Par Zineb Dryef:
» Ces pauvres garçons qui violent à linsu de leur plein gré:
Un garçon bien sous tout rapport. Une fille en mini-jupe. Forcément en mini-jupe. Si ce nest pas une mini-jupe, ce sera un pantalon moulant, un décolleté plongeant, une robe au minimum sexy. La fille (encore elle) chauffe le garçon illades, caresses, baisers. Elle envoie tous les signes promettant une folle nuit de sexe.
Ils boivent comme des trous. Ils prennent éventuellement un peu de drogue. La fille ne tient plus du tout debout. Le garçon non plus. Il ne sembarrasse pas de scrupules : il saute sa camarade de fête. Pourquoi saute-t-il sa camarade de fête alors quelle est groggy ?
Parce quelle avait envoyé tous les signaux dun consentement ;
parce que lui-même était un peu à louest ;
parce que ça se passe toujours comme ça : avant le sexe, il faut pas mal dalcool.
Violer ou faire la fête, pourquoi choisir ?
Le jeune homme qui nous explique ceci est lauteur dun témoignage qui fait grand bruit dans la blogosphère anglo-saxonne. Son titre « Id Rather Risk Rape Than Quit Partying » pourrait être traduit par « Je préfère courir le risque de commettre un viol plutôt que darrêter de faire la fête » ou « Je préfère courir le risque de me faire accuser de viol plutôt que darrêter de faire la fête ».
Publié sur le site américain Good Men Project une branche de la fondation du même nom qui promeut une masculinité éclairée et tente, via des livres et des conférences, de répondre à la question « quest-ce quun homme bon ? » ce témoignage raconte les aventures dune sorte de crétin pas franchement méchant, mais pas franchement subtil.
Souvent bourré aux fêtes, il ne sait plus trop sil doit demander ou non leur accord aux filles (elles aussi bourrées) avec qui il envisage davoir des relations sexuelles. Un jour, lune dentre elles lui a annoncé quil lavait violée pendant une fête. Choc.
Assez lucide sur lui-même puisquil comprend que coucher avec une fille sans son consentement constitue ce que lon qualifie couramment de viol, lauteur (anonyme) fait preuve dune indulgence envers lui-même assez sidérante. Ainsi, en guise de conclusion de sa triste histoire, il écrit :
« Certains doivent trouver monstrueux que je continue à boire, que je continue à faire la fête […] mais les gens qui ont eu des accidents de voiture arrêtent-ils de conduire ? »
Son analogie est idiote. Celle du type qui cogne quand il a bu mais qui refuse darrêter de boire semble plus appropriée.
Je lai violée sans le faire exprès !
On a envie de comprendre les raisons pour lesquelles léquipe de « Good Men Project » a jugé utile de publier un tel texte sans aucune mise en perspective ni lecture critique.
Et cest là quon tombe sur une autre publication sur le viol. Le 30 novembre, quelques jours avant le fêtard, une blogueuse, Alyssa Royse, racontait lhistoire de lun de ses copains. Le contexte est à peu près le même que celui de la première histoire : fête, alcool, fille sexy et entreprenante. Pendant son sommeil, le copain la pénètre. Réveil : elle est choquée, se sent violée. Elle est violée.
Là encore, le garçon, dans un registre victimiste, explique quil ne savait pas, quil ne pouvait pas savoir. Il sombre dans la déprime.
Lauteure de « Les gentils garçons violent aussi », tout en insistant sur le fait quil sagit bien dun viol, na de cesse de nous rappeler que la fille « caressait les cheveux » de son ami et que finalement, ce nest peut-être la faute de son pauvre ami mais celle de la société toute entière.
La pub et les magazines féminins, en encourageant les filles à se balader à moitié à poil pour conquérir les hommes, brouillent les signaux. Ces pauvres mecs sont devenus violeurs à linsu de leur plein gré.
« Non, cest non ne suffit pas »
Après le tollé suscité par ces deux témoignages, la rédactrice en chef de « Good Men Project » a justifié leur publication en insistant sur le fait que « le monde réel est un endroit où non, cest non ne suffit pas » et que le point de vue des violeurs, qui ne se reconnaissent pas comme tels avant quune fille le leur fasse observer, devait être entendu.
Las. Plusieurs rédacteurs et collaborateurs du site ont démissionné. Ozy Frantz parce quil ne comprend toujours pas ce que fait le texte « terriblement immature » dAlyssa Rose sur leur site, et encore moins celui du type qui ne peut pas sempêcher de faire nimporte quoi bourré mais qui veut quand même prendre le risque parce que la fête, cest trop rigolo.
Hugo Schwyzer démissionne lui parce quil ne pouvait plus supporter les insultes lancées aux féministes qui protestaient contre ces deux témoignages.
Quaurions-nous fait à Rue89 dun tel témoignage ? Jose espérer que nous aurions pris en compte la parole des violeurs mais que nous laurions confrontée à celle des victimes et à celle des chercheurs. Que nous aurions fait comme pour les pédopornographes : que nous aurions pris le temps de les écouter et dessayer de les comprendre, sans pour autant les victimiser. »
http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2012/12/28/ces-pauvres-garcons-qui-violent-linsu-de-leur-plein-gre-238161
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ça fait du bien d’ entendre un …mec(!) dire qu’il s’agit bien d’un viol quand une nana est violée -vous avez remarqué , je n’ai pas écrit « SE FAIT violer !!!- alors que c’est une : » fille en mini-jupe. Forcément en mini-jupe. Si ce nest pas une mini-jupe, ce sera un pantalon moulant, un décolleté plongeant, une robe au minimum sexy. La fille (encore elle) chauffe le garçon illades, caresses, baisers. Elle envoie tous les signes promettant une folle nuit de sexe.
Ils boivent comme des trous. Ils prennent éventuellement un peu de drogue. La fille ne tient plus du tout debout. Le garçon non plus. Il ne sembarrasse pas de scrupules : il saute sa camarade de fête. Pourquoi saute-t-il sa camarade de fête alors quelle est groggy ? »
En effet, il s’agit bien d’un viol: être groggy ne signifie pas être consentante !
Alors que lui, est bien en érection et en pleine action: ce qui demande un minimum de…lucidité !
Ce serait honnête de la part du violeur en dehors de son plein gré de reconnaître qu’il profite d’une situation qu’il a parfaitement maîtrisée de A à Z …en dépit des apparences derrière lesquelles il se cache!