Extraits:
[ La semaine dernière, le chroniqueur vedette de RTL s’attaquait à l’IVG. Décevant. Comme quoi, les histoires d’Zemmour finissent mal en général.
…En clair : si toutes ces salopes (1) navaient pas avorté, cest Merkel qui mangerait dans la main de Sarko. Et non linverse.
Zemmour poursuit : 72% des femmes qui ont eu recours à lIVG étaient sous pilule. Mais loin dy voir la preuve que ces femmes, puisquelles étaient sous contraceptif, ne voulaient vraiment pas avoir denfant, il en déduit des « sentiments contradictoires » : « avoir un enfant sans le vouloir tout en le voulant ». Cest sûr, quand on prend la pilule, cest quon veut un môme. Merci Eric Zemmour davoir enfin percé ce mystère : quand la femme dit non, elle pense évidemment oui.
Curieuse logique. Après tout, on aurait plutôt tendance à penser que le rapport de lIGAS fait la nique aux pro-vie, puisquil démontre que, loin dêtre devenu une méthode contraceptive, lavortement reste ce quil était censé être : la solution de secours en cas daccident (de pilule, de préservatif). Ce nest pas lavis dEric Zemmour, qui dénonce « la logique très française du droit à tout, qui fait quon est passé de la tolérance compassionnelle [la loi Veil, ndlr] à un droit acquis ». Ce qui, soit écrit en passant, en dit long sur ce que le chroniqueur de RTL pense des lois : de la « tolérance », de la « compassion ». Mais alors, un droit cest quoi ? Un droit divin ?
Apparemment oui, pour Zemmour, qui poursuit: « Nous avons tous été des ftus. Et le ftus, il na pas de statut pénal, on peut le tuer tant quil nest pas sorti du ventre de sa mère ». Ah oui ? Pourtant, lIVG nest autorisée que jusquà la 12e semaine. Sauf, effectivement, en cas davortement thérapeutique. Est-ce à dire qu’Eric Zemmour considère quune IVG pour raison médicale est un meurtre ?
« Donc, on se dit quon a beaucoup de chance dêtre ici », conclut Zemmour, persuadé davoir échappé à une hécatombe de foetus. Qui a, en tout cas, fait une victime consentante : Zemmour.
(1) Pour ceux qui étaient trop jeunes à lépoque, les « salopes », cest le nom que sétaient donné les 343 femmes signataires, en 1971, du manifeste pour lavortement rédigé en ces termes par Simone de Beauvoir : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. » ]
Source Marianne :Bénédicte Charles | Mardi 9 Février 2010 à 05:01