Le cynisme ancien et la sexualité par Marie-Odile Goulet-Cazé.
… » Le cas dHipparchia, cette jeune fille issue de la bonne bourgeoisie athénienne, qui défraya la chronique en adoptant avec toutes ses conséquences le mode de vie cynique, est suffisamment exceptionnel pour quon sy arrête. La narration vivante et de résonance très moderne que nous a transmise Diogène Laërce à propos de cette jeune femme mérite dêtre citée :
Elle séprit des discours et du genre de vie de Cratès, ne prêtant attention à aucun de ses prétendants, pas plus quà leur richesse, à leur haute naissance ou à leur beauté. En fait Cratès était tout pour elle. Elle alla même jusquà menacer ses parents de se tuer si on ne la donnait pas en mariage à Cratès. Les parents demandèrent donc à celui-ci de dissuader leur fille. Il fit tout ce quil put ; mais finalement, ne parvenant pas à la convaincre, il se leva et enleva devant elle ses vêtements : « Voici, dit-il, le jeune marié, voici ce quil possède. Décide-toi en conséquence. Car tu ne seras pas ma compagne, si tu ne pratiques pas le même genre de vie que moi ». La jeune fille choisit. Après avoir pris les mêmes vêtements que lui, elle circula en compagnie de son mari, eut commerce avec lui en public et se rendit aux dîners.
Féministe avant lheure, Hipparchia non seulement ne cède pas aux pressions familiales mais choisit lélu de son cur. Elle fréquente les banquets réservés aux hommes et aux courtisanes et revendique une formation intellectuelle, ce qui, à lépoque, était difficilement concevable pour une femme. Cest ainsi quà un banquet chez Lysimaque, le général dAlexandre, elle confondit le philosophe Théodore surnommé lAthée, après lui avoir proposé le sophisme suivant :
Lacte qui, commis par Théodore, ne peut être qualifié dinjuste, cet acte, commis par Hipparchia, ne pourra être qualifié dinjuste. Or, si Théodore se frappe lui-même, il ne commet pas dacte injuste. Par conséquent, Hipparchia, si elle frappe Théodore, nen commet point non plus.
À défaut dêtre capable de répondre à largument, Théodore ne trouva rien de mieux à faire que denlever à Hipparchia son manteau. Laissons Diogène Laërce raconter la suite de lépisode, où lon voit Hipparchia refuser le rôle dans lequel la société grecque confinait la femme :
Hipparchia cependant nen fut ni frappée ni troublée, comme eût dû lêtre une femme. Bien plus, quand Théodore lui dit : « Est-ce bien celle / qui sur le métier a laissé sa navette ? », elle répondit : « Cest bien moi, Théodore. Mais ai-je pris à tes yeux une mauvaise décision me concernant, si le temps que jaurais dû perdre sur le métier, je lai consacré à mon éducation ? »
Nous savons par ailleurs quHipparchia mania également lécriture, puisquon nous dit quelle écrivit des Hypothèses philosophiques, des Épichérèmes et des Questions adressées à Théodore dit lAthée. Cest la seule femme philosophe cynique que nous connaissions. Son audace, son bon sens, ses réparties font delle une des pionnières du féminisme moderne »…
Source Clio.
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« Féministe avant lheure, Hipparchia non seulement ne cède pas aux pressions familiales mais choisit lélu de son cur. Elle fréquente les banquets réservés aux hommes et aux courtisanes et revendique une formation intellectuelle, ce qui, à lépoque, était difficilement concevable pour une femme. »
J’ai beaucoup d’admiration pour ces nanas qui ont…Tracé LEUR route à elles en se foutant pas mal des conventions familiales et sociales…
PS- Heueu…S’accoupler en public est un peu excessif…Peut-être ? 😉





