Ces femmes qui, un jour, tuent leurs conjoints violents…

Observatoire international des prisons
ONG

Propos recueillis par Anne Chereul.

« Après avoir subi les violences de son conjoint pendant dix-huit ans, Marie-Hélène s’empare une nuit de la carabine qu’il garde, chargée, au pied de son lit, et le tue de plusieurs coups de feu. Elle vit son arrestation puis sa détention comme un « soulagement ». Condamnée à dix ans d’emprisonnement, elle est désormais en libération conditionnelle.

Il y avait beaucoup de violence, verbale et physique. Son rapport à l’argent était démentiel, il était obsédé par les voleurs et gardait toujours la carabine au pied de son lit. Il avait aussi un cran d’arrêt qu’il gardait sous son matelas : souvent nous l’avons eu sous la gorge, même son fils ou sa mère, qui habitait avec nous…

J’ai fait deux tentatives de suicide. J’ai connu l’hôpital psychiatrique : un jour, après une dispute, j’ai dû lui dire « tu me rends folle ». Il a appelé l’hôpital, m’a déposée au train à 22 heures et je suis allée toute seule à l’hôpital. Je n’ai pas eu le réflexe d’aller plutôt au commissariat… J’y suis restée un mois, je m’y sentais bien. Je me sentais presque délivrée, sortie de ses griffes. Mais aussitôt sortie, je suis retombée dans l’engrenage…

Je suis partie une fois, j’ai pris quelques affaires dans la nuit et me suis rendue à Bordeaux, chez une ancienne cliente qui m’avait proposé l’hospitalité en cas de besoin. Je ne sais plus comment il a su que j’étais là-bas.

Comme nous ne lui avons pas ouvert, il a cassé la porte. J’ai refusé de repartir avec lui. Pour se venger, il a accusé mon amie d’attouchements sur notre fils, des années auparavant, et l’a menacée de porter plainte. C’était évidemment faux, mais elle a eu peur… je suis partie de chez elle et suis allée chez mon frère…Mon conjoint est venu me rechercher et j’ai fini par céder : j’avais besoin de revoir mon fils, j’avais peur qu’il s’en prenne à lui, et aussi à mon frère, à ma famille…

Il est monté dans la chambre de son fils, et a vu qu’il n’était pas là. J’ai aussitôt appelé mon fils mais quand il est revenu, mon conjoint ne l’a pas laissé rentrer, il est resté dehors jusqu’au matin.

Cette nuit-là, c’était l’enfer, j’ai reçu beaucoup de coups…

…Et là, j’ai vraiment eu le coup de folie. En une fraction de seconde, je suis rentrée dans la chambre, j’ai pris la carabine et j’ai tiré. Plusieurs fois. Il a été démontré par la suite que je l’avais tué sur le coup » (Extraits)…

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Lorsque j’ai été voir le commissaire de la Police Judiciaire de l’époque -à la Réunion-

Pour lui signaler mon imminente évasion de l’enfer conjugal, dont il avait eu des échos

Il m’a posé cette question, inattendue de sa part:  » Vous n’avez jamais pensé à le tuer ? »

Je lui ai répondu « si, mais je deviendrais alors, l’assassin du père de mes enfants  »

PS- petites précisions:

1- Mon ex mari m’avait prévenue: si j’étais encore là à la fin de la semaine, cette fois il ne me raterait pas- Il avait déjà fait deux tentatives avortées: un jour qu’il m’étranglait l’aîné est remonté inopinément du bac à sable; une autre fois il a chargé une 22 Long Riffle et m’a mise en joue, notre petit de 5 ans s’est précipité sur le fusil pour le détourner- il a aussi brûlé toutes mes affaires pendant que je me sauvais pieds nus, par la porte de derrière en tenue de nuit avec les 4 enfants: on a dormi dans la voiture dans un parc près de la préfecture, et le lendemain j’ai dû aller faire la classe, sans… petite culotte, etc, etc…

2- Il m’avait aussi prévenue qu’il tuerait les enfants, si je les emmenais avec moi…

3- Quand il a su que j’avais fait une demande de divorce, il a menacé de mort mon avocate qui a déposé une plainte… restée sans suite

4- Le soir de mon évasion, il a forcé la sécurité de l’aéroport avec des policiers à ses trousse, pour me « faire ma fête » dans l’avion: le connaissant, j’avais pris la précaution de me cacher dans les toilettes du …Boeing

Les femmes maltraitées dans un long enfer conjugal ont souvent eu une enfance et un passé qui « expliquent » POURQUOI « elles » et COMMENT est-ce possible ?

Aujourd’hui, j’ai un Amoureux… « incroyable », beaucoup plus jeune et plus friqué que moi, en plus 😉 -une amie argentine, séjournant dernièrement chez nous m’a dit: » il te traite comme une princesse »…le mot est faible !

Nous avons eu trois petits et une vie… »incroyable » aussi, -entre autres passée à parcourir le monde

Mais j’avais dû d’ABORD, accepter de payer, un prix exorbitant…SURHUMAIN, pour rester vivante et recouvrer ma liberté…d’être humain !

« Tout ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort »:

« Ni DIEU, ni MAÎTRE! » :yes:

Quand le « Père Ver » a paru des années plus tard, et que l’enfer conjugal et les sévices faits aux enfants ont éclaté au grand jour,- ainsi que dans les télés et quotidiens qui ont relaté la sortie de mon livre lors de la Journée des Femmes en 2000, -l’ex prof de gym/culturiste a dû…déménager(!)précipitamment de la capitale pour se cacher dans un coin perdu du Sud où on ne savait pas QUI il était vraiment:

La honte…avait changé de camp 😉

Ces femmes qui survivent et parfois meurent, avec leurs ENFANTS(!), dans l’enfer conjugal…

Par Marie Rousseau :

 » Massachusetts : un programme miracle contre la violence conjugale ?

…  » Jacquelyn Campbell a ensuite établi basé sur une liste de questions liées à « vingt facteurs de risques d’homicides » parmi lesquels :

•la toxicomanie ;
•la possession d’armes ;
•les antécédents de violence ;
•les menaces de mort :
•le sexe forcé ;

Les réponses de cet outil par oui/non vont permettre d’obtenir un résultat mesurant le niveau de dangerosité, « extrême » lorsqu’il atteint dix-huit points, « grave » entre dix-sept et quatorze, « accru » entre treize et huit, « variable » en dessous de huit.

Il s’agit dans chaque affaire de tenter d’agir en conséquence, avec les moyens appropriés : le port obligatoire du GPS pour empêcher le conjoint d’approcher physiquement la victime, l’emprisonnement systématique en attente du jugement, ou encore la suppression des droits de visites des enfants en cas de menaces « …

…Il aura fallu un crime odieux, le meurtre d’une jeune mère de 35 ans et l’indignation d’une communauté, pour que la petite ville de Newburyport dans le Massachusetts mette en place l’un des programmes les plus efficaces de prévention contre les violences domestiques.

Le 26 mars 2002, Dorothy Giunta Cotter est abattue d’une balle en pleine tête dans sa chambre, des mains de son propre mari, qui retourne ensuite l’arme contre lui.

Quelques minutes plus tôt, l’une de leurs filles alerte les voisins qui ont prévenu la police, mais ni son arrivée sur les lieux, ni les appels au calme du répartiteur ne parviennent à convaincre William Cotter, 40 ans, de rendre son arme »…(Extraits).

http://www.blog.fr/admin/b2edit.php?blog=466581&force_sdata=1&use_old_editor=1

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« Les résultats sont là. Newburyport n’a enregistré aucun homicide lié à des violences conjugales ces huit dernières années, et sur « les 108 cas à hauts risques recensés, huit femmes seulement ont du chercher refuge dans un foyer contre 90% des cas auparavant. »

Je ne sais pas quels sont les « vingt facteurs de risques d’homicides » figurant sur la liste de questions constituant « l’ outil d’évaluation du danger », mais je peux déjà en cocher 4, concernant l’ex conjoint de MON propre enfer conjugal :

•la possession d’armes ;
•les antécédents de violence ;
•les menaces de mort;
•le sexe forcé ;

( etc…)

« Mais ce qui choque le plus dans cette histoire c’est que ce crime aurait pu être évité. Dorothy Giunta-Cotter se savait menacée. Un mois plus tôt, elle était allée porter plainte à la police et avait fait le récit sous serment de ses vingt années de sévices »…

La police reste souvent impuissante: je me suis « évadée » cachée dans les toilettes d’un avion, en abandonnant tout derrière moi. Je suis vivante aujourd’hui et j’ai reconstruit une famille..

Avec Monamoureux « incroyable », le même depuis 38 ans…

Merci, merci la vie !