Joyeux anniversaire à Marie , née un 3 Novembre.

Domaine Anna

Victor a la géniale idée d’inviter sa compagne Marie, dans un lieu que l’on dit  » magique » : « Le Domaine Anna « .
Un grand panneau 4×3, situé sur la « secondary road », qui finit par se perdre devant un hôtel « 4 étoiles » au bout de Flic en Flac, indique la direction à prendre. Le chemin traverse d’anciens champs de canne à sucre, avant de bifurquer sur la gauche.
Un préposé salue leur arrivée, tout en leur désignant de la main, la direction du parking. Des employés canalisent les voitures, représentées pour l’essentiel, par des 4×4 rutilants.
Victor et Marie se dirigent vers l’entrée des lieux, encadrée de murs en pierres volcaniques taillées et éclairés de flambeaux fixés à la paroi.
Une allée bordée de plantes exotiques, conduit à une petite table d’accueil égayée d’orchidées, où officient de belles créatures métissées. À gauche, trois grands aquariums, creusés dans des rochers artificiels, attirent le regard ; plus spécialement, d’ailleurs, un long poisson… avec une gueule de crocodile !
Pooja souhaite la bienvenue aux deux arrivants et vérifie leur réservation, avant de les conduire à leur table. Ils traversent une grande salle circulaire bondée, à l’allure de caverne, donnant sur une terrasse bordée de plantes tropicales, dont les racines plongent dans un grand étang. Quatre kiosques ( à réserver si besoin est, des mois à l’avance), reliés au restaurant par des passerelles, reflètent leurs douces lumières dans l’eau calme où glissent des canards blancs ainsi que des poissons rose foncé.
Pooja confie ses clients à Anissa qui les aide à s’installer ; cette dernière pose les serviettes sur leurs genoux et s’inquiète de ce qu’ils désirent prendre comme apéritif. Elle tend à chacun un petit éventail qui décline une dizaine de cocktails alcoolisés ou non. L » angel’s kiss » excite la curiosité de Marie. Victor opte pour un Perrier citron
Un gros quartier de lune brille juste au-dessus du chapeau de paille d’un kiosque. La nuit est tiède, et Victor très amoureux. Il a pris la main de Marie : « Tu te rappelles la fois où… »
Marie a les joues qui se colorent, bien que le « baiser de l’ange » ne contienne pas d’alcool !
Des crevettes géantes à la sauce d’huître et une « vieille » entière au gingembre plus tard, Victor invite Marie à danser un séga mauricien endiablé. De nombreux touristes Italiens et Anglais s’en donnent à cœur joie ! Un slow retrouve Victor et Marie étroitement enlacés ; comment est-ce possible, tant de sensualité entre eux… après tant d’années ?
– Que dirais-tu de poursuivre cette danse chez nous ?
– Après le dessert… ce serait… l’apothéose !
Ils regagnent leur table : un magnifique flan à l’orange les attend… mais le compte n’y est pas : il manque 10 bougies !
– C’est toi ?
– Pour le choix du gâteau, oui ; mais je te jure que je ne suis pour rien en ce qui concerne les bougies !
Anissa les allume à l’aide d’un briquet, pendant que retentit dans le restaurant :  » Happy birthday to you  » ! Tous les regards des tables proches convergent vers eux, accompagnés de sourires de sympathie, pendant que Marie souffle sur les petites flammes.
– Joyeux Anniversaire, Princesse ! dit Victor en se penchant par-dessus le gâteau, pour l’embrasser… comme à vingt ans !
En passant devant un grand miroir, la main dans la main de Victor, pour regagner la sortie, Marie n’en croit pas ses yeux : elle paraît VRAIMENT l’âge indiqué par les bougies…
Est-ce dû au bonheur, à l’amour de Victor ou à la magie des lieux ? Sûrement un mélange des trois, qu’elle enfouit au plus profond de son âme… pour d’éventuels « jours sans ».

Crazy bird !

Nous louons un bungalow dans une résidence de Flic en Flac, à cause du job de mon homme, qui nous oblige à faire le va-et-vient, entre la Réunion et Maurice.
Depuis le premier jour, nous avons été intrigués par le manège d’un cardinal au ventre d’un orangé flamboyant. Il exécutait un rituel étrange devant la fenêtre, en volant à la manière d’un yoyo, tout contre et sur toute la hauteur de la vitre, pendant une demi-heure et plus, s’arrêtant de temps à autre. Parfois il restait stationnaire, battait des ailes et tapait du bec contre la vitre. Ce rituel débutait aux environs de 6h30, et se renouvelait plusieurs fois par jour.
Nous avons d’abord pensé qu’il était tombé amoureux de son image qu’il aurait prise pour une oiselle…ou un autre oiseau. Nous n’osions pas intervenir, de peur de l’effaroucher.
Et puis, nous avons placé une soucoupe avec du pain et du riz, ainsi qu’un petit bol d’eau, sur le rebord de la fenêtre. Il stoppa son manège et dévora goulûment les grains de riz, délaissant le pain.
Peu après, nous avons déplacé les récipients à l’intérieur de la fenêtre, que nous prenions soin de presque refermer, pour que les nombreux oiseaux fréquentant la résidence soient maintenus à l’écart.
Crazy a vite pris l’habitude de signaler son arrivée derrière la vitre par des chants et des coups frappés à la vitre. Pendant nos absences fréquentes …il allait frapper à la fenêtre de ma fille à l’étage au-dessus ! Quand j’allais à la piscine, il se perchait sur la branche d’un cocotier, penchée au-dessus de l’eau, et se mettait à chanter pour manifester sa présence.
Quand il pénétrait chez nous, à l’intérieur de la fenêtre, il se mettait à faire des trilles vibrantes, pour signaler sa présence, ou pour remercier (!). Nous n’avons jamais pu l’approcher à moins de 2 mètres; mis à part la fois où il s’est aventuré dans le salon, et n’a plus retrouvé la vitre de sortie: je l’ai pris dans mes mains pour lui rendre sa liberté .
Il avait appris à descendre du cocotier où il créchait,pour se poser sur le rebord de la fenêtre, quand mon époux ou moi, l’appelions en sifflant.
Un jour , nous l’avons vu arriver en compagnie…de deux petits, volant encore maladroitement. Et c’était un vrai bonheur de voir Crazy, éduquer ses petits , tous trois accrochés au rebord de la soucoupe!
Six mois plus tard, en arrivant un jour, de la Réunion, nous avons constaté son absence alors que toutes les fois précédentes nous le retrouvions, fidèle au poste.
Nous n’avons jamais revu Crazy, ni ses petits . J’ai questionné les jardiniers, les gars du service de sécurité, la femme de ménage, qui est aussi employée dans d’autres bungalows : rien!
Jusqu’à aujourd’hui…j’attends le retour de Crazy; et quand j’entends les trilles d’un cardinal, perché près du bungalow, je siffle…en vain: l’oiseau s’éloigne indifférent.

PS- Je ne peux m’empêcher de penser à la douloureuse stupeur de ma voisine d’Ardèche, dont le mari a un beau jour disparu, sans crier gare. Ce sont ses 3 fils ( adultes) qui l’ont pisté depuis son travail, pour l’obliger à venir dire à sa femme qu’il résiderait…chez une autre femme désormais.