La sexualité chez les Na .

… »Trois modalités de pratiques sexuelles sont détaillées par l’anthropologue Cai Hua : la visite furtive, la visite ostensible et la cohabitation.
Traditionnellement, tous les Na pratiquent ce qu’ils appellent la relation d’açia ou visite furtive. L’expression indique une rencontre galante qui se déroule à l’insu des adultes de la maisonnée. L’homme s’introduit dans la chambre de la femme vers minuit et repart à l’aube afin que personne ne l’aperçoive. Hommes et femmes jouissent d’une égalité totale, chacun(e) ayant le droit d’accepter ou de refuser la relation qui peut durer une ou plusieurs nuits, des semaines ou des mois… Mais une asymétrie existe tout de même entre les partenaires : c’est toujours l’homme qui rend visite à la femme et non l’inverse.

La liberté sexuelle entre non-consanguins est totale et chacun peut avoir plusieurs açia, même au cours d’une nuit. Il est par conséquent facile d’initier ou de mettre un terme à la relation.

Dans ce réseau de multi-partenariat, la fidélité n’a pas cours et toute tentative de monopoliser un partenaire est jugée stupide et même honteuse : « le village se moquera [d’eux] pour un bon bout de temps ». Le désir de multiplier les partenaires et celui d’en posséder un seul étant incompatibles, c’est le premier qui prévaut dans l’institution de l’açia.

Dans la visite ostensible ou ouverte, l’homme n’est pas obligé d’éviter les membres de la lignée de la femme. Il existe un privilège sexuel mutuel mais les partenaires continuent tout de même à pratiquer la visite furtive en essayant de ne pas se laisser surprendre. Si le partenaire de la femme arrive, le visiteur est prié de partir. Il n’y a pas de contrainte et la durée de cette relation dépend, encore une fois, des sentiments réciproques.

La modalité de la cohabitation implique, elle, que les partenaires passent ensemble non seulement la nuit mais aussi la journée, « partageant le même pot et le même feu », formant ainsi une unité économique. Il existe toujours un privilège sexuel mutuel dont la transgression est réprimandée seulement si elle est découverte.

La cohabitation représente une solution de crise temporaire lorsqu’il manque un membre dans une lignée. Sa fonction – tout comme l’adoption – est celle de pallier à ce manque qui pourrait menacer la survie de la lignée. La cohabitation a donc pour but la perpétuité de la maisonnée et, en dehors de ce contexte, elle est réprouvée, voire interdite.

Comme dans toutes les sociétés, il existe chez les Na la prohibition de l’inceste. Ceux qui sont issus du même ancêtre féminin sont consanguins et la sexualité entre eux est toujours interdite : « Ceux qui mangent dans le même bol et dans la même assiette ne doivent pas s’accoupler ». Tel est le principe d’exclusion sexuelle des consanguins. Le mot “inceste” n’existant pas dans leur vocabulaire, les Na utilisent plutôt des expressions telles que « se conduire comme des animaux » ou « ne pas connaître les règles ». Une particularité étonnante de la prohibition de l’inceste est l’interdiction d’évocation sexuelle. Par l’intermédiaire de leurs ascendants de même sexe, les enfants, dès l’âge de sept ans, apprennent qu’il ne faut pas parler de sexualité, ni même partager affects ou émotions avec les consanguins de sexe opposé. Il en découle que, dans la maisonnée, garçons et filles ne peuvent pas regarder la télévision ensemble car, à tout moment, une scène romantique pourrait apparaître à l’écran. Il leur est également interdit d’être photographiés ensemble ou de parcourir le même chemin pendant la nuit.

La consanguinité constitue ainsi un fait social différent de la consanguinité biologique. La prohibition de l’inceste, pour les consanguins vivant toute leur vie sous le même toit, est renforcée jusqu’à l’interdiction d’évocation sexuelle « …
Source : Madeleine Caspani-Mosca- À propos du livre de l’anthropologue Cai Hua : » Une société sans père ni mari. Les Na de Chine « .

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Sexualité furtive, ostensible ou de cohabitation…

 » La cohabitation a donc pour but la perpétuité de la maisonnée et, en dehors de ce contexte, elle est réprouvée, voire interdite. »

Cette façon de « consommer » entraîne forcément moins de…Violences entre les partenaires : personne n’est la

PROPRIETE de l’autre!
 » Mais une asymétrie existe tout de même entre les partenaires : c’est toujours l’homme qui rend visite à la femme et non l’inverse. »

« Ils » ne peuvent pas s’en empêcher : le phallus détient toujours une primauté, petite ou grande ?