Inceste maternel : lamour en plus. Caroline Eliacheff.
[…Cest toujours au nom de lamour que les pires transgressions sont justifiées. Lamour nest donc pas une valeur sûre surtout lorsquil sagit de lamour parental. Bettelheim affirme que « lamour ne suffit pas », mais Ferenczy va plus loin : « Si les enfants qui traversent la phase de la tendresse reçoivent plus damour ou un amour dune autre sorte que celui quils désirent, cela peut avoir des conséquences tout aussi pathogènes que celles quaurait la frustration amoureuse. » Echo à Françoise Dolto selon qui « lamour maternel évolué est très rare ». Dont acte. ]
Extrait:
…Quant au deuxième type dinceste mère-fille, il sappelle justement linceste du deuxième type. Lanthropologue Françoise Héritier la défini la première comme la relation sexuelle de deux consanguins avec le même partenaire, par exemple quand une mère et sa fille ont une relation sexuelle avec le même homme. Cette relation introduit « une intimité charnelle entre consanguins inconcevable, indicible autrement que par le sous-entendu des mots » (1). Ce type dinceste ne fait pas lobjet dune prohibition universelle, mais il nest pas non plus clairement autorisé, puisque sa transgression provoque pour le moins un malaise.
Qui a pu ne pas voir Sophie Anquetil faire la promotion du livre où elle raconte la vie amoureuse de son père en affirmant quil ne sagissait pas dinceste ? De quoi sagit-il alors ? Le bien-nommé « coureur » Jacques Anquetil naime les femmes que si un obstacle, moral ou légal, se met en travers : Nanou est déjà mariée et mère de deux enfants quand il la rencontre. Elle est surtout lépouse de son médecin. Séduite, elle avoue tout à son mari qui la séquestre ; le coureur, lui, la kidnappe. Rien ninterdit bien sûr à une femme amoureuse de divorcer pour se remarier. Anquetil épouse Nanou. Quand le coureur raccroche, il veut un enfant. Nanou ne peut plus en avoir, son premier mari lui ayant ligaturé les trompes après un second accouchement difficile. Pour garder son homme, elle propose sa fille, Annie, comme « mère porteuse », par amour bien sûr. Annie a dix-neuf ans en 1972, elle est mineure, « libre de faire ce quils voulaient que je fasse », dit-elle aujourdhui sobrement. Elle met au monde Sophie, lauteur du livre. Annie est mineure mais elle nest pas dupe : elle sait quelle « plaît » à Jacques et aussi quil lui plaît. Et lamour frappe encore : Annie passe du statut de mère porteuse à celui de maîtresse ou de seconde épouse sous le toit maternel. Elle y restera douze ans.
Sophie affirme sa fierté davoir un superpapa et deux mamans, dautant que ses copines nen ont quune. Lune est sa mère, lautre sa grand-mère, elle le sait parfaitement, mais elles laiment tant toutes les deux… Et Anquetil les aime tant toutes les trois ! Avec une naïveté confondante, elle affirme donc quil ny a pas dinceste, « puisque son père et sa mère biologiques nont pas de liens de sang ». En fait, il y a un double inceste : inceste du deuxième type car la mère et la fille couchent avec le même homme, et inceste père-fille car Anquetil était le beau-père dAnnie. Les liens de parenté ne se réduisent pas au biologique. Les places générationnelles comptent tout autant. Jacques Anquetil, mari de la mère, navait pas le droit de coucher avec sa belle-fille, même au nom dun excès damour.
La littérature, le cinéma et la clinique psychanalytique nous disent chaque jour ce que de telles situations peuvent provoquer comme ravages. Pourtant, la publicité et les revues féminines exaltent périodiquement la similitude entre mères et filles. A cet égard, la campagne récurrente du Comptoir des cotonniers, marque de vêtements pour femmes, est exemplaire, puisquelle montre toujours des photos de mères avec leurs filles, sans quon puisse les distinguer. Il y a quelques mois, la légende disait : « Une mère, une fille, deux femmes. » Elle était en contradiction avec la photo, qui disait : « Une mère, une fille, une seule femme. Nous sommes pareilles et nous aimons ça. »…
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Oui je sais, il existe heureusement une immense majorité de petites mamans…pleines de défauts, mais capables d’aimer leurs enfants pour eux-mêmes et non pas afin qu’ils pansent les névroses maternelles !
Il n’empêche que j’aurais aimé être une enfant ayant reçu « PLUS d’amour »
…Juste pour savoir COMMENT c’est !
