Pour le "Droit des Hommes "…

[ « LA VIOLENCE : UN DROIT DES HOMMES

Extrait de la version japonaise de notre livre  » Femmes et Violences dans le monde

Bien qu’elles représente une pratique pluri-millénaire, qui s’est poursuivie dans tous les pays quels qu’en aient été la religion ou le système de gouvernement, la violence contre les femmes est le plus souvent niée. Elle n’est pas reconnue comme le FONDEMENT DE LA DOMINATION GLOBALE DES HOMMES SUR LES FEMMES et n’est donc pas étudiée.

Pourquoi n’a-t-on jamais pris le temps de réfléchir au sens profond de cette violence, qui, par sa nature et par les excuses qu’on lui a toujours trouvées, constitue l’abus de pouvoir le plus cynique et la manifestation la plus dégradante du mépris du premier sexe pour le second ? Aussi dégradante pour l’auteur des sévices, d’ailleurs, que pour sa victime. L’occultation des faits s’explique, semble-t-il, par deux raisons :

* la première c’est que cette violence s’exerce sur des victimes à peu près impuissantes et qui ont rarement la parole;
* la deuxième, c’est que les auteurs de cette violence, les coupables, sont partie intégrante et même pièces maîtresses du système patriarcal. Ils peuvent être hommes de loi, hommes d’affaires, hommes politiques, policiers, militaires, tenants en somme du pouvoir, qui refusent de se mettre en question.

Cette conspiration du silence autour des violences, en particulier sexuelles, a découragé la recherche sur ce sujet, comme s’il s’agissait d’un sujet tabou. Les chercheurs, aujourd’hui encore, occultent la réalité des faits en banalisant le vocabulaire et en gommant les précisions qui pourraient choquer. Par exemple, alors que les mauvais traitements, les viols ou les meurtres sont à 90% le fait des hommes, les sociologues préfèrent les regrouper sous l’appellation vague de  » violences familiales « . Tout se passe comme si on refusait de regarder en face cette vérité :  » Les comportements brutaux relèvent d’un processus plus ou moins conscient d’intimidation, par lequel TOUS LES HOMMES maintiennent virtuellement TOUTES LES FEMMES en état de peur et de dépendance « .

Ce silence, qui équivaut à une complicité tacite, il faut rappeler qu’on le retrouve dans tous les pays. Partout les hommes sont complices de la violence d’autres hommes.

Complices notamment par l’hypocrisie et le refus d’informer. Pourtant certains pays ont entrepris une action d’ensemble. Le Conseil de l’Europe avait adressé, il y a 10 ans déjà, une Recommandation à ses Etats Membres sur  » LA VIOLENCE DANS LA FAMILLE « , une formule qui ménageait, encore une fois, la sensibilité masculine. Tout récemment, à Vienne, en 93, on a été plus loin avec la  » DECLARATION SUR L’ABOLITION DE LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES  » (on voit que la formulation se rapproche peu à peu de la réalité), qui pose un principe très nouveau : les abus envers les femmes ne doivent plus être considérés comme un problème culturel, du domaine privé ou individuel, mais comme une matière politique relevant des Droits Universels et qui requièrent une action des Etats.

L’O.N.U a approuvé cette Résolution. La conséquence est qu’on ne pourra plus invoquer  » la nature féminine « , la coutume ou bien tel précepte religieux pour justifier une atteinte aux droits et au corps des femmes.

Par ailleurs l’analyse féministe s’attache aujourd’hui à prendre le problème en amont, d’une manière globale. Loin d’être perçue comme une perte de contrôle momentanée, une difficulté à communiquer, la violence est replacée dans le contexte général du contrôle de l’homme sur sa partenaire et du maintien de ce contrôle au nom des valeurs dites viriles.

Elle souligne aussi la victimisation des femmes, régulièrement montrées dans un statut de faiblesse et de dépendance. Cette appropriation des femmes découlant de structures très anciennes, il est normal que dans l’inconscient des uns et des autres subsiste la mémoire de la violence permise. Le déclenchement de cette violence est toujours en étroit rapport avec la perte ou le maintien du pouvoir viril. Or nous évoluons dans un climat psychologique où la virilité et la force brute sont trop souvent associées et continuent à être survalorisées.

Un exemple significatif : la vogue du hard rock américain, commencée dans les années 60 et qui constitue une transposition qui se veut héroïque, esthétique et quasi religieuse, de la violence. Des vedettes comme Jim Morrisson, Les Doors, Les Hell’s Angels, Mick Jagger ou les Rolling Stones, qui ont exercé une influence énorme sur la jeunesse, ont bâti leur carrière sur des simulations de viols sur la scène et des exhibitions sauvages censées provoquer l’extase sexuelle des filles.

Les filles se pâment, les garçons de déchaînent. On imagine les effets à long terme de cette mythification des mâles les plus violents.

Face à tout cela, qui existe et qu’on ne peut pas faire disparaître, il faudrait que les médias, au lieu de se contenter d’exhiber des cas pathétiques de viols ethniques, de femmes battues, etc., se livrent à une analyse critique des relations Homme/Femme.

Pour expliquer la recrudescence de violence constatée aujourd’hui, on évoque souvent la déstabilisation des mâles, qui seraient traumatisés par l’émancipation récente de leurs compagnes. Voire. Il semble que cette  » fragilité masculine  » continue à assurer la domination mâle dans tous les domaines que les hommes jugent importants : la politique, la science, l’art, l’argent, le sexe.

Le vrai progrès serait donc non seulement de guérir les hommes de la violence – cela prendra beaucoup de temps – mais que les femmes apprennent à s’y soustraire et osent la dénoncer.

Une démarche sans doute aussi difficile pour les unes que pour les autres, car elle romprait avec l’image traditionnelle qui perpétue des comportements désolants. Un défi exaltant pourtant qui pourrait déboucher sur une société véritablement nouvelle, où les mots LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE et SORORITE prendraient tout leur sens. ]
(Benoîte GROULT)
Source SOS SEXISME.

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« Le vrai progrès serait donc non seulement de guérir les hommes de la violence – cela prendra beaucoup de temps –

* mais que les femmes apprennent à s’y soustraire et osent la dénoncer »

… * Cela prendra…ENCORE plus de temps !!!!!

PS- et sur blog.fr on se fait encore (en 2010 !), « lyncher » par des machas :yes: