" L’autodestruction d’un être humain"…

Année bissextile
( Une douce photo du film: l’onanisme féminin)

 » Un appartement triste…ce lieu unique symbolise à la fois l’enfermement mental du personnage principal, mais aussi son extrême solitude au sein d’une société qui ne communique plus que par mail…
Le film : Année bissextile remue fortement et ne peut guère laisser indifférent
.
Doté d’une ambiance pesante et dépressive, ce premier film mexicain est une petite merveille à découvrir de toute urgence.

L’argument : Laura a 25 ans. Elle est journaliste, célibataire et habite un petit appartement à Mexico. Après une longue série d’aventures sans lendemain, Laura rencontre Arturo. La première fois qu’ils font l’amour, Arturo a pour Laura des gestes qui la bouleversent. Ils débutent une relation intense, passionnelle et sexuelle, où plaisir, douleur et amour se mêlent.
Au fil des jours, qu’elle raye consciencieusement sur son calendrier, le passé secret de Laura refait surface, poussant Arturo à l’extrême.

Notre avis : Tout premier film du dramaturge Michael Rowe (Australien installé au Mexique), Année bissextile fait preuve d’une maturité cinématographique étonnante. Effectivement, le cinéaste parvient à traiter un sujet délicat (l’autodestruction d’un être humain) avec une grande économie de moyens et un sens de l’épure que l’on ne rencontre pas si souvent. Après une séquence d’ouverture où l’on suit l’héroïne en train de faire ses courses, le cinéaste nous enferme avec ses personnages dans un cadre unique : celui d’un appartement triste, avec vue sur un voisinage dont on ne saura jamais rien. Véritable métaphore de l’état d’esprit d’une jeune femme dépressive, ce lieu unique symbolise à la fois l’enfermement mental du personnage principal, mais aussi son extrême solitude au sein d’une société qui ne communique plus que par mail.

Dans cet univers froid et impersonnel vient s’insinuer un deuxième personnage, une rencontre de passage qui peu à peu construit une relation ambigüe avec la jeune femme. Basés sur le sado-masochisme, leurs rapports donnent lieu à un certain nombre de scènes de sexe d’autant plus dérangeantes qu’elles sont filmées en plan large, sans aucune stylisation afin de rendre les accouplements encore plus bestiaux et mécaniques. On retrouve ici une vision de la sexualité proche de celle d’un autre cinéaste mexicain nommé Carlos Reygadas (que ce soit dans Japon ou encore Bataille dans le ciel). Ces séquences crues n’ont d’autre but que préparer le spectateur à un renversement de situation plutôt inattendu dans les rapports qui lient la jeune femme et son petit ami-tortionnaire. On comprend seulement dans les dernières séquences qui a réellement été le maître de ces jeux dangereux et quel en était la finalité. Ceci débouche sur une dernière scène d’une grande simplicité, mais où toute la détresse de cette femme perdue explose à la face du spectateur, abasourdi par tant de noirceur. Terriblement pesant de par son dispositif formel rigoureux (longs plans séquences, peu de dialogues et pas de musique), Année bissextile remue fortement et ne peut guère laisser indifférent. En tout cas, il ne doit surtout pas être visionné un jour de cafard.
Réalisateur – Michael Rowe
Avec – Armando Hernández – Gustavo Sanchez Parra – Monica Del Carmen …Plus
Genre – Drame
Nationalité – Mexicain-Date de sortie 16 juin 2010- Durée : 1h32mn – Titre original : Año bisiesto.  »
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