Sexualité et répression…

… » la cohabitation sexuelle n’est pas considérée par la loi et l’usage indigènes, à l’instar de nos sociétés, comme un devoir imposé à la femme et comme un privilège pour le mari. Les indigènes trobriandais estiment, conformément à la tradition, que le mari doit mériter les services sexuels qu’il reçoit de sa femme et les payer« …

«  [ La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives« – Bronislaw Malinowski (1884-1942).

 » Bronislaw Malinowski, l’un des pères de l’ethnologie moderne, parvient à une analyse des transformations que la nature animale a dû subir dans les conditions anormales qui lui ont été imposées par la culture. Réfuter Freud – en particulier celui de Totem et Tabou -, tel est l’enjeu de ce livre majeur qui fonde en même temps une nouvelle théorie de la culture. »

Extrait : [… LA PATERNITÉ DANS LE DROIT MATERNEL :

Le rôle du père mélanésien diffère considérablement de celui du patriarche
européen, à la phase dont nous nous occupons. J’ai déjà esquissé plus haut cette
différence et montré la position sociale qu’occupe le Mélanésien, en tant qu’époux
et père, et le rôle qu’il joue dans le ménage ; il n’est pas le chef de la famille, ses
enfants n’héritent pas de lui, et ce n’est pas lui qui assure la principale subsistance
de la famille. Or, cela change entièrement ses droits légaux et son attitude à
l’égard de sa femme.
Un Trobriandais cherche rarement querelle à sa femme, c’est à peine s’il osera
la brutaliser, en tout cas il est incapable d’exercer une tyrannie permanente. Même
la cohabitation sexuelle n’est pas considérée par la loi et l’usage indigènes, à
l’instar de nos sociétés, comme un devoir imposé à la femme et comme un privilège
pour le mari. Les indigènes trobriandais estiment, conformément à la
tradition, que le mari doit mériter les services sexuels qu’il reçoit de sa femme et
les payer. Et le seul moyen pour lui de s’acquitter de cette dette consiste à se
rendre utile aux enfants et à leur témoigner de l’affection. Il existe plusieurs
légendes indigènes à l’aide desquelles on a essayé d’incorporer ces principes dans
une sorte de vague folklore. Lorsque l’enfant est tout petit, le père lui sert de nurse
et se montre plein de tendresse et d’amour ; plus tard, il joue avec l’enfant, le porte
et lui apprend des occupations et des jeux amusants, mettant en mouvement son
imagination.
C’est ainsi que la tradition légale, morale et coutumière et toutes les forces
d’organisation concourent à assigner à l’homme, dans son rôle d’époux et de père,
une attitude qui n’a rien de celle d’un patriarche. Et, bien que nous soyons obligé
d’en donner une définition abstraite, on aurait tort de croire qu’il s’agit là d’un
principe purement abstrait, détaché de la vie. Non, l’attitude dont nous parlons
s’exprime dans chaque détail de la vie quotidienne, elle imprime un cachet
particulier à toutes les relations à l’intérieur de la famille, s’impose à tous les
sentiments qui s’y font jour. Les enfants ne voient jamais leur mère subir les
brutalités de la part du père, jamais celui-ci ne cherche à se l’asservir ou à la
réduire à l’état de totale dépendance, alors même qu’il s’agit d’une femme du
commun mariée à un chef. Jamais non plus les enfants ne sentent s’abattre sur eux
la lourde main de leur père : il n’est ni leur parent, ni leur maître, ni leur bienfaiteur.
Il ne possède sur eux ni droits ni prérogatives d’aucune sorte. Mais il
éprouve pour eux, comme tout père normal dans n’importe quelle partie du
monde, une solide affection, ce qui fait, les devoirs imposés par la tradition
aidant, qu’il cherche à gagner leur amour et à maintenir son influence sur eux.
En comparant la paternité européenne à la paternité mélanésienne, il importe
de tenir compte des faits aussi bien biologiques que sociologiques. Biologiquement,
il existe certainement chez tout homme moyen un sentiment d’affection et
de tendresse pour ses enfants. Mais ce sentiment peut n’être pas assez fort pour
contrebalancer toutes les charges que les enfants imposent aux parents. Aussi
lorsque la société intervient et déclare, dans tel cas donné, que le père est le
maître absolu, que les enfants n’existent que pour son plaisir ou pour sa gloire,
elle rompt l’heureux équilibre qui, sans son intervention, aurait pu s’établir entre
l’affection naturelle et l’impatience non moins naturelle que le père peut éprouver
du fait de ces charges, souvent pénibles. Or, dans une société matrilinéaire, où le
père ne jouit d’aucun privilège à l’égard des enfants et n’a pas droit à leur
affection, il est obligé de faire tout son possible, pour gagner celle-ci ; et, d’autre
part, n’étant pas surmené par les ambitions et les responsabilités économiques, il
est d’autant plus libre et disposé à laisser s’épanouir ses instincts paternels. C’est
ainsi que, dans nos sociétés, l’équilibre entre les forces biologiques et sociales, qui
était assez satisfaisant au cours de la première enfance, subit une certaine rupture
par la suite, tandis qu’il se maintient sans défaut dans la société mélanésienne.
Le droit paternel, nous l’avons vu, est une cause importante de conflits familiaux,
puisqu’il reconnaît au père des prétentions et des privilèges hors de
proportion avec ses penchants biologiques, ainsi qu’avec l’affection personnelle
qu’il est capable d’éprouver pour ses enfants ou de leur inspirer. ]

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( Note: inversion dans l’ordre de présentation de ces deux paragraphes )

…[ En ce qui concerne la situation du père, on constate que dans notre société,
malgré son peu de respect pour le principe des nationalités et les distinctions
sociales, le père jouit encore d’un statut quasi-patriarcal .
Il est le chef de la famille, dont il est chargé d’assurer la subsistance économique, et c’est de lui que les enfants tiennent leur nom et tout ce qu’ils possèdent. Maître absolu de la famille, il est facilement porté à en devenir le tyran, auquel cas on voit se produire toutes sortes de frictions entre lui, d’une part, sa femme et ses enfants, de l’autre.
Les détails de la situation qui en résulte varient dans une mesure considérable
selon le milieu social. Dans les classes riches de nos pays occidentaux l’enfant est
bien séparé du père par toutes sortes de dispositions qui régissent la nursery. Tout
en étant confié à la nurse qui ne le quitte jamais, l’enfant n’en est pas moins
constamment surveillé par la mère qui conquiert alors invariablement une place
dominante dans les affections de l’enfant. Quant au père, il pénètre rarement dans
l’atmosphère de la vie infantile, et quand il le fait, il se présente en visiteur et en
étranger devant lequel les enfants doivent se conduire bien, faire preuve de
bonnes manières, représenter, pour ainsi dire. C’est lui qui est la source de
l’autorité, c’est lui qui a l’initiative des punitions, et il n’est pas rare de le voir
prendre aux yeux de l’enfant figure de croquemitaine. Le plus souvent, l’enfant en
arrive à envisager le père sous un double aspect : d’une part, il est l’être parfait
qu’on doit s’attacher à satisfaire dans tout ce qu’on fait ; d’autre part, il est
l’ « ogre » que l’enfant doit craindre, car il ne tarde pas à se rendre compte que
toute la maison est arrangée de façon à assurer au père le plus grand confort
possible. Le père tendre et sympathique devient facilement aux yeux de l’enfant
un demi-dieu. Mais le père solennel, impassible, insensible, dépourvu de tact,
devient vite suspect et ne tarde pas à s’attirer la haine de la nursery. Dans ses
rapports avec le père, la mère sert d’intermédiaire, souvent prête à dénoncer l’enfant
à son autorité supérieure, mais intercédant, en même temps, pour faire
adoucir ou lever une punition.
Le tableau est différent, mais les résultats sont à peu près les mêmes, lorsqu’on
pénètre dans le logement, se composant d’une seule pièce ou d’un seul lit, d’un
paysan pauvre de l’Europe orientale et centrale ou d’un ouvrier d’une catégorie
inférieure. Le contact entre le père et l’enfant est beaucoup plus étroit, mais cela
donne rarement lieu à une affection plus profonde; au contraire, dans la plupart
des cas, ce contact engendre des frictions plus aiguës et qui deviennent facilement
chroniques. Lorsque le père rentre de son travail fatigué ou pris de boisson, il
exhale naturellement sa mauvaise humeur sur sa famille et brutalise femme et
enfants. Il n’est pas un village ou un quartier de nos villes modernes où l’on ne
puisse observer des cas de véritable cruauté patriarcale. J’ai connu moi-même des
paysans qui, rentrés ivres chez eux, se mettaient à frapper les enfants par simple
plaisir ou les tiraient de leur lit pour les envoyer dehors par une nuit froide.
Mais, même dans les cas les plus favorables, l’ouvrier qui rentre de son travail
veut que les enfants se tiennent tranquilles, arrêtent leurs jeux bruyants, répriment
les explosions spontanées de leur joie ou de leur chagrin. Dans les maisons
pauvres, comme dans les riches, le père est le suprême dispensateur des punitions,
alors que la mère, qui veut intervenir en médiatrice, subit souvent le même sort
que les enfants. En outre, dans les ménages pauvres la prédominance économique
et sociale du père est reconnue plus explicitement et plus facilement et agit dans
la même direction que son influence paternelle. ]
(Indigènes des Îles Trobriand (Nouvelle-Guinée)-(Traduction française par le Dr. S. Jankélévitch)
Source UQAC. Les classiques des Sciences sociales.

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 » La cohabitation sexuelle n’est pas considérée par la loi et l’usage indigènes, à
l’instar de nos sociétés, comme un devoir imposé à la femme et comme un privilège
pour le mari. Les indigènes trobriandais estiment, conformément à la tradition, que le mari doit mériter les services sexuels qu’il reçoit de sa femme et les payer »…

Eh bé !!!

Quand en Europe on en était au « Devoir conjugal » ou « Permis de VIOLER SA femme »!

…  » Les enfants ne voient jamais leur mère subir les brutalités de la part du père, jamais celui-ci ne cherche à se l’asservir ou à la réduire à l’état de totale dépendance, alors même qu’il s’agit d’une femme du commun mariée à un chef. Jamais non plus les enfants ne sentent s’abattre sur eux la lourde main de leur père : il n’est ni leur parent, ni leur maître, ni leur bienfaiteur »…

On s’en doutait : les mêmes religions ne sont pas passées par là !!!!!!!!

SALETES de sociétés patriarcales !