"Jésus, Mahomet, Bouddha, le type du Temple Solaire et tous les autres, ont bien commencé seuls, un jour ". Copions-les !

« Foi géante pour affronter l'obscurantisme religieux et le machisme socia!

…  » Les religions concourent au malheur des femmes. Notamment, en distillant une vision machiste de l’humanité. Une Américaine de cent deux ans, qui fut à la tête de l’une des premières ONG de l’histoire, a dit en 2000 : « je vois que rien n’a changé pour les femmes depuis mon époque. On les bat toujours, on les viole, et personne n’arrive à empêcher cela ».
Et partout sur la planète ! La chaîne Arte le confirme : en Roumanie, sur mille cinq cents prisonnières de la prison de Tagsor, trois cents avaient tué un mari violent. L’état s’est montré impuissant à les protéger des violences maritales. Elles ont dû tuer pour sauver leur peau ! En France, l’auteur de violences conjugales encourt une peine de trois à cinq ans de prison, assortis d’une amende de 45 000 à 75 000 euros, pour atteintes volontaires à la personne… sur le papier ! En réalité, le policier sermonne un peu, le procureur classe beaucoup et les preuves sont difficiles à constituer. Une chute dans l’escalier, toute seule, est si vite arrivée ! D’ailleurs, le compagnon serait bien bête de ne pas se comporter en « bourreau ». Le magazine Valeurs mutualistes révèle que : « 47 % des femmes soumises à des violences physiques ou verbales répétées, se disent toujours amoureuses de leurs compagnons ».
– Je suis atterrée ! Si les femmes ne réagissent pas, si les Mâles
refusent de changer, de façon radicale, si les gouvernements s’en
contrefichent, si les religions se maintiennent en l’état, alors il faudra trouver une solution à l’échelle individuelle, pour fuir toute cette chienlit violente, destructrice et inhumaine. On devra chercher un coin de terre quelque part, et créer un microcosme, où tout sera pensé et construit par des femmes pour des femmes, dans la sérénité et le respect de chacune. Jésus, Mahomet, Bouddha, le type du Temple Solaire et les autres, ont bien commencé seuls, un jour. Regarde à quels types de sociétés plus ou moins machistes, ils sont parvenus quelques centaines d’années plus tard. Il n’y a qu’à les copier « …
(Extrait).

………

Un village de femmes: « Le Village des Vagins » ?

… « Assise sous la magnifique véranda de mon petit bungalow en bois de couleur, surplombant la mer turquoise et sa plage dorée, je songe au chemin parcouru depuis notre arrivée sur Nosy Komba.
Tingy Tanàna est devenu un grand village de femmes, dynamique et international, farouchement opposé à toute normalité sociale. Une sorte d’avatar de la philosophie Queer !
Des femmes de plusieurs nationalités nous ont rejointes. Entre autres, une Portugaise à qui on refusait une IVG, une Espagnole tabassée sans répit depuis des années par son mari, une Italienne qui ne voulait pas être mère, malgré les injonctions violentes de son époux, et une Suédoise à qui la police de son pays avait donné une nouvelle identité, pour tenter de la soustraire au désir de meurtre de son conjoint. Sans compter Aïcha, une jeune Marocaine arrivée il y a six mois. Elle avait commis un double
crime. Celui de coucher avec son voisin sans être mariée, et celui
de se retrouver enceinte. Infirmière diplômée, elle était devenue
un objet de honte. Rejetée par sa famille et bannie de la société, elle risquait jusqu’à un an de prison. Son père, un notable, lui a donné un petit pécule et l’a mise dans l’avion. Pour son bien à lui, pas pour le sien ! Elle a atterri à l’aéroport d’Orly. Le soir même elle prenait un billet d’avion pour Madagascar : voir Nosy Be et mourir…
Sept mois plus tard, elle mettait au monde une adorable petite
fille, devenue la coqueluche de tout le village. Depuis, débordante
de joie de vivre, elle s’occupe du jardin d’enfants. Des femmes malgaches jeunes et moins jeunes, arrivées à bout de souffle, ainsi que des petites filles abandonnées ou maltraitées, s’épanouissent pour un temps à Tingy Tanàna, à l’abri des violences machistes et des comportements misogynes. Chacune y construit ou reconstruit sa vie comme bon lui semble, en y apportant sa contribution, dans le respect absolu et incontournable
de l’autre. Celle qui enfreint ce seul dogme, s’exclut, elle-même,
du village.
Fanny partage la vie de Cécile et de son adorable Sarah, âgée de deux ans maintenant. Victor a aidé sa fille à réaliser au bout du village, juste à la pointe, une structure touristique originale et très recherchée : le Sambo Nanas (le bateau des femmes). Réservé uniquement au sexe féminin, il ne désemplit pas. De nombreuses habitantes des hameaux environnants, ont trouvé un emploi à l’hôtel. Les bénéfices générés contribuent à l’entretien du village.
Chris et Pablo président à la collecte de plantes médicinales rares, réalisée par les autochtones. Ils approvisionnent de grands labos européens. Ce qui génère aussi des revenus intéressants pour le village, et des salaires décents à des familles de l’île.
Notre médecin vénézuélien est, quant à elle, fière de son petit dispensaire. Il accueille aussi des femmes étrangères au village, pour des soins. Pablo a été choisi pour gérer Tingy Tanàna, avec l’aide du Conseil qui se réunit une fois par mois. Maria, notre amie portugaise, lui donne un coup de main pour les cours de Karaté obligatoires.
Quant à moi, j’ai créé : Original Malagasy Art,une galerie d’art africain renommée et très rentable. Certains Malgaches sont tout simplement géniaux en sculpture. Les plus doués m’approvisionnent en pièces magnifiques, réalisées dans des bois précieux. Cela va du masque géant, de près de deux mètres de haut, au petit meuble sculpté issu de l’art zafimaniry, en passant par de grandes statues de bois brut et vieilli, au réalisme érotique surprenant. J’ai réalisé un site Internet très visité, si j’en juge par les nombreux mails reçus. J’y fais connaître Tingy Tanàna. Ce site assure aussi la promotion de la structure hôtelière, ainsi que celle de la galerie d’art africain. L’internaute de passage apprend, entre autres, que le sculpteur des masques est originaire de Nosy Komba. Au premier abord, le visiteur est impressionné par la taille des oeuvres. Ensuite, il se laisse gagner par la sensualité qui s’en dégage. Celle de la « peau »,extrêmement lisse et polie d’une chaude couleur brun acajou. Et aussi, celle des narines largement ouvertes sur l’atmosphère ambiante. Enfin, celle des lèvres aux courbes généreuses si polies, de vingt centimètres d’épaisseur chacune, qui parlent à l’imaginaire de chacun d’autant plus que le regard est occulté.
Le visiteur virtuel découvre aussi le véritable art zafimaniry. Il est produit uniquement par des familles vivant dans des villages de forestiers, situés à l’est et au sud d’Ambositra. Sa réalisation reste secrète et transmise de génération en génération. La galerie s’intéresse uniquement aux tables basses, chaises, fauteuils et tabourets. Réalisés dans un bois vieilli de teinte grise ou noire, ils sont sculptés ou gravés de petits motifs géométriques qui se détachent en couleur claire.
L’internaute se laisse aussi interpeller par les célèbres statues très
réalistes, sculptées dans la région de Morondava. Elles représentent,
entre autres, des accouplements, des érections phénoménales, des sexes féminins, des ventres fécondés et des seins plantureux… Les oeuvres les plus recherchées sont de taille moyenne, en bois brut, directement inspirées de l’art funéraire du Sud Ouest. Les sculpteurs ne sont pas des obsédés sexuels. Leurs statues au réalisme érotique insolite, ne font que raconter la vie des défunts. Ce couple a eu beaucoup d’enfants, cet homme-là était un bon étalon, cette femme fut une excellente nourrice… Un fait est certain: la contemplation de ces statues érotiques ne déclenche pas un
rire gêné. Le spectateur se sent interpellé par l’énergie sensuelle, dégagée par ces représentations de l’union charnelle et de ses corollaires,
la fécondité et la maternité. Le sculpteur se fait magicien et transforme parfois en « statues de sel », cette énergie éphémère balayée tôt ou tard par la mort.
La Suédoise, Hide, dès son arrivée au village, a choisi de gérer avec passion, cette galerie d’art « virtuelle ». Jeune fille au pair en France, il y a une dizaine d’années, elle était retournée en Suède, diplômée en art plastique. Un Mâle ordinaire a croisé sa route, pour son malheur. Quelque temps après, elle fuyait la brute épaisse qui était devenue son époux. Elle atterrissait à Tingy Tanàna et renouait avec ses anciennes amours. Deux collègues malgaches l’assistent, pour les expéditions en conteneur, des pièces commandées et réglées grâce à Internet. Une troisième
s’occupe de la mise à jour du site, et répond aux mails.
Ah ! J’allais oublier. Nous avons accueilli deux homosexuels au village des femmes. Pierre et Simon, sont responsables du bar et du restaurant de Sambo Nanas. Ces hommes charmants étaient des copains de classe de Fanny. Le Conseil a jugé qu’ils ne représentaient aucun danger pour le village. Ils sont notre symbole de tolérance. Mais cette exception confirme la règle, bien sûr.
Il nous est possible à Victor et à moi, de voyager souvent ensemble. Il a cédé son entreprise, mais gardé la moitié des parts.Ce qui lui assure des revenus corrects. Il continue à s’occuper de ses affaires, et je m’emploie à faire connaître Tingy Tanàna. J’ai réalisé un magnifique cédérom sur le village des femmes. Je ne perds pas une occasion de parler de lui lors de mes déplacements, grâce à des interviews à la télévision ainsi que dans de grands quotidiens et magazines. Et aussi, lors de réunions organisées
par différents mouvements, qui se battent pour changer la condition
de femmes opprimées ou maltraitées.
L’Amérique, habituée aux révélations fumeuses de gourous illuminés, a visité notre site Internet. Elle a réservé un accueil enthousiaste à notre initiative. Nous avons été invitées en Californie, et des échanges chaleureux et fructueux ont suivi notre séjour. Quelque temps après, Women Village a vu le jour sur la côte ouest…

….Vive Tingy Tanàna ! havre de paix, où des femmes ensevelissent
tout doucement leurs chagrins, en réapprenant à sourire à la vie ; loin du chaos des hommes. En toute liberté d’être, seulement… elles-mêmes !

Femme! si tu nous rejoins, pense à ne laisser derrière toi que
la trace de tes pas, et n’oublie pas d’emporter avec toi, tes rêves
les plus fous…
« (Extrait).

ExtraitS du roman : Tingy Tanàna, le Village des Vagins – Lyliane Lavilgrand- paru en 2007 et épuisé.