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Barbara Wagner | Criminalisation des séropositifs
Pénalisation de la contamination : entretien avec Barbara Wagner, présidente de Femmes positives (Le Journal du sida)
« Nous voulons être reconnues en tant que victimes »
Barbara Wagner, présidente de lassociation Femmes positives, raconte sa douleur et celle des femmes séropositives de son association, qui ont été contaminées dans le cadre de leur mariage ou de leur concubinage. Incomprise et rejetée par lessentiel du milieu associatif, Femmes positives se bat, sans aucune ressource, pour que chacune delles obtienne reconnaissance et réparation, deux conditions essentielles pour commencer à se reconstruire.
Comment est née lassociation « Femmes positives » ?
Barbara Wagner : Les femmes qui ont créé lassociation en 2003, à Marseille, ont en commun davoir été contaminées au VIH par leurs compagnons. Nous nous sommes rencontrées les unes les autres chez nos avocats, ou dans des associations qui ne faisaient pas cas de notre situation : nentrant ni dans la catégorie des femmes battues, ni dans celles des femmes violées, personne ne souhaitait nous prêter attention. Nous avons donc décidé de nous représenter nous-mêmes. Aujourdhui nous sommes une vingtaine, le plus souvent en situation précaire et sans compagnon, avec des enfants à charge et des relations familiales généralement difficiles à gérer. Beaucoup dentre nous ont fait des dépressions nerveuses et ont dû sarrêter de travailler. Nous subissons en outre des traitements antirétroviraux qui ont été dosés pour des hommes et qui ne sont pas adaptés à notre morphologie. Tout concourt à nous donner limpression que les femmes sont considérées comme une quantité négligeable dans cette épidémie.
Que revendiquez-vous ?
Nous voulons être reconnues en tant que victimes. Pour lheure, tout le monde nous renvoie à notre propre responsabilité : nous sommes dans la situation des femmes violées dans les années 1970, sauf que ni la vieille garde féministe, ni personne ne sintéresse à nous. Nous avons été trahies par des personnes que nous aimions et qui disaient nous aimer, mais qui ne nous ont pas parlé de leur séropositivité. Cest extrêmement dur à vivre. En ce qui me concerne, tant quun procès naura pas établi que mon compagnon est responsable de ma contamination, je narriverai pas à me reconstruire. En outre, ces hommes qui ont commis des actes graves continuent den commettre au moment même où nous parlons. La justice française a la responsabilité de nommer ces actes et dempêcher quils se reproduisent davantage. A Femmes positives, nous ressentons la culpabilité de cette inaction, mais ce nest pas à nous daller avertir les filles que fréquentent nos anciens compagnons quelles sont en danger. Nous demandons donc à la justice de faire son travail. Pour quelle y parvienne, il nous paraît nécessaire de fournir un cadre juridique donc dinitier un projet de loi à la question de la contamination.
La prison vous paraît-elle être une sanction adaptée ?
Nous nagissons pas par un esprit de vengeance, mais avec le désir profond dêtre soutenues et déviter de nouveaux drames. Nous ne cherchons donc pas à mettre nos anciens compagnons en prison, mais à faire reconnaître quils sont responsables dactes qui ont détruit nos vies. Parce que nous vivons notre contamination comme une condamnation à mort, nous nous adressons au pénal. La prison nest cependant pas une solution : vu les conditions de vie qui y règnent, on peut douter quy séjourner soit dune quelconque utilité et ne nuise pas plutôt quautre chose aux détenus. Il nous paraît donc nécessaire que des alternatives soient mises en place. Le plus essentiel est dassurer aux accusés un suivi psychologique. Prenons lexemple de lhomme de Strasbourg : il a réitéré le même scénario de contamination avec plusieurs jeunes femmes et cest de la bouche de la police que sa dernière compagne a appris quil était séropositif ! Sans prise en charge psychologique, quest-ce qui pourrait lempêcher de recommencer ? Autre constat : le fait que nos compagnons naient généralement pas fait grand cas de leur infection et naient pas cherché à se soigner nous invite à penser que laccompagnement actuel de la séropositivité nest pas suffisant. Les médecins et les associations ont un rôle préventif à jouer dans ce sens. Il faut organiser des groupes de paroles pour inciter les séropositifs à parler de leur situation à leur partenaire. Il faut leur montrer que des couples sérodiscordants peuvent parfaitement vivre ensemble. Voilà les soucis qui nous animent.
Avez-vous la sensation dêtre entendues ?
Pour le moment, nous nous sentons très seules, nous navons pas de local (juste une permanence à la Cité des associations) et pas de ressources : la mairie de Marseille nous a octroyé 500 euros et nous attendons des subventions du conseil général. Nous fonctionnons grâce à nos adhésions et à nos propres deniers, qui sont très limités. Tout cela ne nous permet pas de nous faire connaître.
Mais le plus dur est de nous voir marginaliser par les associations de séropositifs, qui oublient que nous sommes séropositives nous-mêmes. Elles ne comprennent pas que ce nest pas à la séropositivité que nous nous en prenons, mais à ceux qui contaminent sciemment dautres personnes. Au prétexte que les séropositifs vivent déjà une situation suffisamment pénible, certaines associations refusent de les inciter à parler de leur séropositivité à leur partenaire. Nous sommes les sacrifiées de cette politique du silence et du déni de la question de la trahison dans le couple.
Vu lautisme qui règne dans le milieu associatif, nous allons devoir alerter le grand public de notre situation. Cela ne va pas toutefois sans nous poser un problème dimage. Nous avons certes été invitées à passer à la télévision, mais nous craignons dêtre stigmatisés, nous et nos enfants, par le milieu dans lequel nous vivons.
Il faut que nous parvenions à dépasser ces peurs, afin de rendre le débat public et daider des femmes qui vivent les mêmes drames que nous à sortir de leur isolement.Propos recueillis par L. D
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Pour un mari coureur ( pléonasme ?), ce serait une mesure de survie pour sa femme que d’adopter régulièrement la capote !!!
En ce qui me concerne…je ne lui laisserais AUCUNE possibilité d’en contaminer d’autres!!!
AU-CUNE !!!