» CHARIA
Amputations
Les amputations à Ansongo et Gao ont été réalisées à lissue de ce que les victimes ont décrit comme un « procès islamique ». Almahmoud, dont la main a été coupée le 8 août, a décrit son supplice à Human Rights Watch :
« Je suis marié et jai trois enfants, âgés de 6 ans, 4 ans et quelques mois. Je viens dun village proche dAnsongo. En juillet dernier, un pick-up rempli dhommes armés est arrivé chez moi. Les hommes ont expliqué quils enquêtaient sur un vol de bétail et que leur enquête avait révélé des traces de moto près de lendroit où les animaux avaient été volés et qui conduisaient à ma maison.
Ils mont ordonné de partir avec eux. Ils mont installé, moi et ma moto, sur un camion avec cinq hommes armés. Ensuite, ils mont placé dans leur prison à Ansongo où je suis resté pendant deux semaines. Pendant ma détention, je nai jamais été interrogé, pas une seule question sur laffaire.
Le 8 août, vers 10 heures du matin, ils mont emmené dans un bâtiment de bureaux qui leur sert de palais de justice. Jy ai trouvé une dizaine dhommes non armés assis en cercle sur des tapis. Ils mont demandé de masseoir au milieu et de leur raconter les faits. Jai dit que jétais innocent et jai expliqué ma version des faits.
Le chef du Mujao à Ansongo, a annoncé quils devaient appliquer la charia, après quoi ils ont discuté de mon cas entre eux. Ils parlaient en arabe, mais leurs propos étaient traduits en grande partie en tamashek afin que je puisse comprendre. Aucun dentre eux na présenté de preuve solide. Sur les dix hommes, trois étaient contre lapplication de la charia, mais les autres ont gagné.
Vers 15 heures, ils mont conduit sur la place publique, qui était pleine de monde. Ils mont lié les mains, les pieds et le torse fermement à une chaise ; ma main droite était attachée avec un cordon en caoutchouc. Le chef a lui-même coupé ma main comme sil tuait un mouton. Il a mis deux minutes environ pour me trancher la main, en criant Allah akbar [Dieu est le plus grand, ndlr].
Je nai reçu aucun médicament avant, seulement quelques pilules dans la cellule, une fois lamputation terminée, données par lhomme qui a fait mon pansement.
Je suis resté dans la cellule pendant une semaine sans voir un médecin. Je partageais la cellule avec deux autres hommes accusés de vol… Les islamistes ont dit que leur jour arrivait.
Plus tard, ils mont donné de largent pour réparer ma moto et pour acheter du thé, du sucre et des vêtements, et ils mont ramené à la maison. Je suis innocent : je nai pas volé ces animaux. »
Sur les cinq amputations réalisées le 10 septembre à Gao, une avait lieu sur la place de lIndépendance alors que les quatre autres avaient eu lieu quelques heures plus tôt dans un camp militaire à plusieurs kilomètres de là.
Le Mujao a indiqué aux médias que le crime supposé des suspects, banditisme de grand chemin, exigeait de couper la main droite et le pied gauche. Un sage ayant eu connaissance de lincident a raconté à Human Rights Watch :
« Ils ont été jugés et condamnés le même jour quils ont été amputés. Il y avait cinq juges, y compris des étrangers et un Arabe mauritanien du nom de Hamadi. Aucun avocat nétait présent au procès. Les juges ont posé des questions avant de rendre leur verdict.
Dans cette affaire, le jugement a eu lieu le matin et ils ont immédiatement procédé à lamputation. Hamadi lui-même a publiquement prononcé la sentence sur la place. »
Un autre témoin de lamputation a raconté :
« Vers 13h20, alors que je travaillais au marché, jai entendu le Mujao appeler la population à se rassembler sur la place. Environ 60 personnes se sont réunies et quelques minutes plus tard, le Mujao est arrivé à bord de dix Land Cruiser. A lintérieur de lun des véhicules se trouvaient le commissaire de police, Aliou Mahamar Touré, et un jeune homme.
Vers 13h45, Aliou a demandé à un islamiste de fixer une chaise à un pilier en béton à laide dune corde. Alors que le jeune homme était encore dans la voiture, il a reçu deux injections. Dix minutes plus tard, Aliou a demandé au jeune homme de se couvrir le visage, puis deux de ses gardes du corps lont fait descendre de la voiture et lont attaché à la chaise. Dabord la main droite, puis le pied gauche et enfin le torse.
Aliou a pris deux couteaux de boucher, les a placés sur une pièce de caoutchouc noir et a clamé Allah akbar, que les autres islamistes ont répété. Puis il a posé un couteau, et avec lautre, a coupé la main du jeune homme : cela lui a pris dix secondes. Il a soulevé la main pour que tout le monde la voie. Un autre islamiste avec une barbe a saisi le second couteau, a crié Allah akbar et a coupé le pied.
Les membres du Mujao ont commencé à prier et ont dit quils faisaient ce que Dieu leur demandait de faire. Aliou a ordonné de détacher lhomme et en même temps, il a demandé quon lui apporte un sac de sa voiture. Le sac contenait les quatre pieds et les quatre mains amputés aux autres voleurs. Il y a placé le pied et la main tout juste coupés et tous ont crié Allah Akbar.
Plusieurs islamistes ont transporté le jeune homme jusquà lhôpital. Le Mujao, dont environ 40 membres étaient présents, avait confisqué les téléphones portables pouvant prendre des photos et des vidéos aux spectateurs avant lopération et les leur ont rendus après. Personne na osé parler. Nous étions choqués et ils étaient lourdement armés. »
A deux reprises au moins, les résidents du nord du Mali ont protesté contre les amputations planifiées. A Gao, ils ont dabord obtenu gain de cause. Un témoin a décrit comment le 5 août, la police islamique conduisant plusieurs hommes vers la place pour des amputations a été prise à partie par « des centaines de résidents leur criant darrêter et leur jetant des pierres. Ils ont complètement bloqué laccès à la place de lIndépendance. Les islamistes ont tiré plusieurs fois en lair mais la foule était trop nombreuse. Elle a pu contrecarrer les projets des islamistes ».
2
Flagellations et passages à tabac
Cigarettes
Plusieurs témoins ont décrit avoir vu des hommes et des jeunes hommes battus pour avoir fumé ou vendu des cigarettes. Le 13 août, selon les propos dun témoin, un forgeron qui fumait à lintérieur de sa maison, a été « battu sérieusement par un groupe dislamistes qui la vu alors quils passaient en voiture. Ils sont descendus de voiture, ont pénétré dans la maison et lont fouetté. Mais suite à lintervention des voisins, ils lont seulement conduit au poste de police et, à la fin de la journée, ils lont libéré. »
Un vendeur sur le marché a expliqué quun homme âgé et malade pris en train de fumer sur le marché et frappé par un adolescent membre de la police islamique « sest uriné dessus au bout de cinq coups ; le châtiment pour avoir fumé est dix coups, cétait trop pour lui. »
Depuis juillet, un professeur de Gao a vu dix hommes battus en public sur la place publique de Gao pour avoir fumé. Un autre témoin a décrit les coups et la détention arbitraire en juin dun homme âgé de plus de 60 ans qui avait refusé de jeter sa cigarette :
« Ils lui ont ordonné de jeter sa cigarette, mais il a refusé en disant : Jaime fumer. Je fume aujourdhui, je fumerai demain… En fait, je fumerai jusquau dernier jour de ma vie. Est-ce la volonté de Dieu de battre des personnes qui fument ?
Ils sont devenus si furieux quils ont commencé à lui donner des grands coups et un islamiste de 15 ans la traîné jusquau poste de la police islamique, où il a été forcé de passer la nuit.
Imaginez, faire cela devant son petit-fils ! Jai vu le vieil homme le jour suivant ; il fumait toujours. »
Alcool
Un maçon qui avait été accusé de boire de lalcool à la mi-juin dans une ville du Nord a été menotté et détenu jusquau lendemain au poste de la police islamique avant dêtre, plus tard, soumis à 40 coups avec un fouet en peau et poils de chameau. Il a insisté en disant quil était victime dun ennemi travaillant pour le compte des islamistes, mais il a dit :
« Jai finalement accepté [les coups] parce quils nétaient pas près de renoncer. Ils ont appelé les personnes présentes dans le camp pour quelles regardent ; cest le chef qui a administré les coups de fouet. Il ma frappé 40 fois, en comptant en arabe, en remontant des jambes vers le haut du corps. Cétait terriblement douloureux, jai eu de nombreuses zébrures. »
Voile
Près de quinze résidents de Tombouctou, Goundam et Gao ont vu des femmes se faire battre pour avoir refusé de se couvrir la tête de manière adéquate. Un marchand ambulant qui travaille sur le marché de Tombouctou a vu « beaucoup, beaucoup de fois » la police islamique flageller des femmes sur le marché parce quelles refusaient de se couvrir. Il a expliqué à Human Rights Watch :
« Par exemple, en juillet, jai vu trois membres de la police islamique frapper une vendeuse de poisson parce quelle nétait pas suffisamment couverte. Parmi eux, il y avait un Sénégalais, un homme important dans la police, qui la frappée plusieurs fois jusquà ce quelle se couvre la tête, jusquà ce quelle pleure.
A peu près au même moment, ils ont dit à une femme dâge moyen qui vendait des mangues de se couvrir, mais elle a refusé. Ils ont commencé à la frapper ; elle a essayé de se protéger le visage, tout en répétant sur un ton de défi : Ny comptez pas… Vous avez pris le village et vous avez fait décliner nos activités, cest vous qui devriez être soumis à la charia. Ils lont frappé cinq, dix, vingt fois, mais elle na pas cédé. »
Musique
Les autorités islamiques ont interdit, sous peine de châtiments sérieux, aux résidents découter tout type de musique à la radio, en concert ou sur les sonneries de téléphones portables, en insistant sur le fait que les résidents doivent uniquement écouter des enregistrements des versets du Coran.
Un jeune homme qui vit près du siège de la police islamique à Tombouctou a raconté comment un jeune homme a été battu jusquau sang pour avoir répondu avec insolence aux autorités islamistes qui lui avaient demandé de leur remettre son téléphone portable après que la sonnerie jouant de la musique malienne a retenti :
« Il a désespérément tenté dappuyer sur le bouton décrocher dans sa poche. Ils lui ont dit de venir mais le jeune a répondu avec insolence ; deux islamistes lont fouetté jusquà ce quil saigne, en disant : Si nous faisions partie de larmée malienne, tu ne nous parlerais pas comme ça ! »
Téléphone
Certains résidents ont affirmé que la police islamique jetait les téléphones des résidents sur le sol ou retirait les cartes SIM et les leur rendait quelques jours plus tard chargées de versets du Coran. Un ancien organisateur de voyages a confié à Human Rights Watch :
« Un après-midi, je buvais du thé en écoutant de la musique ivoirienne avec six amis. On a toujours fait ça : discuter des événements de la journée autour dun thé.
Soudain, un pick-up avec des hommes armés de la police islamique a freiné brusquement et quatre dentre eux sont descendus. Lun deux, parlant arabe, a dit que la musique était condamnée par Dieu. Nous étions effrayés, ils avaient des pistolets et étaient agressifs. Ils ont retiré la carte mémoire du lecteur audio et, trois jours plus tard, ils me lont rendue. Ils avaient effacé la musique et enregistré des versets du Coran. »
Foot
Plusieurs autres résidents du Nord ont parlé des restrictions concernant les rassemblements publics. Un homme a confié :
« En mai, nous étions assis dehors pour regarder la demi-finale de lUEFA Champions League à la télé. Nous nous amusions, chacun encourageant son équipe et hurlant des Allez ! Mais les islamistes sont venus et nous ont dit quil était interdit de regarder la télé en public. »
Jeux denfants
Les autorités islamistes ont même interdit à beaucoup denfants de jouer. Un homme a expliqué que, le 4 août, plusieurs parents en colère ont fait irruption dans le poste de la police islamique de Gao pour se plaindre du fait que leurs enfants âgés de 8 à 13 ans avaient été battus pour sêtre baignés dans la rivière : « Les islamistes disent que maintenant cest interdit, en particulier si les garçons et les filles sont ensemble », a conclu lhomme.
Un homme qui a fui Tombouctou avec sa famille au début du mois daoût a raconté quen juin, les autorités islamistes lui ont ordonné de rentrer deux tables de babyfoot car « elles ont une mauvaise influence sur les enfants. Les garçons doivent prier au lieu de jouer dans la rue. »
Parfum, bijoux
Des femmes de Gao, Kidal, Aguelhoc et Tombouctou ont mentionné les restrictions subies dans le Nord. Une femme de Tombouctou a été arrêtée et interrogée par une patrouille de la police islamique car elle portait du parfum. Un officier lui a demandé si elle était mariée et la réprimandée :
« Si tu es mariée, pourquoi cherches-tu à attirer dautres hommes ? »
Plusieurs témoins ont décrit comment la police islamique intimide, flagelle ou frappe les femmes pour leur manière de shabiller, pour le port de bracelets, de bagues ou dautres bijoux. Plusieurs résidents ont précisé que la lapidation à mort du couple à Aguelhoc a entraîné la fuite de nombreuses femmes enceintes non mariées du Nord par crainte dun destin similaire. »
Article de Jeanne Caminata sur Facebook.
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Religions et barbaries dans… l’indifférence(!!) des Etats…
Pendant l’Inquisition, des prêtres et autres responsables catholiques ont redoublé de barbarie à l’égard de non croyants et de… soi-disant « sorcières »
Inventant des instruments de torture plus infernaux les uns que les autres, pour faire durer le plaisir dans un maximum de souffrances, et se repaissant des indicibles souffrances infligées jusqu’à ce que mort s’en suive…
Pas une religion pour sauver l’autre !!!!!!!!!!!!!!!!!