul n’est besoin de machos pour faire le sale boulot contre les femmes…
Des femmes le font avec un talent RARE,…PERVERS et INHUMAIN : les millions d’assassinées « familiales », « sociales », « religieuses »,etc, en témoignent…CHAQUE jour !!!
PS- » Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours » B. Groult.
Et les religions aussi, par dogmes interposés…
Chantons ces vérités qui défilent: