[ Pour en finir avec la domination masculine. De A à Z . Par Christine Détrez
Comme le souligne son sous-titre, louvrage dIlana Löwy et Catherine Marry se présente comme un dictionnaire déclinant selon les lettres de lalphabet les lieux de déploiement et dexercice de la domination masculine. D« Accouchement » à « Violence (dans le couple) », en passant par « Amour », « Clarinette », « Concours de laideur », « Famille », « Harlequin », « Laitière », « Microbes », « Orgasme », « Police », « Rasoir électrique », « Sexratio », « Toilettes pour femmes », etc, cest ainsi plus dune centaine de termes qui sont convoqués pour analyser les formes historiques et contemporaines de construction et de maintien des différences et de hiérarchisation du féminin et du masculin.
Une place importante est accordée à la légitimation de cette hiérarchie par le recours au « naturel » et au « biologique » : on voit ainsi, contre les évidences du naturel – et le naturel de lévidence -, comment la médecine et la science ont inventé des genres différents, afin de justifier en retour la soumission des femmes à leur « nature » : à ce sujet, les entrées « cerveau », « hormones sexuelles-femmes » « hormones sexuelles-hommes », « ménopause », « menstruation » (entre autres) permettent de réencastrer le savoir médical et scientifique dans leur contexte symbolique et économique, dimension encore très rarement traitée dans la profusion de manuels parus sur le genre. Mais lanalyse aborde également les mises en scène sociales de cette domination masculine, avec des entrées plus classiques – mais toujours dactualité – relevant de la sociologie de la famille (famille, divorce, travail domestique…), de lécole (réussite (scolaire), maths, mixité…) ou de la sociologie du travail.
Un engendrement matériel des différences
Louvrage est extrêmement riche et agréable à lire, à la fois savant et ludique : le ton nest pas dépourvu dhumour, et le choix de certaines entrées peut de prime abord surprendre par leur aspect anecdotique (rasoir électrique, Nouvelle Vague…) ; mais ces entrées montrent au contraire comment, derrière les aspects plus connus, se décèlent des formes plus insidieuses de construction ou exercice de cette domination. Les conditions de production et de marketing du rasoir, ou de la machine à écrire, sont ainsi un exemple du façonnement et de lengendrement matériel des différences ainsi que de la diffusion, par les choses, de normes sociales qui ont des effets concrets (la coque du rasoir féminin ne peut être démontée, alors que celle des rasoirs masculins peut lêtre, avec lidée implicite quune femme ne pourra jamais réparer un rasoir, ni même envisager quil peut être réparé ; les machines à écrire ont été créées dans des usines de machines à coudre, ce qui amènera à transposer sur lobjet les qualités supposées naturellement féminines de minutie, de précision…et par là-même de ne pas les reconnaître comme compétences acquises et rémunérables sur le marché du travail…).
Par ailleurs, le choix est fait, pour chaque entrée, de sappuyer sur des travaux de terrains précis, tirés de thèses, de livres, de revues, dans le domaine français comme anglo-saxons, ce qui permet au lecteur davoir une vue densemble sur les travaux empiriques les plus récents.
La mise en perspective de paradoxes
On peut enfin souligner lintérêt de lattention portée aux paradoxes : ainsi, les auteures soulignent, sur certaines entrées, comment un même fait peut être à la fois source de progrès et de reconduction des inégalités à peine transformées, ou plus généralement, de la difficulté à trancher de façon unilatérale : cest le cas pour la réussite scolaire, où la réussite différentielle des filles peut être interprétée à la fois comme la résultante de lintériorisation dune supposée incapacité ou infériorité dans les domaines scientifiques mais également comme une plus grande liberté de ces filles face aux normes de réussite scolaire et sociales indexées sur les filières scientifiques.
Cest le cas également de la chirurgie esthétique ou des cosmétiques, qui peuvent être condamnés comme la forme ultime dintériorisation et de mise en conformité de son corps aux canons sociaux de beauté, mais dont les usages ludiques, ou en terme de gains de confiance en soi ou dindépendance économique, ont pu être soulignés par certaines féministes. Cest le cas, inversement, de la gynécologie ou de la surveillance médicale de la grossesse, qui, si elles ont permis effectivement la réduction de la mortalité féminine, ont néanmoins assuré le contrôle du corps des femmes par des hommes et par la science, ou encore de la contraception, qui si elle a donné aux femmes une réelle maîtrise de leur corps, peut aussi être vue comme une nouvelle charge leur incombant en priorité.
Si au terme de cette lecture, lobjectif d « en finir avec la domination masculine » semble encore plus difficile à atteindre, tant on saperçoit que celle-ci se déploie dans les représentations, les savoirs, les objets, les interactions du quotidien, louvrage simpose justement pour cette prise de conscience, et peut permettre de nombreuses utilisations pédagogiques. »]
Site genre en action.
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C’est foutu !!!
Une issue ? » Le Village des Vagins » !…
Effectivement la domination masculine n’est pas naturelle mais construite dans le mental, tant chez l’homme que chez la femme. Le vieux cerveau de la femme dominée subsiste parfois même chez celles qui objectivement ont tous les atouts de l’indépendance,de la culture, de la puissance, de la réussite et pourraient légitimement se représenter comme dominantes; à l’inverse, on observe souvent de petits mâles sans envergure et passablement ridicules qui sont persuadés de leur supériorité et ne doutent jamais (ce n’est pas Audiart qui disait qu’un con ne doute jamais et ose toujours ? finalement la connerie paye on le voit tous les jours !) . Quand les mâles doutent c’est mal vu, ce n’est pas viril même chez les femmes « conditionnées » qui les fuient; même les artistes et intello mâles ne doutent jamais de leur talent ou de leur « génie », pourtant rarement à la hauteur de leur prétention.
Au fond, ce qui manque à beaucoup de femmes c’est un « gros » brin de saine connerie, une affirmation primaire de soi, une expression de puissance animale sans nuance qui ose tout,qui s’étale joyeusement et avec confiance sur tous les « territoires masculins » qui sont aussi les « siennes ».
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[ ce qui manque à beaucoup de femmes c’est un « gros » brin de saine connerie, une affirmation primaire de soi, une expression de puissance animale sans nuance qui ose tout,qui s’étale joyeusement et avec confiance sur tous les « territoires masculins » qui sont aussi les « siennes ».]
C’est EXACTEMENT ça !!!
( Heuuu…Quelle belle définition de mâle, en même temps!wouahhhh !!)
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