« Par Maud M – Victime:
Javais douze ans et je rêvais dapprendre à jouer du piano. Par chance, un de mes oncles ma proposé de me donner des cours de solfège et de piano gratuitement chez lui. À lépoque, il était marié et avait un garçon. Comme il habitait loin, mes parents me déposaient chez lui le mardi et venaient me récupérer le mercredi.
Un jour, il ma demandé de masseoir sur son lit, puis il a commencé à me caresser la jambe assez haut sur la cuisse. Instinctivement, je lui ai demandé darrêter immédiatement. Je savais que ce nétait pas normal quun adulte caresse ainsi un enfant.
Il ma donné un billet de 100 francs et ma demandé expressément de ne rien dire. Personne navait besoin dentendre notre petit secret.
Il ma montré son sexe et ma demandé de le toucher
En rentrant à la maison, je nai rien dit.
Le deuxième mercredi, nous sommes allés aux Galeries Lafayette à Paris pour voir les vitrines de Noël. De nouveau, il a posé sa main sur ma cuisse dans la voiture. Mon frère et mon cousin étaient sur la banquette arrière.
Une fois chez eux, il a encore essayé dêtre seul avec moi. Et là, il ma montré son sexe et ma demandé de le toucher. Jai refusé catégoriquement. Il ma encore glissé quelques billets pour acheter mon silence.
Ce soir-là, jai dit à mes parents que je ne voulais pas y retourner, que je ne voulais pas apprendre le piano. Ils nont pas compris car c’était quelque chose qui m’intéressait depuis toute petite, ils ont cru quil sagissait dun simple caprice.
Jy suis retournée une troisième fois, mais jai insisté pour que mon frère maccompagne prétextant que je ne voulais pas être seule. Mon oncle a recommencé et jai compris que ça nallait pas sarrêter là.
Pour ma famille, jétais une « salope allumeuse »
Je suis donc rentrée à la maison et jai tout dit à mes parents. Ils étaient très ouverts desprit et je savais quils mécouteraient. Ma mère ma tout de suite crue et ma soutenue à 100%. Mon père, lui, ma assuré quil me croyait lui aussi, mais je sais quil a eu pendant plusieurs années quelques doutes.
Dès le lendemain, ma mère ma accompagnée chez notre médecin généraliste et lui a raconté ce qui sétait passé. Ce dernier nous a conseillé de ne pas porter plainte, car c’était le pot de terre contre le pot de fer, sa parole contre la mienne. Il valait mieux prendre du recul avec la famille. Dans les années 1980 et dans mon milieu, ce genre de choses étaient incomprises.
Ma mère a écouté ses conseils. Elle a toutefois décidé den parler à ma grand-mère, à sa sur (la femme de mon oncle) et au reste de la famille. Elle voulait simplement les mettre en garde : qui sait si cela nallait pas se reproduire ?
Cétait un homme à lapparence gentille, toujours là quand on avait besoin de lui et qui avait une très bonne réputation. Résultat : à part ma grand-mère, personne ne nous a crus. On ma accusée dêtre une « allumeuse », une « petite salope provocatrice ». Javais 12 ans.
Nous avons donc choisi de couper tous les ponts avec cette partie-là de ma famille.
Je voulais porter plainte, mais je nai pas pu
Cet homme, que je ne considère plus comme un membre de la famille, a eu dautres enfants. Sans cesse, une question me hantait : avait-il arrêté ou avait-il abusé dautres enfants ?
Plus tard, jai appris qu’une de mes cousines avait elle aussi été victime dattouchements, mais elle na pas souhaité épilogué dessus. Les années ont passé et jai tout mis de côté. Je préférais occulter ce qui sétait passé.
Ce nest quà 30 ans, alors que jessayais davoir mon premier enfant, que jai ressenti le besoin de régler mes comptes.
Le jour de mon accouchement, mon oncle est venu me rendre visite dans ma chambre dhôpital. Tout a ressurgi et je lui ai dit que je ne voulais pas le voir, quil nétait pas question quil se penche sur le berceau de mon fils. Il fallait quil parte et quil ne revienne jamais.
Je me suis rendue à la police, je voulais savoir sil y avait un quelconque recours. Javais besoin que la justice fasse son travail et me reconnaisse comme victime, et non comme la coupable que javais été aux yeux de certains.
Cétait trop tard. Le délai de prescription qui permettait alors de porter plainte jusquà 10 ans après sa majorité était dépassé.
Je narrive pas à trouver de stabilité amoureuse
Même si je nai pas été violée, je peux vous dire que ce traumatisme a eu des répercussions sur ma vie de femme. Quand jai commencé à fréquenter des garçons, jai eu beaucoup de difficultés à trouver une certaine stabilité, et je ny suis toujours pas arrivée.
Longtemps, je me suis sentie coupable, à tel point que jai préféré ne pas parler de ce qui métait arrivé à mes compagnons.
Puis, un jour, travaillant dans le milieu sportif, jai appris quil existait une association, Colosse aux pieds dargile, qui vient en aide aux personnes agressées sexuellement. Je me sentais concernée et jy ai trouvé lécoute dont javais besoin.
30 ans cest bien mais insuffisant
Repousser le délai de prescription en matière de viol à 30 ans est une avancée considérable, mais elle est loin dêtre suffisante. Il nexiste pas de prescription pour un crime, pourquoi devrait-il y en avoir pour des agressions sexuelles ?
Des enfants ont été détruits à cause de cela. Jai été détruite. Jestime que les victimes doivent avoir la possibilité de porter plainte peu importe leur âge ou la date des faits.
34 ans après les faits, jy pense de moins en moins, mais mon inquiétude na pas disparu pour autant. À chaque fois que je vois une personne avoir des gestes tendres à lencontre dun enfant, qui peuvent nêtre que de laffection, mes angoisses remontent à la surface.
Aujourdhui, jai réussi à tourner la page, mais cette histoire, elle, est toujours là, au fond de moi. Et je sais quelle nest pas prête de disparaître comme par enchantement.
Propos recueillis par Louise Auvitu
****************************************************************************
« Cet homme, que je ne considère plus comme un membre de la famille, a eu dautres enfants. Sans cesse, une question me hantait : avait-il arrêté ou avait-il abusé dautres enfants ? […] Plus tard, jai appris qu’une de mes cousines avait elle aussi été victime dattouchements, mais elle na pas souhaité épilogué dessus. »
Et voilà comment ces monstres sexuels continuent leurs saloperies encore et encore…
J’ai eu connaissance (la Réunion est si petite) de l’agissement d’un pédophile au sein d’une famille…chrétienne intégriste(!) qui n’a pas porté plainte !!! Se contentant d’avertir sa…femme !
Les futures petites victimes* ??? Qu’elles se démerdent…en se taisant elles aussi !!!(Lire les avis* des psy sur ce genre de pervers sexuels)
L’important ? Préserver un monstrueux secret, pour le bien de…la FAMILLE !!!!!!
Ameeeeeennnnnn !
» Famille je vous hais » ?
PS- « Cétait un homme à lapparence gentille, toujours là quand on avait besoin de lui et qui avait une très bonne réputation « , cela ne vous rappelle pas quelqu’un, sur blog.fr ?
J’ai une amie d’une quarantaine d’années, qui réside dans un lointain pays(on doit se revoir cet été en Ardèche) -j’ai raconté son histoire il y a quelque temps, sans la citer et avec son accord- qui a connu pire: elle a été violée depuis l’âge de 5 ans… Elle est, à ce jour, toujours détruite.
Elle écrit: « When I was 5 years old i was victim of sexual abuse by my favourite uncle. It happened more than once until the last one when I resisted and had a fight with him. I could not win that fight, obviously… and it was so devastating for me that I totally forgot all of that until I was 19. All my life I tried hard not to be beaten by those events trying to recognize in which varied and hidden ways it goes on affecting me. So with the help of psicological therapy, every time I saw the old pattern taking control I have figured out how to deal with the new symptom and each time I believed it is finally over…well…reality shows me it is not over, just a ceasefire!!! It is exhausting. And boring. I barely share this.
Having this pre-cancer in the cervix is another symptom of that, and it makes me very angry because I thought (naively again) that I had already looked at the past from every possible angle and really felt free of those influences…Well, this disease come to tell me I was wrong. I am still ON MY WAY to freedom.
May be freedom is like happiness, not a state, just a path… »
Traduction (Google):
« Quand j’avais 5 ans, j’ai été victime d’abus sexuels par mon oncle préféré . Cela s’est passé plus d’une fois jusqu’à la dernière quand j’ai résisté et que je me suis battue avec lui . Je ne pouvais pas gagner ce combat , évidemment … et il fut si dévastateur pour moi que j’ai totalement oublié tout cela jusqu’à mes 19 ans.
Toute ma vie je me suis efforcée de ne pas être abattue par ces événements en essayant de reconnaître de quelles façons variées et cachées ils affectaient ma vie. Donc, avec l’ aide d’une thérapie psychologique, chaque fois que j’ai vu l’ancien modèle prendre le contrôle, j’ai compris comment faire face au nouveau symptôme et chaque fois que croyais que c’était terminé … eh bien … la réalité me montre qu’il n’en est rien, juste une pause ! C’est épuisant . Et ennuyeux . Je porte cette peine .
Avoir ce pré- cancer du col utérin est un autre symptôme de cela, et cela me rend très en colère parce que je pensais ( naïvement à nouveau ) que j’avais déjà regardé le passé sous tous les angles possibles et m’étais vraiment crue libérée de ces influences … Eh bien , cette maladie vient de me dire que j’avais tort . Je suis toujours sur mon chemin vers la liberté.
Peut être que la liberté c’est comme le bonheur, pas un état,juste un chemin »
Si tous les « méchants/tordus » étaient repérables à cause de leur seule apparence…
Ils ne pourraient pas accomplir leurs forfaits
Dans l’indifférence ou avec la bénédiction(!) de tous les autres