(Tableau: « Une ressemblance certaine »…)
… » Bergson oppose le temps objectif à la durée (ou temps subjectif).
Le temps objectif correspond à la vision scientifique du temps. C’est le temps mesuré par l’horloge, celui qu’on divise en heures, minutes et secondes. Mais Bergson reproche à la science de manquer l’essence du temps. Croyant mesurer le temps, le scientifique mesure en réalité de l’espace (l’espace parcouru par exemple par l’aiguille de l’horloge ou par le sable dans le sablier) et, du reste, spatialise le temps, comme le montre cette habitude de représenter le temps par une droite c’est à dire par un espace. Le scientifique manque l’essentiel, ignore la réalité du temps. Le temps réel est la durée, dimension de la conscience. Le temps subjectif est le temps vécu, celui qui fait paraître certaines heures plus longues et d’autres plus courtes, celui surtout qui se révèle dans l’expérience de l’attente. La durée est l’étoffe du moi, un devenir imprévisible. Ce caractère imprévisible nous révèle notre liberté.
Bergson définit la liberté en ces termes : » Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité toute entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance que l’on trouve parfois entre l’uvre et l’artiste. En vain on alléguera que nous cédons alors à l’influence toute puissante de notre caractère : notre caractère c’est encore nous. » Bien sûr, il ne faut pas voir un acte libre dans toutes les manifestations de notre subjectivité. Il faut distinguer plusieurs niveaux de conscience. Bergson distingue l’action sous l’impulsion du moi superficiel, constitué d’idées toutes faites, de préjugés sociaux, de débris de connaissance. Cet acte n’est pas vraiment notre mais procède de ce que l’existence a de plus dépendant des modes, des habitudes et stéréotypes ambiants. Toute autre est l’action faite sous l’impulsion du moi profond, domaine des connaissances bien assimilées, des goûts authentiques, des volontés mûries longuement. Elle est vraiment notre et là réside la liberté.
Notre vie intérieure est aussi mémoire. Bergson distingue la mémoire-habitude de la mémoire-souvenir. Il prend un exemple pour mettre en évidence la différence entre les deux. Supposons que j’étudie une leçon. Pour l’apprendre par cur, il me faut la lire plusieurs fois. Chaque lecture me permet de la retenir de mieux en mieux jusqu’au moment où je peux la réciter sans le livre. On dit alors que la leçon est dans ma mémoire.
Si, maintenant, je cherche comment la leçon a été apprise et que je me représente les différentes étapes par lesquelles je suis passé pour retenir ma leçon, chacune des lectures me revient dans leur ordre de succession dans le temps. J’en ai la mémoire.
Dans le premier cas, si la leçon est dans la mémoire, nous avons affaire à une mémoire-habitude. Dans le second cas, si les étapes de l’apprentissage de ma leçon sont dans ma mémoire, c’est selon une mémoire-souvenir.
La mémoire souvenir est représentation et représentation seulement. Les images se sont imprimées en une seule fois dans mon esprit et selon une nécessité naturelle. Cette mémoire est spontanée, capricieuse. C’est la mémoire par excellence.
La mémoire habitude n’est pas une simple représentation. Elle exige d’ailleurs du temps pour en développer toutes les articulations (le temps nécessaire pour prononcer tous les mots de ma leçon). Ce n’est pas une représentation mais une action qui appartient au présent et regarde l’avenir. Le contenu ne s’est pas imprimé en une fois mais en plusieurs, ce qui a exigé répétition et effort. Le processus n’est donc pas spontané. Il s’agit plus d’une habitude éclairée par la mémoire que d’une véritable mémoire.
Les deux mémoires ne sont pas absolument séparables. À mesure que se constitue la mémoire souvenir se constitue la mémoire habitude, même quand je ne le veux pas : j’acquiers de l’expérience. En somme, tout dépend de l’utilisation que nous faisons de nos souvenirs. Si notre conscience cherche à revoir son passé, il s’agit de mémoire souvenir ; si elle utilise l’expérience passée pour les besoins de l’action, il s’agit de mémoire habitude. La mémoire souvenir est propre à l’homme et suppose de » s’abstraire de l’action présente « , d' » attacher du prix à l’inutilité « , de vouloir rêver.
La mémoire habitude nous pousse, elle, à agir et à vivre. Elle nous aide à tirer des leçons du passé « …
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» Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité toute entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance que l’on trouve parfois entre l’uvre et l’artiste. En vain on alléguera que nous cédons alors à l’influence toute puissante de notre caractère : notre caractère c’est encore nous. »
Une « ressemblance »… CERTAINE : artiste/peintures, romancière/romans, blog/articles, mère/enfants, femme/conjoint, spiritualité/religions…
Ni Dieu, ni Maître ?
Si : la « réalité » du temps!