Le viol conjugal existe, je l’ai rencontré:
… »Le lendemain après-midi, au comble de la fureur, il me traîne dans la chambre, ferme la porte à clé et me renverse sur le lit. Il s’empare d’une bouteille d’eau minérale vide, arrache mon slip et tente de me l’introduire dans le vagin. Je me débats de toutes mes forces, enfin, la brute fatiguée, va prendre l’air.
Les quatre enfants qui ont certainement entendu des bruits de lutte se précipitent dans la pièce.
– Maman, maman, qu’est-ce qui se passe ?
Je suis hagarde, et essoufflée, couchée sur le lit défait. Mon slip déchiré et la bouteille vide abandonnée entre mes jambes, sont éloquents…
…Brutus débarque, sans prévenir, au petit jour, la veille de Noël. Bonjour l’angoisse ! Nous sommes sans transition, happés au cur d’une spirale de violences, enfermés dans un carcan d’autoritarisme et enseveli sous une lourde chape de tristesse.
C’est curieux, comme tout se décompose dans le voisinage de Brutus. La lumière devient glauque, l’air sent la moisissure. On n’entend plus rire, ni chanter. La vie se retire de nous tous. Chacun rase les murs, serre les fesses, sent son estomac se nouer, parle à voix basse et se sent coupable de quelque chose. Nous vivons dans l’angoisse de la prochaine crise de rage.
De temps à autre, Brutus me grimpe dessus. Heureusement, il est rapide et sans état d’âme. Il ne m’atteint pas moi. Jamais. Il salit seulement l’autre, mon double. Ella s’enferme aussitôt dans la salle de bains et se lave longuement, dehors, dedans, dessus, dessous. Puis Ella se savonne, dehors, dedans. Puis elle se rince, dehors, dedans, dessus, dessous, à l’envers et à l’endroit, à l’eau chaude et à l’eau froide. Les viols de Brutus ne prennent à Ella qu’une minute ou deux. Elle évite aux enfants un surcroît de violences. Il faut dire qu’il a des arguments convaincants.
– Si Madame fait la difficile, j’irais me « soulager » sur les enfants dit-il, sans la moindre gêne… »
Extraits du « Père Ver » de Lyliane Lavilgrand.
