
La violence exercée par le partenaire intime
À Madrid, en 2002, 150 femmes ont manifesté dans la rue. Elles avaient revêtu
leurs robes de mariage et tenaient des coussins plantés dépines en signe de
protestation contre la violence infligée aux femmes par leurs partenaires. Les
experts qui tentent de déterminer lampleur véritable de la violence domestique
dans le monde estiment n’avoir exploré que la « partie visible de liceberg ».
Photo : Pierre-Philippe Marcou/AFP
En moyenne, dans la Fédération de Russie, 36 000 femmes sont battues chaque jour par leur mari ou leur partenaire. Au Pakistan, environ 90 pour cent des femmes mariées sont maltraitées par leur mari. En Espagne,selon un rapport publié en 2002, environ 1,8 millions de femmes avaient été agressées par leur partenaire intime. Seules 43 000 dentre elles avaient déclaré lagression à la police. En République Dominicaine, 83 pour cent des femmes victimes dhomicides en 2003 avaient été tuées par leur partenaire de longue date ou leur
mari, actuel ou précédent. Aux États-Unis, une femme est battue, généralement par son mari, toutes les quinze secondes. Au Royaume-Uni, 120 femmes en moyenne sont tuées par leur partenaire intime chaque année.
Définition de la violence exercée par le partenaire intime
La violence exercée par le partenaire intime (VPI) ne connaît pas de frontières culturelles, raciales ou géographiques. Commise dans tous les pays du monde, elle est, de toutes les formes de maltraitance à légard des femmes et des filles, lune des plus omniprésentes.2 Egalement connue sous le nom de violence familiale ou conjugale, la violence exercée par le partenaire intime recouvre un large éventail de comportements préjudiciables, allant des violences physiques et sexuelles à la manipulation et la cruauté psychologique. Certains aspects de la violence exercée par le partenaire intime sont propres à la culture ; ainsi, les homicides conjugaux sont généralement perpétrés avec des armes à feu dans les pays occidentaux, et avec du kérosène ou de lacide, dans certaines régions dAsie. Malgré tout, de nombreuses caractéristiques de cette forme de maltraitance sont remarquablement semblables.
Infliger des violences physiques à son partenaire, cest le pousser, le gifler, lui tordre
un bras ou lui tirer les cheveux. Mais de telles violences peuvent également aller
jusquaux coups et blessures graves. En ce qui concerne les violences sexuelles, il peut
sagir de relations sexuelles ou dautres actes sexuels imposés par la force ou la
coercition. On parle également de violences sexuelles lorsquun partenaire impose à
lautre des décisions en matière de santé reproductive, concernant, par exemple, la
contraception ou la procréation. Exercer une cruauté psychologique sur son
partenaire consiste souvent à le menacer et à lintimider, à lhumilier et à le forcer à
sisoler de sa famille et de ses amis. La cruauté psychologique peut également se
manifester par dautres comportements autoritaires, lorsque, par exemple, lun des
partenaires impose à lautre un accès limité aux ressources, financières ou autres.
Sil est vrai que les hommes aussi bien que les femmes peuvent subir des sévices
commis par leur partenaire, « pour devenir une victime de violences, le premier
facteur de risque est dêtre une femme. » Les conclusions détudes menées dans des
pays aussi disparates que les États-Unis, lInde, la Colombie, la Zambie et la Chine
ont confirmé que la violence exercée par le partenaire reflétait incontestablement un
parti pris sexiste : les taux, les niveaux de violence et les conséquences sanitaires
négatives liées à la violence sont bien plus importants chez les femmes.4 Selon
lOrganisation mondiale de la Santé (OMS), les femmes sont les plus vulnérables face
à la violence dans les relations intimes et familiales, tandis que les hommes sont bien
plus susceptibles dêtre agressés par un étranger ou une connaissance.5 Par ailleurs,
hommes et femmes subissent les conséquences néfastes de la violence de manière
disproportionnée : selon les résultats de recherches menées au Canada, les femmes
sont trois fois plus susceptibles que les hommes dêtre blessées des suites de violences
infligées par leur mari ou leur compagnon. Elles sont en outre cinq fois plus
susceptibles de nécessiter des soins médicaux ou une hospitalisation. Enfin, elles sont
également cinq fois plus susceptibles de déclarer craindre pour leur vie.
tout, des recherches quantitatives de plus en plus nombreuses menées, en majorité,
au cours des 10 ou 15 dernières années ont permis de mieux cerner lampleur du
problème, au niveau mondial. Des données démographiques sur la violence
domestique ont été recueillies dans 55 pays : dans plus de la moitié de ces pays, au
moins une femme sondée sur trois reconnaissait avoir subi une forme de violence
physique dans le contexte dune relation intime. Dans environ 10 de ces pays, une
femme sur deux en moyenne déclarait avoir subi des sévices physiques, infligés par
son mari ou son compagnon.
En outre, des recherches suggèrent que les victimes de violences physiques subissent
souvent des actes dagression multiples, perpétrés sur une longue période. Dans
certains cas, ces incidents sont suivis dune période de contrition, ou tout au moins
Plusieurs éléments déclencheurs de violences sont remarquablement identiques au niveau
mondial : ces violences peuvent, par exemple, survenir lorsquun homme pense que sa
partenaire lui a désobéi ou lorsquil la soupçonne de lui être infidèle« Après les coups, il revenait toujours pour me faire la cour, il machetait des habits. Et après, il disait toujours « Pardonne-moi. Je ne recommencerai plus ». Mais, il finissait Malgré toujours par refaire la même chose. »
Elles peuvent également être infligées lorsque lhomme considère que sa partenaire ne sest pas occupée « correctement » des enfants, lorsquelle linterroge sur des questions financières ou lorsquelle refuse davoir des rapports sexuels. En dautres termes, la violence exercée par le partenaire survient souvent lorsquun homme croit que sa femme ou sa compagne na pas rempli le rôle conventionnel dont elle est investie. La violence lui sert alors à asseoir et à maintenir son autorité et sa domination.
Les doctrines religieuses et les pratiques culturelles qui appuient la notion de
possession des femmes par leurs maris renforcent les croyances qui légitiment et
perpétuent la violence exercée par le partenaire. Au Pakistan, selon un chercheur, «
battre sa femme pour la châtier ou la discipliner est considéré comme culturellement
et religieusement justifié. [
] Les hommes étant perçus comme les « propriétaires » de
leurs épouses, il leur est nécessaire de montrer à ces dernières qui est le maître afin
de décourager toute transgression future. »
Dans certains contextes, les femmes elles-mêmes ont assimilé ces normes sociales
patriarcales, comme latteste la déclaration dune femme interrogée dans le cadre dune étude menée en Inde : « Si la femme fait une erreur ou si elle est infidèle, son mari peut la battre. Il a le droit de le faire parce que la femme na pas accompli son devoir
correctement. Comme cest un homme, il peut se mettre en colère rapidement et la
gifler, mais après, il sera affectueux donc, pas besoin den faire toute une histoire. »9
Lincommensurable problème de la violence exercée par le partenaire à léchelle ternationale
Du fait du silence, du stoïcisme et de la honte des victimes, il est difficile dévaluer
de manière fiable la fréquence des violences exercées par le partenaire intime.
de calme, pendant laquelle lauteur des violences peut tenter de minimiser ou de nier
la gravité de son acte, ou promettre avec remords quil ne recommencera pas. Dans
la plupart des cas, pourtant, la violence se répète de plus en plus fréquemment et
avec toujours plus dintensité.
Lexpérience dAna Cristina,
une victime originaire du Nicaragua, illustre la nature répétitive de la violence exercée par le partenaire : « après les coups, il revenait toujours pour me faire la cour, il machetait des habits. Et après, il disait toujours « Pardonne-moi. Je ne recommencerai plus ». Mais, il finissait toujours par refaire la même chose. Dans ces moments-là, ma grand-mère me disait « mon enfant, à quoi bon avoir des bonbons en enfer ? » »
LOrganisation mondiale de la santé a déterminé au moins deux schémas de violence
exercée par le partenaire intime : la « violence conjugale courante », une forme de
violence où lexaspération continue se manifeste sporadiquement par des agressions
physiques ; et la « violence grave », une escalade de violence physique et de terreur
psychologique.13 La violence conjugale courante est généralement lexpression
spontanée de la frustration ou de la colère. La violence grave, en revanche, est
systématique. Et sil est vrai que les hommes se distinguent clairement comme
coupables des deux types de violence, ils représentent lécrasante majorité des
auteurs de violence grave.14 La peur et lintimidation sont deux caractéristiques de
la violence grave. Lauteur des violences y a recours pour établir, rétablir ou maintenir
son pouvoir et le contrôle quil exerce sur sa partenaire.
Les violences physiques saccompagnent souvent de violences sexuelles. De plus en
plus de gouvernements adoptent des lois qui reconnaissent le viol conjugal comme un
crime. Pourtant, dans la plupart des pays, les rapports sexuels forcés entre conjoints
ne sont pas considérés comme un crime. Labsence dune législation relative au viol
conjugal reflète et renforce la présomption de nombreux hommes, selon laquelle il est
du devoir dune femme de se plier aux exigences sexuelles de son époux, une idée à laquelle adhèrent de nombreux hommes, mais aussi certaines femmes
Aux États-Unis, un garçon de huit ans crie après son père tandis que ce dernier est
arrêté par la police pour avoir violenté sa femme, la mère de lenfant. Pour de
nombreux enfants, être témoin de violence familiale est tout aussi traumatisant
quen être soi-même la victime. La maltraitance infligée par le partenaire intime est
un comportement acquis ; certains enfants peuvent intégrer cette violence aux
relations quils vont nouer à ladolescence et à lâge adulte.
Au Zimbabwe,
par exemple, une femme qui refuse davoir des relations sexuelles avec son mari risque
dêtre « poursuivie et frappée de malchance » par lesprit de celui-ci, après sa mort.
Pour cette raison, mais aussi parce que certains principes culturels quasi-universels
interdisent daborder les comportements sexuels intimes, la maltraitance sexuelle est
une forme de violence exercée par le partenaire intime quil encore plus difficile à
étudier que la violence physique. Néanmoins, il ressort de données récentes que, «
par une ironie du sort, un grand nombre de relations sexuelles non consenties [par les
femmes] surviennent au sein dunions consenties. »
Selon les résultats de recherches menées dans neuf pays, une femme sur cinq en
moyenne reconnaissait avoir été forcée par son partenaire à avoir des rapports
sexuels. Les statistiques sont bien plus élevées dans certains pays : 30 pour cent
dun échantillon de femmes de Bangkok, en Thaïlande ; 48 pour cent à Cusco, au
Pérou ; et 59 pour cent en Ethiopie ont déclaré avoir été forcées par leur partenaire
à avoir des relations sexuelles.18 En Papouasie-Nouvelle Guinée et en Inde, entre la
moitié et les deux tiers des personnes interrogées avaient déclaré avoir eu des
rapports sexuels forcés. Selon les données recueillies, ces rapports commencent
souvent par des coups ou saccompagnent de coups, comme le confirme la
déclaration de cette Ougandaise :
« Mon mari me battait au point quil avait honte de memmener chez le docteur. Il
me forçait à coucher avec lui et me battait si je refusais. [
] Même quand il était
séropositif, il voulait quand même avoir des rapports sexuels. Il refusait dutiliser des
préservatifs. Il disait quil ne pouvait pas manger des bonbons dans leur papier
emballage. »
De tous les aspects de la violence exercée par le partenaire, la maltraitance
psychologique est sans doute la plus invisible, mais probablement la plus fréquente
quil soit donné aux femmes de subir. La violence psychologique recouvre une série
de comportements manipulateurs ou menaçants destinés à faire naître la peur : coups
de poing dans le mur, massacre danimaux, harcèlement criminel… Elle comprend
également la violence verbale, qui se traduit, par exemple, par des remarques
désobligeantes, humiliantes ou gênantes.20 La maltraitance psychologique peut être
tout aussi démoralisante, sinon davantage, que la violences physique ou sexuelle,
comme en témoigne une femme originaire du Nicaragua, victime de violence verbale
continue : « Il me disait « Tu es un animal, une idiote, tu ne vaux rien. » Alors, je me
sentais encore plus stupide. Je ne pouvais pas relever la tête. Je pense que jen ai gardé
des cicatrices. [
] Je lai accepté, parce quau bout dun certain temps, il mavait
détruite par les coups et psychologiquement ».
Photo (ci-contre) : Annie Liebowitz (en haut à gauche / en bas à droite) et Donna
Ferrato/Network Photographers (en haut à droite / en bas à gauche)
Photos : AFP
Aux États-Unis, une femme [ci-dessus] reçoit des soins médicaux pour les
blessures que lui a infligées son compagnon en lui roulant sur le corps avec sa
camionnette. Un médecin examine les marques de pneu laissées sur sa poitrine.
Photo : Donna Ferrato/Network Photographers
Début 2005, Rania Al-Baz [à droite], une présentatrice de télévision saoudienne
très appréciée, a été battue par son mari jusqu’à perdre connaissance, au cours
dune dispute. Lors dun entretien, elle a décrit ainsi l’agression : « Et tout dun
coup, il était en train de m’étrangler. Puis il ma jetée contre le mur et ma cogné la
tête sur le sol. Il ma dit de réciter la Shahada (la profession de foi musulmane, à
prononcer lors des rites funéraires) parce que j’allais mourir. Je lai récitée et je
me suis évanouie. Quand jai repris connaissance, jétais à lhôpital. » Lorsque
Rania Al-Baz sest rétablie, elle a fait ce qui est impensable en Arabie Saoudite :
elle a raconté.
Photos : AFP
Dans un poste de police aux États-Unis, un homme arrêté pour violence familiale
proteste contre lagent de police chargé des rapports. Il existe, dans différentes
cultures de par le monde, des maris et des femmes qui considèrent la violence
exercée par les hommes contre les femmes comme un aspect normal de la vie
conjugale.
Photo : Donna Ferrato/Network Photographers
Conséquences de la violence exercée par le partenaire intime pour les femmes :
Depuis plusieurs dizaines années, les défenseurs des droits de la femme et les chercheurs du monde entier désignent la violence infligée aux femmes par leur partenaire comme une violation des droits fondamentaux, reconnus par la communauté internationale, portant atteinte à lintégrité, à la liberté et au bien-être des femmes, ainsi quà leur participation au sein de la famille et de la société.
Pourtant, cest seulement au cours des 10 dernières années que les répercussions graves et a refusé de memmener chez le docteur. Il ma dit « quest-ce que je vais lui dire, « Son mari la bat » ? »
Au vu de ce lien entre la violence physique et la grossesse, il est dautant plus alarmant de constater que les femmes subissant des violences de la part de leur partenaire pourraient
être plus susceptibles davoir une progéniture nombreuse. Des recherches menées au
Nicaragua ont montré que la violence était liée aux familles nombreuses. Toutefois, dans
omniprésentes de la violence exercée par le
partenaire intime en matière de santé publique ont suscité lintérêt de la communauté
internationale. Dans un rapport publié en 1997, le directeur du service de Santé publique des États-Unis avait conclu que la violence familiale constituait à elle seule la plus grande menace pour les femmes américaines plus encore que le viol, les agressions et les
accidents de voiture réunis.22 De même, le Conseil de lEurope a affirmé que ce type
de violence était à lorigine de plus de décès et de complications sanitaires que le
cancer ou les accidents de la route : la violence exercée par le partenaire intime est en
effet la principale cause de décès et de handicap chez les femmes européennes âgées
de 16 à 44 ans. Une étude, menée récemment à Victoria, en Australie, auprès de
femmes âgées de 15 à 44 ans, désignait cette forme de violence comme principal
facteur de décès, de handicap et de maladie. Daprès létude, « le poids de morbidité
imputable à la violence exercée par le partenaire est beaucoup plus important que
celui attribuable à dautres facteurs de risque connus tels que lhypertension artérielle,
le tabac ou lobésité. »
Les agressions commises par les partenaires peuvent être à lorigine dun large
éventail de blessures physiques graves. Selon un rapport publié en 1998 par le
Département dÉtat américain, les violences physiques infligées par les maris ou les
compagnons sont à lorigine de 37 pour cent des cas de femmes violentées
enregistrés aux services des urgences. En outre, ces violences contribuent
largement à causer handicaps et maladies chroniques, et notamment toute une série
de problèmes de santé reproductive.
« Mon mari me battait au point quil avait honte de memmener chez le docteur. Il me forçait à coucher avec lui et me battait si je refusais. [
] Même quand il était séropositif, il voulait quand même avoir des rapports sexuels. »
Plusieurs études menées au Canada, au Chili, en Égypte, en Australie et au
Nicaragua, par exemple ont montré un taux élevé de violence exercée par les
partenaires de femmes enceintes.26 « Sharofat » est originaire dOuzbékistan.
Abandonnée par son mari, elle se souvient encore des violences que celui-ci lui avait
infligées durant leurs années de mariage :
« Il me battait si fort que jai perdu mes dents. Il me battait au moins une fois par
mois. Il frappait à coups de poings. Cest lorsque jétais enceinte quil me battait le
plus violemment. […] La première fois, jai perdu le bébé. Jétais à lhôpital. La
deuxième fois, cétait quelques jours seulement avant la naissance du bébé, et javais
le visage couvert de bleus. Il ma battue et je suis allée chez mes parents. Mon père
la plupart des cas, la violence exercée par le partenaire commence à se manifester avant
larrivée de lenfant.28 Selon une hypothèse en rapport avec ces conclusions, les femmes
engagées dans des relations violentes sont peut-être moins en mesure dexercer un
contrôle en matière de contraception. Selon une étude réalisée en Inde, les grossesses
imprévues sont plus de deux fois plus fréquentes chez les femmes maltraitées par leur
partenaire, et notamment chez celles qui subissent des sévices sexuels.29
Par ailleurs, les victimes de violences physiques et sexuelles infligées par un
partenaire intime sont également plus exposées aux infections sexuellement
transmissibles, et notamment au VIH. Selon les conclusions détudes menées au
Rwanda, en Tanzanie et en Afrique du Sud, les femmes engagées dans des relations
violentes sont jusquà trois fois plus exposées au VIH.30 Des recherches menées en
Ouganda par lorganisation Human Rights Watch en font la cruelle démonstration :
« Le mari de Hadija Namaganda, séropositif, la violait et la battait violemment. Au
cours dune agression particulièrement brutale, il lavait même mordue, lui arrachant
loreille. Sur son lit de mort, gagné par la maladie, il était devenu trop faible pour la
battre et avait donné lordre à son jeune frère de prendre le relais. Aujourdhui
séropositive, Hadija Namaganda se souvient : « Il me forçait à coucher avec lui après
avoir contracté la maladie. Sil voulait, il me forçait et maccusait de voir dautres
hommes. Il me disait quil me tailladerait et me jetterait à la rue. Je ne connaissais pas
lexistence des préservatifs. On nen a pas utilisés. »
Le VIH nest pas uniquement la conséquence de ces violences ; il peut également en
être la cause. Un homme avait ainsi menacé sa femme, originaire de République
Dominicaine : « Si tu as quelque chose [une infection sexuellement transmissible], je
te tue. »32 En Afrique, les femmes et les filles constituent, en termes deffectifs, le
premier groupe à risque dinfection par le VIH et celui dont la croissance est la plus
rapide. Selon certaines données recueillies sur ce continent, les femmes qui craignent
des représailles de la part de maris violents évitent ou retardent le dépistage, la
révélation de leur condition et le traitement du VIH et dautres infections
sexuellement transmissibles.
Carolina » se prostitue sur les trottoirs de Granada, au Nicaragua. Elle a rencontré son mari lors d’une soirée, à lâge de 15 ans, et ils se sont fréquentés durant huit mois
environ avant de se marier. « Lorsque je lai rencontré, il était menuisier. Après la naissance de notre premier fils, Brian, son comportement a commencé à changer. Ses
amis se sont mis à traîner à la maison ; ils buvaient. Ils l’ont entraîné dans un gang. »
Après avoir rejoint le gang, le mari de Carolina est devenu plus violent : « Il me frappait, me donnait des coups de pieds. Il me laissait pour morte. Deux fois, jai failli
perdre notre premier bébé. Il memmenait à l’hôpital, puis il s’excusait. Jai tenté deux ou trois fois de le quitter, mais il menaçait de me tuer. Il ne me frappait que lorsque
jétais enceinte ; je crois quil voulait en fait provoquer une fausse couche. Il me jetait contre le mur, me tirait les cheveux. Il était parfois sobre, parfois saoul. Jétais
enceinte de notre deuxième fils quand je lai finalement quitté. Je suis arrivée à Granada à mon huitième mois de grossesse. Je ne pouvais pas trouver de travail car je
devais moccuper de mon premier bébé. La prostitution était donc la seule option qui me restait. Jai dû faire ce choix de vie. Ça fait un an maintenant. Mon esprit est vide,
et mon avenir
je ny pense pas. »
Dans sa forme la plus extrême, la violence exercée par le partenaire intime se solde
par un meurtre. Au Royaume-Uni, quelque 120 femmes sont tuées chaque année par
leur époux ou leur compagnon. Chaque semaine, en Zambie, environ cinq femmes
sont tuées par un partenaire ou un parent.35 Selon plusieurs études réalisées en
Australie, au Canada, en Israël, en Afrique du Sud et aux États-Unis, entre 40 et 70
pour cent des femmes victimes de meurtres ont été tuées par leur mari ou leur
compagnon.36 En République Dominicaine, en 2003, la proportion dhomicides de
femmes perpétrés par un partenaire intime atteignait 83 pour cent.37
Les retombées négatives de la violence familiale vont bien au-delà des foyers qui en
sont le théâtre. Tenues de fournir aux victimes et à leurs enfants une protection, ainsi
que des services sociaux et de santé publique, les communautés et les nations sont
soumises à une pression financière considérable. De même, les sociétés subissent
limpact des coûts indirects et à long terme engendrés par les taux accrus de morbidité
et de mortalité, les troubles comportementaux des enfants, la perpétuation
transgénérationnelle de la violence, labsentéisme au travail et les pertes demplois.42
Dans certains pays développés tels que le Canada ou les États-Unis, les coûts annuels
engendrés par la violence exercée par le partenaire ont été estimés à plusieurs
Même lorsquune femme nest pas tuée par son partenaire, la peur, le sentiment dimpuissance
et de désespoir qui accompagnent bien souvent les relations violentes peuvent linciter
à tenter de mettre fin à ses jours. Selon le Fonds des Nations Unies pour lenfance
(UNICEF), de multiples études États-Unis, aux îles Fidji, en Papouasie-Nouvelle Guinée, au Pérou, en Inde, au Bangladesh et au Sri Lanka ont illustré le lien de cause à effet qui existe entre le suicide et la Violence exercée par le partenaire : une femme maltraitée est jusquà 12 fois plus susceptible de commettre une tentative de suicide. Aux États-Unis, 35 à 40 pour cent des femmes battues tentent de mettre fin à leurs jours.
Le mari de Hadija Namaganda, séropositif, la violait et la battait violemment. Au cours
dune agression particulièrement brutale, il lavait même mordue, lui arrachant loreille.
Sur son lit de mort, gagné par la maladie, il était devenu trop faible pour la battre et
De toutes les manifestations de comportements suicidaires chez les femmes victimes
de violence de la part de leur partenaire, lune des plus horrifiantes est lautoimmolation, une pratique qui consiste à simmoler par le feu. Par rapport aux autres
méthodes de suicide, lauto-immolation est peu ordinaire puisquelle est
habituellement limitée au Moyen-Orient et à lAsie centrale. Comme dautres formes
de suicide, elle ne se limite pas uniquement ni même principalement aux femmes
victimes de sévices infligés par leur partenaire. Pourtant, lorsquelle est liée à la
violence exercée par le partenaire intime, lauto-immolation traduit de manière
particulièrement poignante le sentiment de désespoir des femmes.
Autres répercussions
Les femmes maltraitées par leur partenaire ne sont pas seules à souffrir :
généralement, leurs enfants subissent eux aussi les conséquences de leur
maltraitance. Il a été démontré que la violence exercée par le partenaire augmentait
le risque de mortalité chez les nourrissons et les très jeunes enfants. En outre, elle
peut contribuer à engendrer une série de troubles affectifs et comportementaux chez
les enfants qui survivent aux violences et en deviennent les témoins.39 Selon
plusieurs études menées en Irlande, au Mexique et en Érythrée, les enfants qui vivent
dans des foyers violents sont régulièrement témoins de violences.40 Daprès les
conclusions de travaux de recherche menés aux États-Unis, il est tout aussi
destructeur, pour un enfant, dassister à de tels actes que den être la cible directe.41
avait donné lordre à son jeune frère de prendre le relais.
milliards de dollars.43 Dans les pays en voie de développement, les coûts mesurables
peuvent être bien moins élevés, car les services mentionnés ci-dessus ne sont pas aussi
solidement établis ni aussi répandus. Néanmoins, même là où les coûts sont plus
difficiles à évaluer, la VPI a des retombées considérables sur le développement : elle
absorbe les précieuses ressources disponibles tout en réduisant la capacité des
femmes et des enfants à contribuer au progrès social et économique.
Réagir face à la violence exercée par le partenaire intime
Dans le cadre dune étude réalisée en Érythrée, il a été demandé à plusieurs femmes
battues et maltraitées par leur partenaire dexpliquer pourquoi elles navaient pas mis
fin à leur relation.
De nombreuses réponses traduisaient les mêmes sentiments dimpuissance et de futilité :
« Il nadmettait pas que je lui dise non, il ne voulait pas accepter le fait que je
men allais ».
« Est-ce que jallais partir vivante ? »
« Juste pour les enfants. Il les prendrait avec lui. Cest ça, en fait ».
« Où est-ce que jhabiterais ? »
« Jétais enceinte et je pensais quil ferait du mal au bébé et à ma famille. »
Ces femmes, comme dautres dans le monde, pensaient quelles navaient aucun recours pour échapper à la violence. Leurs réponses reflètent certaines des dynamiques qui renforcent la violence exercée par le partenaire : peur, pauvreté, manque de protection juridique et de soutien social.
Pour lutter contre la violence exercée par le partenaire, il faut avant tout comprendre
lécologie fondamentale de ce phénomène : linteraction de facteurs individuels et
culturels qui favorisent la maltraitance au sein des foyers, des communautés et des
sociétés.45 Cest pourquoi, au cours des dernières années, de nombreuses démarches
ont été entreprises pour améliorer les capacités de recherche locales et internationales. LOrganisation mondiale de la santé a notamment mené plusieurs études multinationales sur la violence exercée par le partenaire. Dans le même temps, lorganisation a établi des normes internationales définissant les approches valables dun point de vue éthique et méthodologique pour étudier la violence à légard des femmes.
Les experts chargés denquêtes démographiques et sanitaires au niveau mondial ont également conçu des méthodes contenant des questions normalisées sur la violence exercée par le partenaire quils mettent en application dans divers pays à travers le monde.
Au cours des 10 dernières années, les résultats de ces démarches,
de même que les travaux des chercheurs indépendants et des défenseurs des droits
de la femme, ont permis de dresser un portrait nouveau de létendue mondiale du
problème, qui a servi de base aux activités de sensibilisation menées aux niveaux
local, national et international. La plupart des experts saccordent à dire que les
recherches menées jusquici nont révélé que la partie visible de liceberg, et tout
particulièrement dans les pays en voie de développement. Il reste beaucoup à faire :
il faut notamment harmoniser les méthodes de recherche afin quelles puissent être
plus facilement comparées ; se pencher davantage sur les facteurs de risque qui
exposent les femmes à la violence, et sur ce qui les en protège ; et mieux définir
lincidence de cette violence.
Au cours des quelque 20 dernières années, les groupes de femmes et les organisations
de défense des droits de la personne se sont activement employées à donner une
assise solide à la lutte contre la violence exercée par le partenaire intime. Certaines
données suggèrent que la plupart des pays, dans le monde entier, entreprennent des
démarches, même modestes, pour identifier et traiter le problème de la violence
exercée par le partenaire. Certains dentre eux peuvent mener une action très
soutenue. Certes, les stratégies utilisées diffèrent selon les cultures, lengagement et
la disponibilité des ressources. Toutefois, la quasi-totalité dentre elles reposent sur
niveaux local, national et international pour souligner les effets de la violence
exercée par le partenaire intime.
Grâce à la mobilisation des communautés et aux efforts consentis en matière
déducation et de sensibilisation, de nombreux pays ont progressé dans ladoption de
lois contre la violence exercée par le partenaire intime bien que les progrès soient
moindres en matière de viol conjugal. Les programmes destinés à améliorer la prise
en charge des victimes se sont multipliés, notamment pour ce qui a trait à la
formation de la police et des professionnels de la santé. Dans certains pays, les
services de soutien comprennent aujourdhui des permanences téléphoniques, des
refuges et des centres communautaires.
Quand bien même, trop de pays sont à la traîne en matière de mise en application
des lois, dengagement des autorités et daccès aux soins. Un grand nombre de
recherches démontrent que de nombreuses victimes de violence exercée par le
partenaire nont pas recours aux services de soutien. Que ce soit en raison dun
manque daccès aux services ou dun manque de confiance en ces services, par honte,
par résignation ou par peur des représailles, il reste que de nombreuses victimes de
maltraitance « souffrent en silence » dans le monde.48 Cette situation devrait donner
lalerte auprès des prestataires de services et des militants, et les inciter à évaluer
laccessibilité et lefficacité des activités dappui aux victimes. À ce jour, rares sont les
programmes dont lefficacité a été évaluée. Le contrôle et lévaluation des
interventions comptent même parmi les mesures essentielles à prendre pour
renforcer les capacités en vue de sattaquer à ce problème aux niveaux local, national
et international.
Par ailleurs, lintérêt porté à lamélioration des efforts de prévention a été
relativement moindre : une grande partie des ressources limitées, consacrées à la
violence exercée par le partenaire intime a naturellement servi à assurer la sécurité et
le bien-être des victimes, au niveau de lindividu et sur le plan des politiques des recours pour échapper à la violence. Leurs réponses reflètent certaines des dynamiques qui renforcent la violence exercée par le partenaire intime : peur,pauvreté, manque de protection juridique et de soutien social.
Ces femmes, comme dautres dans le monde, pensaient quelles navaient aucun cette approche, la violence exercée par le partenaire « est en grande partie perçue comme un problème de femmes. »
S’il est crucial que les femmes survivent à la violence exercée par le partenaire et se
des réformes de la loi et des politiques, et sur des initiatives mises au point à léchelle
de la communauté et destinées à défendre les droits des femmes.
Ces stratégies visent également à renforcer les capacités des systèmes de santé et de
justice, et des services sociaux en vue de déterminer et de contrôler la violence
exercée par le partenaire, et dy réagir ; ainsi quà garantir que des soins soient
prodigués aux femmes victimes de maltraitance, avec respect et diligence. En outre,
des campagnes médiatiques et des programmes éducatifs ont été mis en place aux
rétablissent, il faut également consacrer un volume considérable de ressources à la
prévention si les sociétés du monde veulent atteindre leur objectif à long terme :
éliminer la violence exercée par le partenaire.
Lélaboration de stratégies de prévention est un domaine particulièrement
prometteur, notamment lorsquil sagit de réduire les facteurs qui incitent les hommes
à se montrer violents envers les femmes. Des programmes types, visant à « engager
les hommes », ont été mis en place dans de nombreux pays. Toutefois, leur portée et
leur impact sont gravement insuffisants eu égard au nombre dhommes responsables
de maltraitance envers leurs partenaires. Certes, les programmes destinés à obtenir
lengagement des hommes sont cruciaux dans le cadre de la lutte contre la violence
exercée par le partenaire intime. Toutefois, pour que la prévention soit efficace, il est
impératif dassurer lengagement actif de tous les membres de la communauté
hommes, femmes, garçons et filles.
Selon lOMS, le changement appartient aux générations à venir, qui « devraient, à
leur majorité, être plus capables que leurs parents ne létaient généralement de gérer
leurs relations et de résoudre les conflits relationnels ; se voir offrir de meilleures
occasions pour construire leur avenir, et avoir une idée plus juste de linteraction et
du partage des pouvoirs entre hommes et femmes. »50
Pour remporter la lutte internationale contre la violence exercée par le partenaire, il
faut susciter un changement social fondamental qui soutienne les droits de la femme
ainsi que leur participation égale au sein de toutes les relations, et particulièrement
des relations les plus intimes.
Lhistoire de Clémentine
« Clémentine » a 22 ans et vit en République démocratique du Congo.
« Je me suis mariée en 2001, à lâge de 18 ans. Jétais enceinte, mais cétait notre choix de nous marier. On se connaissait depuis quatre ans. On est parti habiter chez ses
parents. Pour moi, au début, ça allait, puis cest devenu de pire en pire. Cétait avec ma belle-mère et ma belle-soeur que c’était le plus dur ; cest sans doute un problème
courant. Puis nous avons déménagé. On vivait bien, mon mari était travailleur intérimaire pour le Comité international de la Croix-Rouge. Après avoir perdu cet emploi, il a
retrouvé un autre emploi occasionnel auprès dune autre organisation, mais il ne travaille pas tous les jours. Je ne travaille pas, je m’occupe de la maison. On était heureux,
jusquà ce que récemment, les choses commencent à changer.
« On a commencé à avoir des problèmes quand il a changé damis. Il sest mis à passer du temps avec des garçons qui fréquentent des hôtels et des bars. Quand il passe son
temps dans des hôtels, ça me met en rogne. Le problème, cest que je nai rien dit, et jen ai souffert psychologiquement. Je faisais de lhypertension. Je minquiétais à lidée
que ses fréquentations pouvaient lentraîner dans l’alcool ou dans les bras des femmes. Une amie ma conseillé de ne pas laisser le problème saggraver, de me libérer et den
parler. Alors, jai attendu quune occasion se présente.
« Le dimanche 20 février 2005, alors quon rentrait dune visite chez ma famille, il ma menti en me disant quil avait été appelé par son travail. Je lui ai répondu que je rentrais
à la maison. Comme il sen allait, jai commencé à me douter que ce nétait pas vrai. Un homme m’a dit plus tard avoir vu mon mari se rendre dans un hôtel avec des amis. Il
ma dit : « Ils sont là-bas, mais ne va pas le trouver. Quand ton mari rentrera, ne lui dis pas que je te l’ai raconté ». Je suis rentrée à la maison et je me suis endormie sur le canapé.
« Mon mari est rentré à 8 heures du soir avec un ami et ma demandé quel était le problème, pourquoi javais dormi sur le canapé. Je lui ai répondu que je me sentais mal. Je
suis allée dans la chambre, il ma suivie et il a fermé la porte à clef. Il sest mis derrière moi et ma saisie aux bras, puis il a dit : « Maintenant tu commences à bien me connaître, et tu me suis partout où je vais. » Puis il a commencé à me battre. Il ma battue très fort. Il ma tirée du lit pour me jeter par terre et a commencé à me piétiner. Jai essayé de me cacher le visage. Il ma battue avec les mains, les poings et les pieds, pendant environ 20 minutes. Je criais, et lorsquil a m’a piétiné le ventre, jai crié tellement fort que son frère aîné, qui vit près de chez nous, ma entendue et a essayé dentrer. Lami de mon mari qui était rentré avec lui a dit à mon beau-frère de sen aller et de nous laisser régler nos problèmes.
« Quand mon mari a entendu la voix de son frère, il a dit : « Va-t-en. Je vais rien faire à ma femme ». Jai retrouvé des forces et jai réussi à ouvrir la porte. Son frère la emmené
dehors, et je suis restée avec ma belle-soeur et lami. Jai perdu connaissance et je me suis écroulée par terre. Ma tête a cogné la fenêtre. La vitre s’est brisée, et mon mari a cru que je l’avais cassée. Il est revenu et il ma dit : « Tu as détruit toute la maison ». Il a attrapé un morceau de bois et m’a frappé sur la tête et dans le bas du ventre. Le morceau
de bois s’est brisé en deux. Il a continué de me battre très violemment. Les autres essayaient de le retenir, mais sans succès. Ils ont finalement réussi et la femme de son frère ma emmenée chez elle.
« Mon mari me force parfois à faire certaines choses. Il m’a forcée, de nombreuses fois, à coucher avec lui alors que je nen avais pas envie. Pour lui, ce nest pas parce quil
ma battue quon ne doit pas coucher ensemble. Il dit que cest du passé. Il ne s’est jamais excusé. Il ma dit quil ne savait pas pourquoi il était aussi en colère contre moi, au
point de me battre, mais quil ne comprenait pas non plus pourquoi je lavais suivi. Depuis, jai très peur de lui. Sa famille était en colère contre lui, ils lui ont reproché ce quil
avait fait ; mais cétait en ma présence, je ne suis pas certaine qu’ils étaient sincères. Ils m’ont dit de ne pas garder de rancune. Son frère aîné ma dit de ne jamais raconter ça
à personne. Il ma dit : « Cest une histoire courante, donc ne la raconte pas. [
] Ce quun homme fait à sa femme ne regarde personne » ».
Photo : Georgina Cranston/IRIN
« Maria », 27 ans, sest présentée au poste de police avec un oeil au beurre noir après avoir été frappée au bâton par son mari. Sa vue de loeil gauche avait déjà été altérée par de précédentes violences. « La nuit dernière, il était saoul. Il est chauffeur pour une société de construction. Il me frappe plusieurs fois par mois, mais il magresse verbalement tous les jours. »
Le mari de Maria frappe également les deux enfants quelle a eus avec un précédent partenaire. Au poste de police, le policier lui dit : « Si vous ne le quittez pas, il va vous tuer. Vous devez trouver un moyen de lui échapper. »
« Il menace demmener mes enfants », répond Maria. « Donc je reste constamment avec eux. Quelle sorte déducation va-t-il leur donner ? »
Le capitaine de police dit à Maria : « Vous ne pouvez pas continuer à supporter tant de
violence, même si vous êtes chrétienne. Vous êtes un être humain. Vous avez besoin
de protection, et vos droits doivent être respectés ».
« La nuit dernière, jai dit à mon mari que jirai [au poste de police] » répond Maria. «
Jai appelé la patrouille de police. Ils ont dit quils viendraient, mais ils ne sont pas
venus. »
Photos : Evelyn Hockstein/IRIN
Lhistoire de Rizufa
« Rizufa », 18 ans, mariée et mère dun bébé de quatre mois, vit à Herat, en Afghanistan, où les femmes continuent de subir quasiment
la même forme doppression quelles ont connue sous le régime des Talibans. Elle est mariée depuis un an à un homme qui la bat régulièrement.
Il la frappée avec un bâton de bois, lui a donné des coups de pied et lui a jeté des objets à la figure. Un soir, comme elle n’avait pas préparé le
dîner à temps, il lui a jeté un objet qui la coupée à l’oeil.
Un jour, alors que Rizufa était enceinte, son mari lui a apporté de la viande pour son repas. Le beau-père de la jeune fille l’a appris et a défié
Rizufa en lui demandant pourquoi ils mangeaient de la viande aussi chère alors que l’ensemble de la famille était si pauvre. Elle a tenté de
sexpliquer, mais son mari sest mis en colère, et lui a reproché d’avoir répondu et de sêtre disputée avec son père. Il la battue pour la punir de
son insolence.
Après lincident, Rizufa est allée chez sa mère pour lui expliquer sa situation. Son frère a dit qu’il voulait tuer le mari de Rizufa. La famille sest
rendue à la shura, une cour de justice traditionnelle, et a obtenu la condamnation du mari et du beau-père à un mois d’emprisonnement. Durant
cette période, elle est restée chez sa mère.
Lorsque son mari a été libéré de prison, Rizufa a dû retourner chez elle. Il a interdit à Rizufa de revoir les siens, et celle-ci ne les a pas vus
pendant cinq mois. Bouleversée par la séparation, elle regardait parfois les photos de famille pour combler son manque. Un jour, elle était en
train de regarder les photos quand son mari est rentré. Il lui a dit : « Donne-moi cette photo. Je vais la déchirer. Je naime pas ta mère et tu ne
devrais pas laimer non plus. » Il a attrapé la photo et la déchirée. Lorsque Rizufa sest mise à pleurer, il la menacée de la tuer si elle ne se taisait
pas. Elle lui a répondu : « Ce ne sera pas nécessaire. Je vais mettre fin à mes jours. »
Quand son mari a quitté la pièce, Rizufa sest aspergée de combustible de cuisine et a allumé une allumette. Elle sest précipitée dehors en
hurlant, le corps en flammes. Son mari lui a arraché sa chemise, la ramenée à lintérieur et a envoyé quelquun chercher sa mère. Ses parents
lont emmenée à lhôpital.
Plus tard, étendue dans son lit d’hôpital, le corps couvert de brûlures, Rizufa a expliqué quelle avait lintention de retourner auprès de son mari.
« Je dois rester mariée, à cause de mon fils. Le divorce est mal vu dans notre culture. Plutôt mourir que divorcer. »
Photo : Evelyn Hockstein/IRIN
Lhistoire dElizabeth
« Elizabeth », 17 ans, attend son second enfant. Mariée depuis huit mois, elle vit chez sa mère avec son mari. Ce dernier la frappe
lorsquil est saoul, des violences qui coïncident généralement avec le versement de son salaire mensuel. Elle a peur quun jour, il aille jusqu’à la tuer, ce quil a presque réussi à faire la dernière fois quil la battue.
« Quand je suis rentrée du travail, mon mari était saoul. Plus tard ce soir-là, il a commencé à minsulter. Il ma frappée, et je lui ai demandé de respecter la maison de ma mère. Mon mari ma répondu que ça lui était égal et a continué de me frapper ; sur les bras, pas sur le visage. Puis il a attrapé mon chemisier et ma cognée à deux reprises. Jai
rassemblé ses affaires dans une boîte, je les ai mises dehors, et je lui ai demandé de partir.
» Il ma poignardée et sest enfui. Les voisins lont rattrapé. Celui qui y est parvenu a bien failli se faire poignarder aussi. Ma mère criait « Il a tué ma fille ! ». Jai perdu beaucoup de sang. Il mavait perforé les intestins et je devais garder ma main sur la blessure. Quand je suis sortie de la maison, jai perdu connaissance. On ma emmenée à lhôpital en camionnette. Jy suis restée une semaine, et jai perdu un ovaire. Mon mari savait que jétais enceinte quand il ma battue. »
« Je veux que la police le garde en détention pendant un moment. Il va y avoir un procès. Je me sens menacée, parce que s’il ne m’a pas tuée cette fois, il le fera la prochaine
fois. Jai peur quil vienne nous faire du mal, à moi et au bébé. Nous, les femmes, nous sommes seules. Personne nest là pour nous protéger. »
La mère d’Elizabeth, en compagnie dune policière et dun voisin sur la photo ci-dessus, a été témoin de lagression. « Certaines dentre nous emmènent ces hommes au poste
de police. Mais ensuite, leurs familles essaient de nous convaincre dinterrompre la procédure. »
Photos : Evelyn Hockstein/IRIN ]
ECVF.
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» Dans certains contextes, les femmes elles-mêmes ont assimilé ces normes sociales patriarcales » …
En en ayant AUCUNE CONSCIENCE de leur monstruosité: ces femmes pensent que c’est la NORME NATURELLE, que les femmes ont été CREES INFERIEURES aux mecs ! ( Elles s’amputent « toutes seules » , plus besoin de les cogner, elles font partie du troupeau formaté par des mâles…De leur plein gré !)
Dans un com de nana SUR mon blog : » Les femmes veulent être les égales des hommes…Et elles en payent les pots cassés » ! ( une gentille nana, qui ne ferait pas de mal à une mouche…Seulement aux prochaines assassinées, grâce à ses « encouragements »…Au machisme et à la misogynie ! Mais du moment que des mecs sont contents, vogue la…Galère des nanas!!!
LES BRAS M’EN TOMBENT !!!