(Si vous l’avez raté).
Par Roland T., professeur dhistoire-géo:
« Des graffitis sur la basilique du Sacré-Cur
…« Profanation ». Tous utilisent ce mot. Pas délit, pas vandalisme, pas dégradation : profanation. Soit un rapport au sacré. Aucun recul, aucune neutralité dans lexercice dune fonction publique. Le fait religieux est posé comme une évidence, et pas question de rappeler que si laction publique organise la libre expression religieuse, elle ne reconnaît rien.
Des communards tués à cet endroit
Maintenant, venons-en au cur de cette affaire du Sacré-Cur, celui quaucun politique na relevé : pourquoi commettre pareil acte à cette date et à cet endroit ?
Le 18 mars 1871, le peuple parisien, assiégé et affamé, se soulève contre lAssemblée versaillaise, réactionnaire, monarchiste et cléricale. Les Parisiens montent au sommet de la colline de Montmartre, à lépoque dépourvue de cette fameuse basilique, simple vignoble urbain, sur laquelle se trouvent des canons de larmée. Le peuple sempare des armes, proclame la Commune, et en appelle au pays pour défendre la « vraie République ».
Nul nignore la fin de lépisode : lors de « la semaine sanglante » (21-28 mai 1871), larmée de Thiers reprend la ville au prix de 20 000 à 30 000 morts (vous vous rendez compte ? Quasiment le bilan de linsurrection du ghetto de Varsovie), exécutés à la chaîne et enterrés sous les rues (on retrouvera plusieurs charniers pendant les travaux de percement du métro dans les années 1897-1902).
Lhumiliation par lédification dun basilique
Avant leurs exécutions, traînés dans la ville sous les crachats des possédants, les Communards étaient contraints de sagenouiller devant chaque église, chaque croix et chaque image sainte rencontrée. Cest que le peuple parisien était déjà, et de longue date, très profondément anticlérical et largement « athéisé », convaincu depuis plusieurs révolutions (1792, 1848) du rôle réactionnaire du clergé.
Et que fait lAssemblée versaillaise après la reprise de la ville, après ce triomphe face aux gueux ? Car les morts ne lui suffisent pas. Il faut rééduquer les vivants par la pénitence. Il faut leur imposer « lordre moral ». Pour ce faire, est votée une loi qui destine la colline de Montmartre à lérection dune basilique. Rien que ça. Lhumiliation par lédification.
Une blessure jamais refermée
Les quartiers populaires sont contraints de taire leurs milliers de morts tandis que, lors du discours dinauguration du chantier, en 1875, on peut entendre que :
« Cette butte [était] sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de lEglise semblait surtout animer. »
Lanarchisme français est né dans cette blessure jamais refermée au cur du peuple parisien. De cette obscénité. Car sil y a profanation, cest dabord dans la dissimulation du crime sous cette basilique.
Alors messieurs les politiques, quelques tags à effacer vous qui faites afficher vos trombines à des milliers dexemplaires sur TOUS les espaces publics disponibles, souffrez quon voit la profanation là où elle se trouve : dans lexistence même de cette basilique à cet endroit »(…Extrait).
http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/20/profanation-cest-basilique-sacre-coeur-les-tags-250836
*************************************************************************
» Profanation ». Tous utilisent ce mot. Pas délit, pas vandalisme, pas dégradation : profanation. Soit un rapport au sacré. Aucun recul, aucune neutralité dans lexercice dune fonction publique. Le fait religieux est posé comme une évidence, et pas question de rappeler que si laction publique organise la libre expression religieuse, elle ne reconnaît rien. »
« Le fait religieux n’est absolument pas une évidence ! »
Et en effet! des graffitis sur une église sont juste du vandalisme !
… »Avant leurs exécutions, traînés dans la ville sous les crachats des possédants, les Communards étaient contraints de sagenouiller devant chaque église, chaque croix et chaque image sainte rencontrée. Cest que le peuple parisien était déjà, et de longue date, très profondément anticlérical et largement « athéisé », convaincu depuis plusieurs révolutions (1792, 1848) du rôle réactionnaire du clergé. »
Comme on connaît aussi, entre autres, le rôle indigne et inhumain(!!!) de l’Eglise concernant l’esclavage ?
Peut-être faudrait-il que l’Eglise réalise, un… jour(!), que pour exiger du respect à son égard, il faut savoir respecter les autres, TOUS les autres qui ne pensent pas comme elle(!): « Car sil y a profanation, cest dabord dans la dissimulation du crime sous cette basilique. »:##