Renée Greusard :
… » larticle a depuis été retiré du site de LEst républicain mais on peut le lire en cache. Il relate un fait divers. Un homme ayant agressé sexuellement des adolescentes. Il est dit que le coupable, condamné à huit mois de prison, a sévi trois fois.
Si son article pose problème, ce nest pas par son manque de clarté, mais par le regard quil pose sur un tel délit. Lauteur des faits y est présenté comme « un homme qui ne supportait plus labsence de rapports imposée par sa femme » :
« Jérôme vient dêtre papa. Un moment fort dans la vie dun homme. Un moment délicat aussi dans la gestion du couple. Accaparée par son enfant, il arrive que la mère délaisse le père. »
Cest la femme qui est responsable
Vous le voyez venir ? En fait, laccusé ny est pour rien. Cest sa femme qui est responsable. Et le journaliste de poursuivre :
« Face à ce schéma classique, deux types doption soffrent généralement aux hommes. Il y a ceux qui prennent leur mal en patience et ceux qui décident daller chercher auprès dune maîtresse ce que leur femme leur refuse. Jérôme, lui, a choisi une troisième voie. Parfaitement illicite. Celle de lagression sexuelle. »
Il y a de quoi sarracher les cheveux. Ce lien de cause à effet… Ou comment confondre agressions sexuelles et sexualité. Comme lécrivaient Audrey Guiller et Nolwenn Weiler dans « Le Viol, un crime presque ordinaire » (éd. Le Cherche-Midi, octobre 2011) dont un long extrait a été publié sur Acrimed :
« Cest sur ce même fond de confusion entre agression et sexualité que Sud-Ouest a pu titrer, au sujet de laffaire DSK : Lhomme qui aime les femmes sans modération. »
Les hommes ne sont pas des bêtes sauvages
Les hommes ne sont pas des bêtes sauvages et, truc de fou, certains peuvent ne pas avoir de relations sexuelles sans aller agresser des femmes dans la rue.
Il est aussi intéressant de sinterroger sur la fonction sociale dun tel article. Il dit des choses sur la culture du viol. Comme lécrit Elisa Brinai qui, en 2012, a rédigé un « mémoire sur le traitement médiatique du viol dans la presse » [PDF] :
« Les récits des journalistes à propos du viol fournissent des cadres dinterprétation simples au lecteur et entretiennent les nombreux mythes autour de la violence sexuelle. » (Extrait).
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« Les récits des journalistes à propos du viol fournissent des cadres dinterprétation simples au lecteur et entretiennent les nombreux mythes autour de la violence sexuelle. »
Autrement dit ils suggèrent, trop souvent, que le coupable est en réalité une pauvre victime ? ? ?