(Dessin de Fabienne- classe de perf Martinique).
En Asie : « Dilip Kamat, directeur dune ONG indienne, « le degré ultime de violence contre les femmes : celui qui leur refuse le droit même de naître ».
Quand les femmes auront disparu. Lélimination des filles en Inde et en Asie de Bénédicte Manier, La Découverte, 2006 .
Article de Laurent Testot
» LAsie est le seul continent où le nombre dhommes excède celui des femmes : 100 millions manquent à lappel.
La raison ? Dans les cultures indienne et chinoise, une fille est considérée comme un investissement à perte, car elle intégrera la future belle-famille, quand le garçon héritera, assurant la retraite de ses géniteurs et la continuité de la lignée. Et la préférence pour un enfant mâle sest adjoint depuis trente ans les services de la science. Déterminant le sexe avant la naissance, léchographie permet de repérer les ftus féminins et de les éliminer par avortement. Sy ajoute une seconde sélection : on va investir davantage pour soigner et nourrir un garçon.
Bénédicte Manier nous fait découvrir un univers où des femmes avortent en série dans lattente dun mâle, où lon abandonne les nouveau-nées quand on ne les étouffe pas dans un sac plastique, où des crèches accueillent 70 fillettes pour 100 garçons. Même si le phénomène, au moins en Inde, affecte davantage certaines régions, et en particulier les classes moyennes (celles qui paieraient le prix fort pour la dot), ses conséquences se répercutent sur la société dans son ensemble. On assiste à lexplosion du marché noir des « fiancées », on voit des familles démunies vendre une adolescente à des réseaux dentremetteurs et de proxénètes.
Le tout sinsère dans un climat de violence patriarcale extrême. Souvent analphabètes, souvent cédées en mariage dès leur puberté, maintenues dans des statuts discriminatoires, les femmes font office de boucs émissaires : au Pakistan ou en Inde, pour peu quun homme juge son honneur bafoué, le viol, rarement sanctionné, fait fréquemment office de compensation.
Lavortement sélectif, bien quillégal partout, détruit chaque année plusieurs millions de ftus féminins en Asie. Il prend certes racine dans un contexte social spécifique. Mais il représente surtout, comme lexprime Dilip Kamat, directeur dune ONG indienne, « le degré ultime de violence contre les femmes : celui qui leur refuse le droit même de naître ».
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