« …- Peut-être que certains hommes auront envie de jouer au papa, plaide Pablo.
– Peut-être, dit Marie ! Alors, il faudra qu’il sentende avec la maman. Pendant des siècles, et aujourd’hui encore dans de nombreux pays, les filles-mères se débrouillent toutes seules avec leur gros ventre et leur « bâtard ». Elles étaient et sont encore l’opprobre de leur famille et de la société. On les assassine même pour cela dans certains pays. Au nom de dogmes religieux, abominablement misogynes. Alors que la logique voudrait que l’on supprime les testicules du fornicateur: pas de petites graines, pas de bébé ! Beaucoup de Mâles fuyaient et fuient encore la paternité. Cest leur droit. Mais cest aussi leur devoir de mettre un préservatif, sils ne veulent pas denfant. Dans le cas contraire, ils sont coresponsables de procréation ! Ma mère racontait que : »le Mâle secouait sa culotte « . Apparemment il la secoue toujours ! En 2004, quarante-deux mille adolescentes sont tombées enceintes en Grande Bretagne. Où sont les pères ? La seule réponse trouvée par le gouvernement britannique, a été de proposer des implants d’hormone aux filles. Les Politiques mâles se fichent royalement des répercussions de ces substances sur des enfants inachevées. Quant au risque possible d’un cancer de l’utérus, ce n’est pas leur problème. Il faut que les pendouilles se vident, à nimporte quel prix ! Du coup, ils indiquent clairement aux petits Mâles qu’ils ne sont pas responsables de leur sperme. Après tout, que ces petites pétasses, ces sexes ambulants, ces récipients à sperme se démerdent ! Ce n’est pas leur problème ! Jai la haine !
– Pourtant des solutions existent, décrète Cécile. On a bien légiféré sur le port obligatoire du casque ou de la ceinture de sécurité. On pourrait le faire pour le port obligatoire du préservatif, dans le cas de rapports sexuels avec une mineure. Si l’une d’entre elles était engrossée et que le père se débinait, des poursuites seraient alors engagées contre le géniteur, majeur ou non, confondu par son ADN. Il aurait la possibilité de choisir entre cinq ans de prison ou la ligature des canaux séminaux. Il devrait en outre payer une pension alimentaire, jusquà la majorité de sa (nombreuse) progéniture. En cas d’insolvabilité, le grand-père se substituerait au géniteur. Car il n’aurait pas éduqué son fils à être un citoyen responsable de sa semence. Quant à la gamine, elle porte en elle sa « punition », pour le restant de ses jours. Elle aussi, désirait faire « seulement » un câlin, pas un bébé. En attendant un monde meilleur et plus juste, on affichera notre gros ventre et on gardera notre bébé, bien à nous, comme le font toutes les femelles du règne animal. Libre au Mâle de jouer au papa, quand la maman le lui permettra. Et non plus quand il voudra adhérer à un phénomène de société. C’est plutôt tendance depuis quelque temps, pour le Mâle, d’avoir un petit dans les bras. Même la publicité s’en mêle. Qu’en sera-t-il dans quelques années ? Quand il s’en sera retourné à ses petites et grandes affaires. Une enquête de décembre 2004 sur la garde des parents divorcés, révélée par France 3, montre que la majorité des pères se satisfont de voir leurs enfants un week-end sur deux, et la moitié des vacances scolaires. Ils sont réalistes. Il faut être une femme, pour consacrer autant de temps et de patience à sa progéniture. Beaucoup dhommes qui ont tenté de les imiter dans le quotidien ont jeté léponge : leurs priorités « naturelles » se situent ailleurs… »
( Extrait du chapitre XVII, du roman : « Le Village des Vagins »)
