L’athéisme, une religion ? (Ronald Dworkin )

Par Alain Policar:

« Pour le philosophe Ronald Dworkin , les athées qui perçoivent ce lien -substantiel entre l’idée que l’univers est compréhensible et celle que sa beauté relève de l’inévitable- peuvent être qualifiés de religieux.

Le célèbre éditeur protestant, Labor et Fides, a eu la passionnante idée de traduire cet ultime ouvrage du grand philosophe du droit et de la politique, disparu en février 2013.

L’indépendance des valeurs

La thèse centrale est d’une grande simplicité: la religion est plus profonde que Dieu. Ce que Dworkin nomme religion doit être précisé, en particulier à l’intention des lecteurs pour lesquels le concept est inséparable de la pratique du culte. Rien de tel pour le philosophe américain qui l’analyse comme une vision du monde «aussi profonde que différenciée et complète» (p. 11).

Celle-ci «soutient qu’une valeur inhérente et objective pénètre tout, que l’univers et ses créatures sont dignes d’admiration, que la vie humaine a un sens, et l’univers un ordre» (ibid.). Dans cette perspective, la croyance en Dieu est une possibilité mais non une nécessité. Dworkin considère que si les dieux sont attrayants, c’est essentiellement en raison de «leur capacité supposée à remplir le monde de valeurs et d’objectifs» (ibid.).

Aussi les croyants partagent-ils avec certains athées la croyance en la réalité indépendante de ces valeurs. C’est, d’après l’auteur, très précisément ce que pensait Einstein: «De savoir que ce qui nous est impénétrable existe réellement et se manifeste comme la plus haute sagesse et la beauté la plus rayonnante […], un tel savoir, un tel sentiment sont au cœur de la véritable religiosité. En ce sens, quoiqu’en ce sens seulement, j’appartiens au nombre des hommes profondément religieux» (Einstein in Living Philosophies: The Reflections of Some Eminent Men and Women of our Time, Clifton Fadiman, New York, Doubleday, 1990, p. 6).

Faut-il aller au-delà de l’interprétation classique de la pensée du physicien, qui considère qu’Einstein exprime seulement la conviction que l’univers est gouverné par les lois de la physique fondamentale et qu’il est, dès lors, compréhensible? Dworkin le pense.

Pour lui, Einstein voulait dire également que la beauté ne fait pas partie de la nature. Elle est située au-delà, ce qui indique qu’elle ne peut être saisie par la seule compréhension des lois physiques: «La croyance d’Einstein était qu’il existe une valeur transcendante et objective qui imprègne l’univers, une valeur qui n’est ni un phénomène naturel ni une réaction subjective à des phénomènes naturels» (p. 15).

Je suis tenté de penser que Dworkin a raison…(Extrait)

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http://www.slate.fr/tribune/85353/atheisme-peut-il-etre-religieux

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 » Je suis tenté de penser que Dworkin a raison  »

Moi aussi !

«La croyance d’Einstein était qu’il existe une valeur transcendante et objective qui imprègne l’univers, une valeur qui n’est ni un phénomène naturel ni une réaction subjective à des phénomènes naturels»

L’athéisme est une religion: la mienne ! 😉