La femme indisposée fait peur: pouvoirs maléfiques, forte capacité de nuire"…

Les règles: « selon le mot d’Edgar Morin, ce qu’une femme doit avoir absolument dans sa vie et ce qu’elle doit absolument cacher »

… »Depuis l’Antiquité au moins, traditions et superstitions ont tenté de canaliser ce phénomène. Car la femme indisposée fait peur, et on lui attribue sinon des pouvoirs maléfiques, en tout cas une forte capacité de nuire. Elle inquiète d’autant plus que la médecine a longtemps ignoré les origines de la menstruation…

Les effets délétères que l’on attribue à la femme indisposée sont des plus divers : « Aux approches d’une femme dans cet état, les liqueurs s’aigrissent, les grains qu’elle touche perdent leur fécondité, les essaims d’abeilles meurent, le cuivre et le fer rouillent sur-le-champ et prennent une odeur repoussante […] »16. Ces observations de Pline l’Ancien se retrouvent à des époques beaucoup plus récentes. Dans bien des régions de la France contemporaine en effet, on pense que la femme, pendant la menstruation, possède le pouvoir de faire pourrir la viande, notamment la chair du cochon : ainsi, « ces jours-là » du mois, c’est le mari qui descend au saloir, sous peine de mettre en danger la réserve de viande de toute une année17. Parfois, ce n’est pas seulement le contact mais le regard même de la femme indisposée qui peut provoquer la catastrophe : en Limousin, au début du xxe siècle encore, aucune femme ayant ses règles n’approche les ruches car un essaim entier pourrait mourir d’un seul de ses regards18. Ailleurs, dans le Nord de la France, ce sont les raffineries de sucre que l’on interdit aux femmes au moment de l’ébullition et du refroidissement du sucre, « car s’il s’en était trouvé une parmi elles ayant ses règles, le précieux produit aurait noirci »19 : en effet, « le sang menstruel est noir » et pourrait compromettre irrémédiablement l’opération de raffinage20. Il arrive aussi a contrario que l’on utilise sciemment les propriétés néfastes de la femme indisposée, notamment quand il s’agit d’entreprendre une action de destruction à grande échelle : ainsi en Anjou, à la fin du xixe siècle, « on faisait encore périr les chenilles qui infestaient un champ de choux en le faisant traverser à plusieurs reprises par une femme réglée, et dans le Morvan, on se protégeait ainsi des sauterelles »

Les exemples comparables abondent, et on pourrait multiplier les récits qui témoignent de ces préjugés populaires sur la menstruation qui pérennisent l’opinion des Anciens. Ce qui est particulièrement frappant, c’est que le discours médical va relayer ces croyances traditionnelles en tentant de leur donner une explication scientifique. C’est en 1920 à Vienne qu’est élaborée par le docteur Bela Schick la théorie des ménotoxines, qui vient donner une justification médicale au prétendu pouvoir néfaste de la femme indisposée. Ayant un jour offert un magnifique bouquet de roses à une jeune fille de sa connaissance, le docteur Schick avait eu la surprise de constater que, dès le lendemain, les roses étaient fanées ; or la jeune fille avait ses règles, et avait eu elle-même plusieurs fois l’occasion de constater le phénomène lors d’occasions précédentes22. À partir de cette observation et d’expériences ultérieures, Schick pose le principe de l’existence de ménotoxines, substances nocives éliminées par la peau de la femme indisposée et qui seraient responsables des différents phénomènes de pourrissement et de fanaison. Très controversée dans le monde médical de l’entre-deux-guerres, la théorie des ménotoxines n’en constitue pas moins, selon le docteur Vosselmann, « une confirmation des vieilles superstitions »

Les préjugés ont donc la vie dure, puisqu’on les retrouve sous la plume des médecins jusqu’à la fin des années 1930 mais également, toujours aussi vivaces, dans nombre de régions rurales de la France de la deuxième moitié du xxe siècle : les observations de l’anthropologue Yvonne Verdier et de ses collègues, dans le cadre d’une enquête du CNRS, ont été effectuées au sein du petit village de Minot en Châtillonais dans les années 197024. Yvonne Verdier constate par ailleurs que toutes les femmes n’ont pas le même pouvoir maléfique pendant leurs règles, et que certaines sont plus virulentes que d’autres : « Les femmes qui font facilement tourner les saloirs ou les mayonnaises sont aussi particulièrement marquées sur le plan sexuel […]. Tout se passe comme si faire tourner un saloir donnait la mesure de l’ardeur amoureuse. Les règles jouent le rôle d’affichage de la sexualité »…(Extraits).

Du sang et des femmes. Histoire médicale de la menstruation à la Belle Époque-
Jean-Yves LE NAOUR et Catherine VALENTI

http://clio.revues.org/114

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Quand des…médecins(!!!) s’évertuent à justifier/accréditer des…SUPERSTITIONS ! :##

Les médecins, tout comme les religieux restent des…mecs(!), la race des dominants avec pénis et testicules, cherchant par tous les moyens à discréditer le féminin !

Curieux: on n’a JAMAIS entendu de « saloperies » propagées au sujet du sperme (texture, odeur, saveur, gestion…)

Une connaissance m’a avoué l’année dernière, que son mari lui a dit d’un ton sans appel qu’il ne tolèrerait jamais de voir un tampon ou une serviette périodique traîner; la mère a passé docilement la consigne à ses deux filles, leur transmettant du même coup une soi-disant infériorité/saleté/impureté/malfaisance… femelle originelle !

Si c’était moi ? J’aurais demandé à mes filles de lui montrer chaque mois, la preuve de leur supériorité femelle de fabriquer et de donner la vie 😉

PS- ce qui est mentionné ici n’est qu’une infime partie du torrent misogyne relatif aux pouvoirs maléfiques des menstrues