" Ma fille Marie "- Nadine Trintignant(Fayard).

[ Pour ceux qui ne l’ont pas lu voici certains passages..

« …. Je dormais pendant que ton meurtrier te tuait à coup de poing d’une violence que Delajoux, le chirurgien, a comparée à la force d’une moto projetée contre un mur… »
« … cette sorte d’homme ne cherche pas les femmes soumises, mais les femmes libres et indépendantes, pour mieux les écraser. Les humilier. Dominer à tout prix….. »

« …Ce soir, en pensant que le lendemain était un dimanche, que le réveil ne sonnerait pas, j’avais doublé ma dose de somnifères. Réveillée et claire, aurais-je senti ta terreur ?… »
« …les « femmes battues ». Comment leur dire de ne pas accepter ? Jamais ! Elles sont un million et demi en France. En 1999, il n’y a eu que dix-sept mille plaintes… La plupart des cogneurs ont bénéficié de non lieu. U n sur trois a été jugé. Ils ont écopé de peine avec sursis…»

« ….le processus….la première baffe arrive…ils demandent pardon, pleurent…petit à petit, patients comme des bêtes guettant leur proies ils mettent les femmes dans un état de dépendance psychique….elles ont honte d’abord…se sentent coupables d’être battues…ont peur ensuite… »

« …on peut adorer sa fille, partager l’amour, le travail, le rire et même des confidences de femmes avec elle, et ignorer tout un pan de sa personnalité… »

« …et souvent, te voyant sombre, te voyant mauvaise mine, je n’osais violer le mur de ton intimité. Aujourd’hui, je m’en veux de mon respect imbécile… »

« …Monter le film est une façon de te voir bouger, parler, rire et pleurer. Quand j’ai trop envie de te toucher, je me sauve. La nuit quand je n’arrive pas à dormir, je vais à mon ordinateur pour t’écrire cette longue lettre. C’est une autre façon d’être au plus prés de toi… »

« …Après le procès de ton meurtrier, je rejoindrai peut être les mouvements qui tentent d’aider les femmes…dont certaines, comme toi, meurent sous les coups de ceux qui, croyaient elles, les aimaient. Il faut les secourir. Ce que je n’ai pas su faire pour toi, peut être arriverai-je à le faire pour tes sœurs de souffrance. Peut être saurai-je trouver les mots pour qu’elles parlent à leur tour. Qu’elles portent plainte avant que le pire n’advienne pour elles. Je t’aime, ma fille chérie. Je t’aime à jamais. Peut être parviendrai-je un jour à ne plus être obsédée par les horribles images de la fin de ta vie. J’arriverai à penser à toi avec douceur, et à te sourire. Peut-être. Je ne suis sûre de rien. »

Toute la douleur d’une mère qui a perdu son enfant transperce au fur et à mesure des pages. Cette haine envers cet homme que toujours elle cite « ton meurtrier », ces reproches de n’avoir pas osé, de n’avoir pas compris, de n’avoir pas deviné. Quand un homme frappe, il n’y a aucune notion d’amour. Ce n’est même pas de la jalousie. Il n’y a aucun mot pour définir ces actes. Le long récit de souvenirs qui reviennent pendant les opérations que doit subir Marie Trintignant, l’attente, l’angoisse. La détresse et la douleur qui submergent cette mère à la perte de « sa fifille », Son combat pour survivre à sa mort. Sa colère envers certains médias sans scrupules, et surtout cette haine envers B. Cantat, qui aurait pu sauver sa fille, peut être. Elle évoque sa lâcheté et souhaite très fort le voir condamné. Condamné pour avoir frappé Marie, condamné pour l’avoir laissée mourir au lieu d’appeler les secours, condamné pour son égoïsme, d’avoir téléphoné à ses amis plutôt qu’a un médecin, condamné pour avoir accusé Marie d’avoir « commencé » la dispute. Toute mère comprendra aisément, la rage de Nadine Trintignant, cette haine envers B. Cantat, qui aujourd’hui la fait tenir debout pour son fils, Vincent, pour les enfants de Marie, et pour sa fille Marie.

En annexe du livre, il y a sept lettres. Des lettres écrites à différentes époques de la vie de Marie Trintignant. Cela va du petit mot d’enfant au message d’amour éclatant. Correspondance d’une fille à sa mère.

…Un petit livre pour une douleur insondable: des pages d’amour,de douleur, de haine ]
Source Ciao.

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minou fusil