Le Morne: esclavage, créolité,communautés…

Esclaves en fond de calle d'un navire négrier en 1827
Chaînes et instruments employés par les commerçants d'esclaves  au 19e siècle
Punitions publiques sur la place Sainte Anne 1830 au Brésil
Source des photos: France5, L’esclavage.
(Hier, jour férié, c’était la fête de la fin de l’esclavage à Maurice.)

INTERVIEW Dr Sandra Carmignani (universitaire et chercheuse suisse) :

[ « Il n’y a pas une identité créole mais des identités créoles  »

Universitaire et chercheuse suisse, Sandra Carmignani a soutenu avec succès une thèse de doctorat sur le thème  » Mémoire déchaînée autour du Morne : esclavage, créolité, patrimoine à l’île Maurice  » à l’université de Lausanne en Suisse il y a une quinzaine de jours.
 » Mon analyse autour du Morne illustre la difficulté à penser l’histoire de l’esclavage et d’en faire un lieu de mémoire commun, au-delà des frontières tracées entre les communautés de l’île et, surtout, au-delà des représentations sociales négatives qui stigmatisent aujourd’hui les Créoles « , explique-t-elle dans une interview au Mauricien par e-mail dans le cadre de la commémoration de l’abolition de l’esclavage demain. Le père Alain Romaine faisait partie des membres du jury à l’occasion de la soutenance de sa thèse. Sandra Carmignani a fait toutes ses études à l’Université de Lausanne, où elle a été durant cinq ans assistante diplômée à l’Institut d’anthropologie et de sociologie de la faculté des sciences sociales. Elle découvre Maurice lors des vacances dans l’île en 2002 et est tout de suite séduite par l’aura du Morne. Pour les besoins de ses recherches, elle a vécu de manière non consécutive presque deux ans à Maurice, entre 2003 et 2009.  » Le gros de mon terrain (de septembre 2005 à septembre 2006, puis de septembre 2008 à mars 2009) a été financé par le Fonds national de la recherche Suisse « , confie-t-elle.

Pourquoi une étudiante suisse s’intéresse-t-elle à l’esclavage à Maurice ?

J’ai découvert Maurice en 2002 lors d’un voyage de tourisme. J’ai immédiatement été interpellée par l’aura du Morne et de son histoire. Ce sont cependant les remous autour du projet de téléphérique sur la montagne qui ont attiré mon attention en tant qu’anthropologue. Je travaillais déjà sur des questions relatives au patrimoine et aux biens culturels pour mon master en anthropologie. Les enjeux identitaires autour de la montagne et de la créolité sont rapidement devenus centraux dans mes investigations. Le Morne constitue le pivot autour duquel se concentrent mes analyses qui portent à la fois sur le processus d’inscription au patrimoine mondial et sur le processus de construction de l’identité créole à Maurice »…
Source http://www.lemauricien.com/

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Lieux témoins:

 » Des forêts et une montagne, c’est la nouvelle contribution de l’Afrique au patrimoine culturel mondial. Les forêts sacrées de Kaya des Mijikenda, au Kenya et la montagne le Morne, à Maurice, figurent dans les 27 nouveaux sites ajoutés à la liste des merveilles du monde lors de la 32e session du Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unis pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Le site du Mijikenda est, selon l’Unesco, « un témoignage unique d’une tradition culturelle et pour ses liens directs avec une tradition vivante ». Etendu sur près de 200 km le long de la côte kenyane, les forêts du Mijikenda referment les vestiges de nombreux villages fortifiés, les kayas. Ils ont été construits à partir du 16e siècle. Ces villages ont été abandonnés dans les années 1940.

« Des sites tout simplement grandioses »

Le paysage culturel de la montagne du Morne Brabant, très accidenté, est le second site mauricien inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Située dans le sud-ouest de l’île Maurice, cette montagne a servi de refuge aux esclaves qui prenaient le maquis au cours du 18e siècle. Les esclaves évadés, surnommés les marrons, trouvaient refuge dans des grottes et au sommet de la montagne. Le Morne est ainsi devenu aux yeux de la population mauricienne le symbole de la lutte des esclaves pour la liberté. Lieu de passage du commerce des esclaves en direction du Yémen, l’île Maurice était connue à l’époque sous la dénomination de  » République des marrons » à cause du nombre important d’esclaves, en fuite, installés dans la montagne »…
Source AfriK.com

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… »processus de construction de l’identité créole à Maurice ».

Pas évident, pour…tous.

La « mémoire » de l’esclavage « interfère », plus ou moins…

Comme dans toutes les anciennes colonies…françaises!!!

PS- signalé dans un article précédent: sous la pression des colons blancs, les esclaves de la Réunion attendront…14 ans de plus que ceux de Maurice, pour leur libération! Plus de « mémoire » à gérer?