Dans la Creuse: " Une vie d’esclave, il mange les restes qu’il partage avec les chiens, dans des fermes creusoises entre 1966 et 1968"

La Bête que j’ai été, par Jean-Pierre Gosse, avec l’aide de Guillaume Clavaud. Alter Ego Éditions.

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« L’affaire des «Réunionnais de la Creuse», une «cicatrice» à recoudre:

Par Laure EQUY

« ce sont aussi des mineurs qui partent. Pas tous orphelins. A des parents indigents, on fait miroiter des écoles prestigieuses de la capitale pour leurs enfants et leur retour à la Réunion pour les vacances. «Votre fils sera docteur», «il verra la tour Eiffel»… Séduits par ce miroir aux alouettes tandis qu’ici ils peinent à nourrir leur famille, ils signent. Les analphabètes apposent leur pouce trempé dans l’encre sur le document de l’assistante sociale. Débarqués à Orly, il n’est plus question de Paris mais d’un aller sans retour dans la Creuse, le Gers, le Tarn. Les enfants sont plus ou moins mal lotis. Quelques-uns sont adoptés, d’autres placés en foyers ou ballottés dans des familles d’accueil payées par la Ddass. D’autres petits sont envoyés dans des fermes, des commerces, des petites entreprises ou sur des chantiers. Comme apprentis et surtout comme une toute jeune main-d’œuvre gratuite et corvéable. Fugues, délinquance, dépressions voire suicides: pour certains, le déracinement est brutal, dramatique « …(Voir récit ci-dessous)

…L’Assemblée débattra mardi d’une proposition de résolution pour «diffuser la connaissance historique de cette affaire».
Ils seront une trentaine, mardi prochain, conviés à écouter les débats des députés depuis les strapontins de velours rouge de la tribune du public. Des échanges autour de la proposition de résolution du groupe PS sur ce que l’on a appelé «l’affaire des Réunionnais de la Creuse», ils ne perdront pas une miette. C’est leur histoire, celle aussi d’un Etat qui, selon le texte, «a manqué à sa responsabilité morale» à l’égard de ses anciennes pupilles, que l’Assemblée nationale s’apprête à reconnaître »…
(Extraits)

http://www.liberation.fr/politiques/2014/02/15/l-affaire-des-reunionnais-de-la-creuse-une-cicatrice-a-recoudre_980321

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Par Julien Rapegno:

… »Les pieds gelés, sans chaussettes dans ses bottes

Avec Jean-Pierre Gosse, débarque à quatorze ans au foyer de l’enfance de Guéret, en décembre 1966.

« Il a pris l’avion à 14 ans plein d’espoir, il voulait être médecin ».
Après un mois passé au foyer de l’enfance de Guéret, l’adolescent est placé en famille d’accueil, chez des agriculteurs de Jouillat. Le début de l’enfer. Il dormait dans la grange, n’avait qu’un seul repas par jour, on lui donnait les restes qu’il devait partager avec le chien. »

Le petit commis noir finit à l’hôpital avec les pieds gelés dans ses bottes. Sa famille d’accueil ne lui avait jamais fourni de chaussettes. Les services sociaux, qui « suivent » les jeunes Réunionnais à Guéret, le renvoient aussitôt à Jouillat. Les vexations continuent. Il tente de se pendre à la chaîne des vaches.

Plus tard, il est envoyé dans une autre ferme, à Rimondeix. Encore une mauvaise pioche : « Il dormait dans la porcherie, mangeait les granulés des cochons et se réchauffait la nuit auprès des truies », résume Geneviève. Quand il se sauve, son patron lui passe un fer à la cheville… comme un cochon ! C’était en 1967, et non il y a un siècle. « Aujourd’hui, quand on donne une claque à un gamin, on va en prison ! », compare Geneviève.

« C’était un homme brisé »

À partir de 1968, la rencontre sordide de Jean-Pierre Gosse avec la Creuse paysanne prend un tour plus humain, à Sainte-Feyre : « Pour la première fois, j’ai pu rentrer dans la maison de famille, avoir des contacts avec les enfants du patron », écrit-il.

On le nourrit correctement et, pour la première fois également, l’apprenti reçoit une rémunération »…

http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/creuse/2013/12/31/il-y-a-cinquante-ans-debutait-lexil-force-de-plus-de-1-600-mineurs-reunionnais_1820443.html

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Un autre déplacé (déporté ?)Jean-Jacques Martial, a raconté son histoire dans un livre, Une enfance volée (Ed. Les quatre Chemins, 2003), postfacé par Yvan Combeau et Sudel Fuma.

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Aller sans retour pour la Creuse:

« Quand Michel Debré élu député de la Réunion en mai 1963 contre le communiste Paul Vergès, il se fait fort de désamorcer la cocotte-minute que représente alors le climat politique et social de la Réunion

En organisant, notamment le transfert de Réunionnais semble-t-il condamnés à la pauvreté vers ces campagnes qui manquent de bras…

«Votre fils sera docteur», «il verra la tour Eiffel»… Séduits par ce miroir aux alouettes tandis qu’ici ils peinent à nourrir leur famille, ils signent. Les analphabètes apposent leur pouce trempé dans l’encre sur le document de l’assistante sociale…

Aussi des mineurs qui partent. Pas tous orphelins…

Débarqués à Orly, il n’est plus question de Paris mais d’un aller sans retour dans la Creuse »

Des familles brisées à jamais …

Michel Debré, grand chrétien devant l’Eternel, en manipulant des enfants

Comme des pions sur son échiquier politique, avait ouvert des plaies qui ne

sont toujours pas refermées…

Peut-on dire que ces enfants ont été déportés, Car obligés de se soumettre au système mis en place, et trompés sur la vraie nature de leur déplacement ?

Définition du dico: « La déportation est l’action d’obliger quelqu’un, le plus souvent un groupe de personnes, de quitter son habitat, soit pour l’obliger à s’installer ailleurs, soit pour le détenir dans des camps. »

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Auteur : Tingy

Romancière féministe : je viens de publier " Le temps de cuire une sauterelle " :-)) Et de rééditer : "Le Père-Ver" et "Le Village des Vagins" (Le tout sur Amazon) ... et peintre de nombreux tableaux "psycho-symboliques"... Ah! J'oubliais : un amoureux incroyable, depuis 46 ans et maman de 7 "petits" géniaux...

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