Les ségas de l’Océan Indien: Qu’es aquò ?

( vidéo: malagasy music). Avec le « pain de sucre » de Diego Suarez en arrière plan.

[ A l’île Maurice, le séga est combiné au reggae pour donner le  » seggae « . A la Réunion, il est teinté de maloya, le style local. Aux Comores, il est mêlé au twaarab (ou taarab), la musique prédominante. On le retrouve aussi à Madagascar qui développe dans les années 1970 le vaqu’jazz, fusion de séga et de jazz. La Grande Ile joue un rôle de pôle dans la région par la richesse de son histoire musicale marquée par Rakoto Frah, grand maître de la flûte en bambou sodina qu’il enseigne depuis les années 1940. Spécialiste des rythmes de l’île dont le folk joué avec flûte et tambour, cet autodidacte très populaire qui a fait des jams avec des artistes de renom comme Myriam Makeba et Manu Dibango est décèdé en 2001 à l’âge de soixante dix huit ans.

Dès le début du 20° siècle, le Madagascar est traversé par différents genres musicaux :  » l’hiragasy  » ou théâtre chanté (1920), le  » saova « , sorte de gospel (1930/1940), le style  » opérette  » incerné par Ludger (1950/1960) et le  » bagasy  » ou  » guitare bagasy  » (1950), une transposition à la guitare du jeu de valiha ou vali (instrument à cordes en bambou typique du pays). D’autres styles sont développés dans le pays :  » watcha watcha  » sigaoma,  » bassesa »,  » malesa « .

En 1959, un nouveau concept musical est né : le  » salegy  » (prononcer  » salègue « ). Initié par l’Association Folklorique de la Côte Est dont font partie Elisabeth Raliza (chanteuse) et François Leboto (compositeur), les créateurs de Viavy Rose, le premier tube du genre, le salegy devient vite un courant fédérateur de l’île. Dérivé de rythmes locaux ( » bassesa « ,  » tsapika « ) et d’importation ( » séga « ,  » rumba  » congolaise,  » kwela  » sud-africaine), le  » salegy  » est popularisé dans les années 1960 par Freddy Ranarison (photo ci-dessus) avec sa reprise plus rythmée de Viavy Rose. Il est internationalisé dans les années 1980 par les chanteurs Eusèbe Jaojoby et Mily Clément, les joueurs de valiha, Rajery et Justin Vali, et l’accordéoniste Régis Gizavo. Quant à Maky Rasta installé à la Réunion, il fusionne le salegy au séga et au reggae. Parallèlement, d’autres courants sont explorés. Dama lance dans les années 1970 le tendry gasy ou folk malgache adopté par D’Gary (guitariste), Jean Emilien (harmoniciste) et Tarika Sammy, un groupe qui va se séparer plus tard.

Dans les années 1990, la petite Hanitra (auteur, compositrice, chanteuse, percussionniste et joueuse de tama ou talking drum) connaît un large succès avec son nouveau groupe Tarika. Eclectique, la formation mâtine les sonorités malgaches aux diverses musiques occidentales (blues, jazz, funk, rock, pop) ou africaines (mbalax du Sénégal dans Son Egal). D’autres femmes se sont révélées cette dernière décennie au sein de groupes non moins originaux : Lucie, Annie, Eliane et Monique( groupe Mavana)un quartet a capella, naviguent aussi bien dans les traditions malgaches et africaines que le gospel et le blues. Le trio Tiharea, composé de trois soeurs se produit parfois avec les chanteurs du groupe Senge. Elles valorisent, tout comme le trio masculin Salala, le chant  » antandroy « , évoquant les cérémonies traditionnelles et le quotidien des femmes du pays. Quant au groupe Dillie fondé en 1990, il est composé de trois filles et d’un garçon : Hely (guitare), Sandy (batterie), Annick (chant, guitare) et Andry (drums). C’est une des rares formations à se spécialiser dans le rock pur et dur.

Depuis les années 1980, le musicien, réalisateur et historien Vahombey dit  » l’intellectuel  » prône le rokaroka, un style rock’n roots tandis que le producteur Solorazaf, guitariste expert et attitré de Myriam Makeba, nous fait découvrir par la finesse de son doigté et ses lignes de guitare éblouissantes toutes les facettes des musiques malgaches (3 rayons de pluie…). Autres guitaristes virtuoses, Eric Manana, Colbert et Benny qui explorent les diverses formes de musiques des hauts plateaux et le  » bagasy « . Le jazz fusion est représenté par Solomiral et Toty. Chez les joueurs de kabossy, cette petite guitare typique de Madagascar, Rossy (accordéoniste, chanteur) et Tao Ravao s’imposent sur la scène internationale. Auteur, compositeur, chanteur, guitariste et joueur de vali, Tao Ravao a bourlingué avec l’harmoniciste Andy J. Forest et Homesick James, tous deux Américains. Sa rencontre avec l’harmoniciste français Vincent Bucher en 1978 signe un nouveau tournant dans sa carrière. Le duo s’oriente vers un folk – salegy – blues inédit et écume toutes les salles d’Europe. A la fin des années 1980, c’est le retour aux sources. Tao Ravao collabore comme producteur ou directeur musical avec des compatriotes tels que Justin Vali, Jean Emilien, Senge, D’Gary ou encore Rajery.

En 1997, un nouveau projet musical voit le jour. Au duo Tao Ravao et Vincent Bucher, s’ajoute le pianiste – percussionniste Karim Touré : Tany Manga est né. Ce trio auquel s’ajoutent le bassiste Henry Dorina et la chanteuse Nivo développent une fusion salegy / guitare bagasy / pop, un style festif révélé dans l’album Soa paru chez Marabi, le nouveau label de Wendo Kalosoy (Amba), Bembeya Jazz (Bembeya) et Boubacar Traoré  » Kar Kar  » (Je chanterai pour toi). Créé en mai 2002 par Christian Mousset (ex Indigo) à Angoulême, la ville du Festival Musiques Métisses, Marabi (nom donné au jazz sud-africain) privilégie les jeunes artistes en développement de carrière et les grandes figures du patrimoine à l’image de la ligne éditoriale du festival. ]
Source : Madazik’art, portail de la musique et de l’art malagasy vous souhaite la bienvenue: Tonga soa tompoko!

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Mahe: Sega Dombolo
by rajefra