« En quelques heures, 234 dentre elles avaient été entassées dans des camions et emmenées dans la jungle. 43 ont réussi à séchapper. Certaines ont sauté des camions du convoi, qui roulait lentement, dautres se sont enfuies en atteignant la forêt.
Le sort de leurs camarades demeure un mystère. Chaque jour qui passe augmente la probabilité que les adolescentes aient été violées, peut-être tuées, en captivité. Compte tenu de la signification du nom du groupe Boko Haram, «interdiction de léducation occidentale,» et de leur objectif déradiquer toute laïcité dans le nord du Nigeria largement musulman, il nest pas tellement étonnant que le groupe ait lhabitude denfermer des enfants dans des écoles avant dy mettre le feu.
A ce jour, il sagit de leur plus grand enlèvement de masse. Les lycéennes ont été emmenées dans la jungle pour servir desclaves sexuelles, mais leur enlèvement dépasse la volonté de trouver «des cuisinières et des épouses.» Pour Boko Haram, il sagit de démanteler la fragile société existante en attaquant ses institutions essentielles: les écoles.
Boko Haram, qui vise les enfants, est lorganisation terroriste la plus haineuse quon puisse imaginer. Depuis ses débuts en 2002, lagressivité de ses militants na fait que croître. Lorsque jai visité leur bastion de Maiduguri en 2007, leurs membres ont tiré des machettes, quil appellent coutelas, et ont failli tuer un journaliste nigérian, le photographe avec qui je voyageais et moi-même. Nous avons réussi à nous échapper après quun courageux vieil homme local est entré dans notre voiture et nous a conduit en lieu sûr. Aujourdhui, le groupe nhésiterait pas à nous tuer ou à nous enlever.
L’absence d’éducation renforce le groupe
Boko Haram soppose à léducation occidentale parce que selon ses membres, celle-ci représente une menace pour la pureté de la société islamique multi-centenaire du nord du Nigeria. Les atrocités quils commettent masquent des griefs légitimes partagés par la majorité des 177 millions dhabitants du pays.
Malgré la grande richesse pétrolière du Nigeria, ses citoyens ne bénéficient que de très peu de services publics de base, comme léducation. La plupart des écoles publiques sont payantes et seuls ceux qui ont les moyens peuvent sy inscrire. Léducation est autant un symbole de lespoir dun avenir prospère quun moyen pratique pour y parvenir. Ces institutions deviennent des cibles faciles pour des bandes de jeunes hommes sans foi ni loi comme les membres de Boko Haram.
Les tactiques de Boko Haram nont rien de nouvelles. Les talibans aussi visent les écoles de filles. Et les échos ailleurs en Afrique sont tout aussi inquiétants. En 1996, Joseph Kony, fondateur de lArmée de résistance du seigneur qui a depuis été inculpé par la Cour pénale internationale pour crimes contre lhumanité, a enlevé 139 écolières dans leurs dortoirs du St. Marys College dans le nord de lOuganda. Une nonne, sur Rachele Fassera, a suivi les filles dans la forêt et réussi à négocier leur libération, à lexception de 30 dentre elles.
Dix-huit ans plus tard, Kony, qui a kidnappé 30.000 enfants en vingt ans, court toujours. Malgré les renforts américains envoyés sous la forme de forces spéciales venues aider les soldats africains à le traquer, Kony est toujours quelque part entre la République Centrafricaine et le Soudan, dans une région de la taille de la Californie, accompagné denviron 250 partisans qui étaient, à lorigine, ses victimes. Enlevés à leurs foyers lorsquils étaient enfants, eux aussi furent violés et forcés de tuer des membres de leur famille et dautres enfants »…(Extrait)
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« Boko Haram soppose à léducation occidentale parce que selon ses membres, celle-ci représente une menace pour la pureté de la société islamique multi-centenaire du nord du Nigeria. »
Les dégâts collatéraux des religions !