La réalité de légalité entre les sexes à lépreuve de la garde des jeunes enfants:
La socialisation différenciée selon le sexe commence dès le plus jeune âge.( Nicolas Murcier, sociologue, nous livre son analyse sur le rôle des structures de garde des jeunes enfants dans cette construction. Extrait de la revue Mouvements.)
Article de Nicolas Murcier, sociologue, extrait de la revue Mouvements n°49 de janvier-février 2007
Loffre de garde des jeunes enfants demeure très restreinte, ce qui consolide les différenciations sexuées sur le marché du travail et lassignation des femmes aux tâches éducation. Mais quand ils sont confiés à des structures collectives, celles-ci nexercent-elles pas une socialisation différenciée ? En appliquant une division sexuelle des tâches presque caricaturale, les crèches sont au début dune longue chaîne dinstitutions qui renvoient imperturbablement les filles et les garçons à leurs rôles sexués. Nicolas Murcier, qui a enquêté dans le secteur de la petite enfance, fait le point sur les pratiques et les idéologies qui renforcent les stéréotypes de genre en crèche et ouvre des pistes pour tenter den sortir.
De nombreux travaux sociologiques se sont intéressés à la contribution de lécole au processus de socialisation différenciée entre filles et garçons. Létude de la contribution de la crèche à la socialisation différenciée ne fait pas actuellement lobjet de recherches, tout comme la féminisation du champ de la petite enfance. La persistance de lidéologie de la primauté maternelle dans le « bon » développement du tout-petit a un impact majeur sur les politiques sociales et familiales, sur les modalités daccueil des jeunes enfants et de leurs parents comme sur lassignation aux femmes (mères et professionnelles) de pourvoir, de façon quasi exclusive, aux soins et à léducation des bébés et des jeunes enfants. Cet article propose de mettre en évidence les stéréotypes de genre qui traversent les modes daccueil et de garde pour jeunes enfants et sont largement véhiculés par les professionnel-le-s.
Une socialisation différenciée
Quelles valeurs sociales, quels habitus sont transmis aux jeunes enfants par les professionnel-le-s au travers des interactions, des relations, des soins et des activités mises en place dans la vie quotidienne en crèche ? Quels rôles sont montrés aux filles et aux garçons au sein de linstitution ? Ces derniers tels quils sont montrés, vécus, tels quils sont implicitement et / ou explicitement préconisés ne véhiculent-ils pas encore largement des stéréotypes ?
Si les professionnel-le-s disent ne pas faire de différences entre enfants, entre filles et garçons, lobservation, lanalyse des interactions adultes / enfants et des discours témoignent quà leur insu la prise en charge des filles et des garçons est différenciée en de nombreux domaines. Cela même si le jeune enfant accueilli est souvent appréhendé comme un individu asexué. Très tôt, les remarques sur les capacités enfantines sont différenciées selon le sexe des enfants en fonction dattitudes et / ou de comportements attendus. Ainsi, au niveau de la motricité, un petit garçon « peu adroit » sur le plan moteur reçoit généralement davantage de remarques négatives quune petite fille pourtant au même niveau de développement moteur. Une petite fille jugée « agitée » reçoit davantage de remontrances quun petit garçon.
Les petites filles sont davantage sollicitées pour faire des activités « calmes » assises autour dune table : « Aux filles on va plutôt proposer des trucs calmes, on va leur donner des poupées, de la dînette, on va leur mettre des activités manuelles [1] . » Les petits garçons sont, quant à eux, plus sollicités pour participer aux activités motrices : « Aux garçons, on propose plus des jeux, des activités où ils vont se dépenser, des jeux où ils vont pouvoir courir, ils en ont plus besoin que les filles [2] . » Comme le souligne Marie Duru-Bellat [3] : « Comme tout individu engagé dans une interaction sociale, les enseignant-e-s abordent leurs élèves avec des attentes stéréotypées ; en loccurrence ils tendent à prévoir des succès inégaux, chez les élèves garçons et filles, dans des disciplines connotées sexuellement. » En crèche, des attentes stéréotypées sont également présentes et les propositions dactivités peuvent être différenciées : « En général, chaque matin, on propose différentes activités selon lâge des enfants, leurs centres dintérêts que les professionnel-le-s ont observés. Les enfants y viennent ou pas cest selon, donc on leur dit voilà aujourdhui ce quil y a en plus des différents espaces de jeux qui sont ouverts en permanence comme les coins poupées, dînette, jeux de construction, voitures ou trains. Les enfants ils viennent selon leur envie. [
] Bon souvent on les sollicite aussi. Moi cest vrai que cela marrive aussi par exemple de solliciter davantage les garçons pour les trucs moteurs [4] . » Les activités dirigées proposées ont pour objectif de participer à léveil et aux apprentissages premiers des jeunes enfants. Elles ont également comme but de « canaliser » lagitation, de réguler la dynamique du groupe denfants, ou autrement dit de le « gérer » : « On peut prendre un enfant pour réaliser une activité parce que ce jour il embête tout le monde, il est agité. Cest vrai que cela marrive de solliciter davantage les garçons pour des activités motrices, pour les faire courir afin quils se défoulent [5] . »
Un accueil des parents différencié ?
Les sociologues Thierry Blöss et Sophie Odena ont mis en évidence comment les institutions daccueil pour jeunes enfants jouent un rôle important dans la perpétuation du partage inégal des pratiques parentales. Le rôle maternel étant survalorisé, les institutions font appel en permanence aux mères participant ainsi, pas forcément de manière consciente, à la reproduction de la division sexuelle des rôles parentaux. Le parent attendu est la mère. Cest avec elle que les professionnelles traitent, y compris lorsque cest le père qui accompagne et / ou vient chercher son enfant. Lorsque seul le père fréquente la structure daccueil, il est fréquent que les professionnelles échangent entre elles sur les possibles raisons pouvant expliquer « labsence maternelle »….]
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« La socialisation différenciée selon le sexe, commence dès le plus jeune âge »…Pour le plus grand malheur des filles !!!
Vive l’humain !
Le genre ? « Au feu » ! Et les religions, la grammaire française, les sociétés machistes( Je sais c’est un pléonasme!)…Au milieu !!!