« Ile Maurice :Tourisme sexuel : La troublante vérité
Article de Zahool Deejay.
Le tourisme sexuel à Maurice. A priori, on aurait tendance à le nier. Mais quand un rapport, de lUnited States Department of States (voir ci-dessus) cite Maurice comme un lieu de trafic et dexploitation de personnes, dont des enfants, cela fait tiquer. Nous avons mené notre enquête en nous faisant passer pour des amis dun étranger voulant sencanailler. Nous choisissons comme point de départ laéroport, où certains chauffeurs de taxi agissent comme intermédiaires entre les touristes et lunivers de la prostitution.
Les taximen, attirés par lafflux de touristes en cette fin de matinée, ne semblent pas prêter attention aux autres clients qui attendent un peu plus loin. Nous décidons donc de les approcher quelques instants plus tard pour une « course » vers Blue-Bay. Un dénommé Sanjay se dévoue.
Âgé dune cinquantaine dannées, lindividu inspire confiance. En route, nous lui présentons notre « ami étranger » et nous lui expliquons que nous voulons lui organiser une petite « fête » et que nous sommes à la recherche de filles pour « égayer » la soirée.
« Je peux vous trouver des filles de 16 à 17 ans »
Après une brève hésitation, Sanjay nous confie quil peut nous mettre en contact avec « bann ti 35 ». Il demande toutefois quelques jours pour réunir les filles car, précise-t-il, ces dernières seraient des employées dhôtels et de restaurants du littoral sud, et cherchent simplement à arrondir leurs fins de mois. « Ban dimounn serie sa, pa pou ena problem ar zot », assure-t-il. Pris de court par ces propos, qui confirment par ailleurs lexactitude du rapport américain, nous lui disons que nous le rappellerons, la date de la fête nétant pas encore fixée.
Une fois à la plage de Blue Bay nous nous renseignons aussitôt sur les pensionnats qui jalonnent le morcellement. Mais cette piste ne nous mènera nulle part, car il nous manque un élément capital : les intermédiaires que sont les chauffeurs de taxi. Cest ainsi que nous nous tournons une fois de plus vers certains dentre eux, basés non loin de là. La deuxième tentative savère être la bonne. Le chauffeur nous parle dune habituée de la région et propose de nous la présenter.
Sengouffrant dans le morcellement, le taximan nous indique la personne en question qui se dirige vers un pensionnat, situé à une cinquantaine de mètres. Du haut de ses 40 ans, Banu, nous explique quelle compte regagner son domicile et nous propose de rencontrer une de ses amies à Rivière-des-Créoles. Nous décidons de suivre cette piste et nous nous retrouvons, quelques heures plus tard, en présence de deux autres quarantenaires. Elles expliquent quelles sont disponibles, quel que soit le jour de la « fête ». Cest ainsi que devant notre réticence manifeste, le nom dun certain James est mentionné. Après moult hésitations, Banu accepte de nous donner les coordonnées de James.
Ce dernier se trouve aussi être un chauffeur de taxi ! Opérant dans la région de Mahébourg, le dénommé James saurait, nous dit-on, où trouver des filles plus jeunes. Sur la « recommandation » de Banu, un rendez-vous est pris pour lendemain aux alentours du marché de Mahébourg. « Je peux vous trouver des filles de 16 à 17 ans. Mais il faudra partir les chercher une par une parce quelles ne traînent pas sur le trottoir », nous explique notre interlocuteur lors dune conversation téléphonique la veille de la rencontre. James est un habitué du business ; il ne pose pas de questions, mais pèse constamment notre crédibilité. « Je vous ai aperçus dans la région hier. Vous étiez sans doute à la recherche de filles », dit-t-il tout en nous dévisageant. Nous acquiesçons. Il propose alors de nous emmener faire un tour des villages périphériques pour nous présenter quelques filles.
Jouant à fond notre rôle, nous en profitons pour lui poser des questions sur celles quil compte nous présenter. Tout comme Sanjay, il nous explique que ces filles se font de largent de poche ainsi. Devant la requête de notre ami qui affirme préférer des « jeunes filles », James nous propose une fourchette de 17 à 22 ans.
Notre appréhension monte dun cran quand le taximan se faufile dans la ruelle sans issue apparente dune cité. Sarrêtant à la hauteur dune bicoque, il klaxonne en appelant le nom dune fille. Aucune réponse. Une voisine lui dira finalement que celle-ci est allée travailler à Port-Louis. James sarrête quelques ruelles plus loin et klaxonne à nouveau. Les membres de la famille de la fille jettent un regard méfiant avant de disparaître derrière leurs fenêtres.
Nous en profitons pour lui demander si ce nest pas dangereux de se présenter ainsi devant les membres de la famille. Sa réponse est catégorique : les familles napprouvent pas les visites de nimporte qui, sous-entendant quon le connaît. « Mo abitie vinn rod ban ti 35 la », glisse-t-il. Quelques secondes après, on sentend dire que la fille nest pas chez elle. James sexcuse et affirme quaucune de ces demoiselles na de portable, ce qui ne facilite pas les choses quand on veut les rencontrer.
Direction la cité dite « sans loi ». Anju, une fille dapparence fébrile, répond aux appels de James et sapproche de la voiture. James la met au parfum de notre course, et la fille acquiesce en précisant que cela ne la dérange pas de « travailler » la nuit, mais pas jusquà trop tard.
Des collégiennes qui se prostituent
Notre intermédiaire en profite pour lui demander si dautres personnes seraient intéressées. Elle énumère une liste de cinq noms, dont une opère dans un pensionnat de Blue Bay où nous étions la veille. James nous explique alors quAnju est âgée de 22 ans, et quil va nous présenter une fille de 19 ans. Cette dernière, Vania, accepte immédiatement, mais précise quelle ne pourra pas se libérer si la fête est organisée la nuit. James lui demande alors si sa sur cadette serait de la partie. Vania répond par la négative, mais assure quelle pourra trouver dautres personnes. Cest sur ces entrefaites que sachèvera notre course, et James nous reconduit à Mahébourg.
En route, nous lui posons des questions sur des filles encore plus jeunes, des étudiantes. James nous répond que cela nest pas impossible. De plus il précise « quil ny aura pas de problème si tout se fait dans les règles établies auparavant ». Poussant les questions jusquau bout, nous apprenons que certaines collégiennes du coin se prostituent, mais elles opèrent dans des agglomérations éloignées Rose-Hill, Beau-Bassin et Curepipe où elles ne risquent pas dêtre reconnues. « Ces filles sont encore à lécole et acceptent de participer à ce genre de soirée pour se faire un peu dargent », explique notre intermédiaire.
Notre guide en profite pour nous proposer des « danseurs de séga » dun genre particulier, mais nous déclinons son offre. Abasourdis par la tournure et lampleur des événements de ces deux jours, nous réglons la note et mettons fin à notre démarche. En lespace de deux jours, nous avons pu nous rendre compte quun grand nombre des prostitués dans la région Sud de lîle sont en fait des étudiantes ou des jeunes filles en rupture scolaire.
Au-delà de lhypocrisie entourant la question du tourisme sexuel, et même de la prostitution infantile, les informations contenues dans le rapport de lUS Department of States se sont avérées être plus que tangibles. Lon ne peut sempêcher de se poser des questions sur létendue des implications de ce rapport, sachant que les touristes à la recherche de cet « exotisme » consultent souvent ce genre de documents pour se renseigner.
Ce que dit le rapport de l« United States Department of States »
« Mauritius is a source country for children internally trafficked for the purpose of sexual exploitation. The scope of the trafficking problem is limited to children engaged in prostitution, through numbers of this child trafficking victims are estimated to be in the hundreds. Increases in prostitution are likely the result of school girls engaging in prostitution, possibly with the support of their peers. Other children may be introduced into prostitution through older female family members. Taxi drivers are reported to provide transportation and introductions to both the girls and the clients.
The Government of Mauritius does not fully comply with the minimum standards for the elimination of trafficking ; however, it is making significant efforts to do so. To enhance its anti-trafficking efforts, the government should advance comprehensive anti-trafficking legislation, provide additional police training in detecting and responding to instances of trafficking in persons, and expand public awareness-raising efforts on the dangers of children engaging in prostitution. » -Source : US Department of States et Lexpress
Source de l’article Radio Moris .
*********************************************************************