Ananda Devi: " Le voile de Draupadi"…

[« La Mauricienne Ananda Devi, par ailleurs anthropologue, est l’une des romancières les plus en vue de l’Océan Indien et, au fil de ses publications, a su conquérir un public francophone exigeant »…

Le Voile de Draupadi décrit la souffrance d’une femme indienne qui refuse d’être étouffée par les traditions. »

Extait de l’inteview:

IR : A vous lire, la place de la femme dans la société indo-mauricienne est des plus désolantes : « cette vie sans vivre, c’est à cela qu’elles sont destinées… » (Pagli, p.101) ; « Elles suivaient la voie tracée pour elles depuis des siècles quand avait commencé à s’abolir la pensée ses femmes » (Moi, l’interdite, p.53) ; dans le Voile de Draupadi vous évoquez « les femmes enchaînées, les femmes prisonnières » (p.88). Femme soumise et chosifiée : n’est-ce pas une vision excessive et décidément trop sombre ?

AD : Ce n’est pas tant la place de la femme dans la société indo-mauricienne ou à une époque précise que je décris et fustige, mais plutôt, à travers des situations individuelles, un état des choses qui dure depuis des siècles et qui perdure encore au XXIème. Je veux dire par là que je ne souhaite pas que l’on rattache mon propos critique à un lieu et un temps : de telles situations ont existé de tout temps et continuent d’exister. A Maurice, il est certain que les choses ont beaucoup évolué par rapport à certains autres pays. Mais dans un monde où des femmes sont lapidées en public sans pouvoir se défendre ni recourir à un système juridique équitable ; dans un monde où il y a autant de femmes battues, sinon plus qu’avant ; dans un monde où les « tournantes » font partie du vocabulaire courant lorsqu’on décrit les banlieues des grandes villes de France ; dans un monde où les femmes sont quotidiennement violées lorsqu’il y a des conflits civils, je ne vois pas en quoi ma vision est excessive ! Même à Maurice, une femme qui fait de la politique sait qu’elle s’expose aux pires médisances d’ordre sexuel. Une femme qui dénonce un viol dont elle a été l’objet se retrouve encore, de nos jours, mise en accusation et sa bonne foi systématiquement remise en cause. Et il est certain qu’il y a des sévices faits aux femmes chaque jour, quoi qu’on en dise. Je ne crois pas, dès lors, que ma vision soit si sombre. L’enfermement social dans lequel se retrouve Pagli existe encore. Il est vrai que je choisis de décrire ces situations-là plutôt que d’autres, plus optimistes, où les femmes réussissent et sont heureuses. Mais c’est ainsi. J’ai choisi d’écrire ainsi parce que j’ai besoin de cette douleur-là pour m’exprimer. »

La Mauricienne Ananda Devi, par ailleurs anthropologue, est l’une des romancières les plus en vue de l’Océan Indien et, au fil de ses publications, a su conquérir un public francophone exigeant. Son écriture vigoureuse et fine, ses héroïnes torturées, l’omniprésence du contexte indo-mauricien, créent un univers à nul autre pareil.
Ces quelques pages vous permettront de découvrir l’interview à laquelle l’écrivain a aimablement accepté de se prêter, ainsi que la présentation de trois de ses principaux romans.]
Source http://www.indereunion.net/actu/ananda/intervad.htm

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Le Voile de Draupadi

… » Si l’on veut parler de l’histoire – il le faut certainement – on dira que c’est celle de ce couple indo-mauricien : Dev, jeune avocat ambitieux mais insignifiant, conformiste mais prêt à la corruption, mari raté, homme lâche sans doute.

Anjali, héroïne et narratrice, mère torturée, femme aux forces infinies et aux fragilités de dérive inexorable. Leur tout jeune enfant est atteint d’une forme aiguë de méningite… la médecine lutte en vain, le couple se déchire près du lit de douleur. Espoir. Désespoir. Anjali accomplira-t-elle cette marche sur le feu vers laquelle la poussent son époux et sa belle famille, cet acte sacré et effrayant ? Cet abject marchandage avec les divinités illusoires, pour sauver la vie de l’enfant ?

L’esprit d’Anjali et la matière du livre, pendant qu’avance la machine tragique, s’imprègnent de maints souvenirs. Quelques-uns, ployés par le temps jusqu’à la terre d’enfance, étincellent d’un bonheur en sursis. Mais la plupart, bâtis autour de personnages emblématiques, portent le sceau funeste. Citons pêle-mêle l’histoire de Fatmah, l’amie recluse ; celle de ces deux adolescents suicidés – et pourtant leur amour ne se heurtait à nul obstacle – ; celle de l’ancêtre venu des Indes, un saint, un visionnaire… aveuglé d’une sorte de fanatisme jusqu’à la folie ; l’histoire de son fils Sanjiva, qu’il persécuta ; celle surtout de la charismatique Vasumati, fille de Sanjiva et cousine d’Anjali, trop belle, trop vivante pour vivre longtemps, trop forte pour résister longtemps à la puissance insidieuse et collective des faibles…
Différent des autres romans d’Ananda Devi, Le Voile de Draupadi les contient pourtant déjà en puissance. La tendresse du refuge végétal, le combat incessant de l’individu féminin et de la société, l’incompréhension et la soif de liberté, le sentiment d’être autre, les prémices de la folie, le harcèlement des doutes autant que celui des certitudes : autant de germes qui auront crû chez Pagli ou chez l’Interdite »…

Source http://www.indereunion.net/actu/ananda/voile.htm

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Ananda Devi est née le 23 mars 1957 à Trois-Boutiques (Île Maurice), au milieu des champs de canne à sucre.

L’île Maurice est, dans sa splendeur et sa diversité humaine, au cœur de l’œuvre d’Ananda Nirsimloo-Anenden. Cette ethnologue de formation – docteur en anthropologie sociale (University of London) –, et traductrice de métier, est sensible à l’imbrication des identités et des langages ; aussi explore-t-elle avec une grande acuité de nombreux caractères humains, recomposant ainsi les multiples univers qui se côtoient, s’affrontent, se déchirent dans un espace insulaire qui n’est pas moins analysé que recréé. Si elle a choisi d’écrire en français, ses romans et ses nouvelles intègrent le créole et l’hindi. Son style incisif, lyrique et pénétrant, offre à la langue française de nouvelles dimensions culturelles et linguistiques liées à son île natale. Ananda Devi vit à Ferney-Voltaire (près de Genève) depuis 1989, après avoir passé quelques années au Congo-Brazzaville.
Source des livres.com

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Pourquoi des femmes « VOIENT » et dénoncent tout ce qui est INJUSTE, VIOLENT et INDIGNE dans le sort réservé aux femmes à travers le monde, pendant que d’autres…Nient, minimisent ou occultent cette réalité indigne, violente et destructrice ? Allant même jusqu’à s’en prendre à celles qui osent égratigner leur « seigneur et maître ».

Pour ne pas s’aliéner les mecs?

Par indifférence génétique?

Parce qu’elles pensent VISCERALEMENT et SINCEREMENT que le monde EST ainsi FAIT ?

Qu’il a été créé pour fonctionner de CETTE manière là ? ? ?

Parce que la raison du plus fort est toujours la meilleure ?

Maudites soient toutes les religions, toutes les traditions misogynes, toutes les sociétés machistes, créées par des mâles…Pour les mâles!

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Auteur : Tingy

Romancière féministe : je viens de publier " Le temps de cuire une sauterelle " :-)) Et de rééditer : "Le Père-Ver" et "Le Village des Vagins" (Le tout sur Amazon) ... et peintre de nombreux tableaux "psycho-symboliques"... Ah! J'oubliais : un amoureux incroyable, depuis 46 ans et maman de 7 "petits" géniaux...

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