« Considérant le genre comme un construit et non comme un fait naturel, la théorie queer est avant tout une possibilité de repenser les identités en dehors des cadres normatifs d’une société envisageant la sexuation comme constitutive d’un clivage binaire entre les humains, ce clivage étant basé sur l’idée de la complémentarité dans la différence et censé s’actualiser principalement par le couple hétérosexuel.
La théorie queer, avec son intérêt pour les implications de sexualité et genre, reste surtout une exploration de ces implications en termes d’identité. La nature provisoire de l’identité queer implique beaucoup de discussion (au niveau théorétique autant qu’au niveau social) sur la façon de définir l’adjectif « queer. »
La théoricienne queer Eve Kosofsky Sedgwick a exploré cette difficulté de définition, remarquant que même si le terme change beaucoup de signification selon qu’il s’applique à soi ou à un autre,
« « Queer » has the virtue of offering, in the context of academic inquiry into gender identity and sexual identity, a relatively novel term that connotes etymologically a crossing of boundaries but that refers to nothing in particular, thus leaving the question of its denotations open to contest and revision. » (Extrait de son livre Epistemology of the Closet, aussi résumé dans le texte de Turner A Genealogy of Queer Theory, p.35.)
Grâce à sa nature éphémère, l’identité queer, malgré son insistance sur la sexualité et le genre, semblerait s’appliquer à presque tout le monde : qui ne s’est jamais senti inadéquat face aux restrictions de l’hétérosexualité et de rôles de genre ? Si une femme s’intéresse aux sports, ou un homme au ménage, sont-ils donc queer ? Pour cette raison, la plupart de théoriciens queer insiste sur l’auto-désignation de l’identité queer.
Avec le genre, la sexualité compose un des thèmes principaux de la théorie queer, et comprend de la recherche sur la prostitution, la pornographie, le non-dit de la sexualité entre autres. Le terme queer, quand il est appliqué aux pratiques sexuelles, offre beaucoup plus d’innovation que d’autres termes comme « lesbienne » et « gay. » Lorsqu’un interlocuteur se désigne comme « queer, » il est impossible de déduire son genre. Teresa de Lauretis, qui a été la première à employer le terme queer afin de décrire son projet théorique, espérait qu’il aurait des applications pareilles pour le rapport entre la sexualité et la race, la classe et d’autres catégories que le genre. Pourtant en dehors de l’université, quand le terme queer réfère à la sexualité, il est plus souvent un synonyme pour « gay et lesbienne, » parfois « gay, lesbienne et bi, » et moins souvent « gay, lesbienne, bi et trans. » L’exclusion commune des trans de cet usage populaire peut être du au fait qu’un trans exprime des rapports déviants avec le genre et la sexualité. Beaucoup de trans, s’inspirant de la théorie queer aux niveaux sexuel et genré, préfèrent se distinguer des trans traditionnels (les FtM et MtF qui affirment le binarisme du genre en changeant de sexe sans revendication) par l’usage des termes « gender queer » et « FtN ou MtN » (femelle-à-neutre ou mâle-à-neutre).
Les enquêtes queer sur le genre cernent surtout les instances déviantes du genre (les transgenres, les gender-queers, et les travesties) ainsi que la séparation de genre et de sexe biologique. S’appuyant sur l’idée de la féministe Simone de Beauvoir qu’on « ne naît pas femme, on le devient », Judith Butler a été la première théoricienne queer à aborder cette séparation de sexe et de genre.
La biologiste Anne Fausto-Sterling constate que la peur de la confusion de genres a poussé la science et la médecine à chercher des critères irréfutables de sexe anatomique et du genre psychologique. Son travail interroge les interventions médicales qui peuvent guérir la dysphorie du genre et l’hermaphroditisme.
À part de la sexualité et du genre, la théorie queer s’intéresse beaucoup à la parenté et aux revendications identitaires en général. La théoricienne queer Judith Butler a fait une exploration de la parenté dans son livre Antigone’s Claim et de la question d’identité dans The Psychic Life of Power, où elle s’est donnée la tâche d’expliquer pourquoi on insiste sur une revendication identitaire qui peut mettre quelqu’un en danger (en suscitant une violence physique ou psychique).
Presque tout le travail qui se proclame queer partage une résistance théorique à l’essentialisme et aux prétentions totalisantes, ce qui rend la théorie queer et le terme queer si difficiles à décrire « …
Source lez zones
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» Presque tout le travail qui se proclame queer partage une résistance théorique à l’essentialisme et aux prétentions totalisantes« …
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