[ Par un collectif dintellectuels Musulmans:
A la suite dune interview parue le 6 mars 2001 dans lhebdomadaire indépendant, Al-Midan, où elle réaffirmait ses positions sur le caractère non-obligatoire du port du voile, ou encore la nécessité dabolir la loi islamique sur lhéritage (qui défavorise les femmes) pour venir en aide aux nombreuses femmes égyptiennes aux faibles revenus, lécrivain et militante des droits de la femme, Nawal Al-Saadawi, a fait lobjet des mêmes poursuites pénales qui ont valu en 1995 à lintellectuel Nasr Abu Zeid, le divorce forcé et lexil pour cause dapostasie. Dans cet entretien où elle a dénoncé la collusion entre les forces néo-libérales et les fondamentalistes musulmans, elle a également rappelé que lexploitation des classes populaires et loppression des femmes était contraire à lesprit de lislam, et que de nombreuses pratiques islamiques sinspiraient de lépoque pré-islamique, comme cest le cas pour le pèlerinage. Deux semaines après la parution de cette édition, le Mufti dÉgypte, le Shaykh Nasr Farid Wassel, a invité Mme Al-Saadawi à renoncer à ses positions et envoyé une lettre au journal, accusant la militante d« égarement hors des limites de lislam ». Selon Nawal Al-Saadawi, le journaliste a procédé à une manipulation de ses propos par des citations sorties de leur contexte, alors quelle navait fait quénoncer des faits historiques. En avril 2001, le procureur général a engagé des poursuites contre Mme Al-Saadawi pour apostasie, à la demande dun avocat conservateur, Nabih Al-Wahsh, qui réclamait la dissolution du mariage de celle-ci davec Sherif Hetata*, son mari depuis 37 ans. Nawal Al-Saadawi, connue pour ses critiques contre les fondamentalistes, avait déjà fait lobjet de poursuites judiciaires. En 1981,elle fût condamnée à une peine de prison de 11 ans pour activisme politique, et en 1991, lAssociation de solidarité des femmes arabes quelle avait fondée, a été dissoute, à la suite de ses prises de position contre la guerre du Golfe. Plus récemment, ses ouvrages ont été censurés de la foire du livre du Caire en janvier 2001.
Soupçonnée dapostasie, Nawal Al-Saadawi, risque lannulation de son mariage, conformément à la règle islamique suivant laquelle le mariage dun musulman avec une « incroyante » nest pas autorisé, et même lemprisonnement, pour attaque contre lislam. La menace qui pèse contre Nawal Al-Saadawi est dautant plus grave quelle intervient dans un climat qui sapparente fort à une chasse aux sorcières. À la suite de la parution de cet entretien, de nombreux lecteurs avaient écrit au journal pour réclamer la décapitation pure et simple de la militante, comme sanction à ses positions sur lémancipation de la femme. Les déclarations du Mufti, et à leur suite, les poursuites engagées, sont dautant plus inquiétantes quelles encouragent à la vindicte populaire, et plus grave encore, constituent un appel au meurtre, quelle que soit lissue du procès.
Nous, intellectuels musulmans de France, soutenons le combat légitime de Nawal Al-Saadawi et réaffirmons notre opposition radicale à cette disposition de la sharîa qui prévoit pour lapostat, la peine de mort. Nous rappelons que le Coran ne prévoit aucune sanction dans un cas semblable, quil sagit dune loi à caractère politique destinée à museler la liberté dexpression et de conscience, et quau vu des châtiments quelle autorise (dissolution du mariage, peine de prison pour les femmes et peine capitale pour les hommes, mais aussi incitation au meurtre), elle est une grave atteinte aux droits de lhomme, alors que lÉgypte est signataire de la Déclaration universelle des droits de lhomme de 1948.
Signé : Leïla Babès (professeur duniversité), Michel Renard (directeur de la revue Islam de France), Fabrice Tésan (professeur darabe), Mourad Faher (écrivain), Rochdy Alili (historien), Samih Ali (professeur darabe), Khaled Hammadi (doctorant), Fouad Nohra (professeur de philosophie), Mohsen Ismaïl (théologien), Said Branine (directeur de la rédaction Oumma.com), Eric-Younès Geoffroy (professeur duniversité), Moussa Allem (responsable associatif).
N.B : Le 21 mai 2001, ce manifeste a été envoyé au journal Le Monde qui, intéressé par la gravité de laffaire, nous a assuré quil le ferait paraître dans les 3 jours. Le 26 mai, puis le 30 mai, Le Monde publia deux articles du correspondant en Egypte sur Nawal Al-Saadawi, et sur la situation des intellectuels dans ce pays. Compte tenu de lapproche de la date-butoir, nous portons à votre connaissance le texte sans plus attendre. Vous le trouverez également sur le site créé pour Nawal Al-Saadawi :
http://www.geocities.com/nawalsaadawi/
Source Oumma.com
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ONZE intellectuels…MECS, MUSULMANS (Oui, 11…MECS!) signent et déclarent : » Nous, intellectuels musulmans de France, soutenons le combat légitime de Nawal Al-Saadawi et réaffirmons notre opposition radicale à cette disposition de la sharîa qui prévoit pour lapostat, la peine de mort. Nous rappelons que le Coran ne prévoit aucune sanction dans un cas semblable, quil sagit dune loi à caractère politique destinée à museler la liberté dexpression et de conscience, et quau vu des châtiments quelle autorise (dissolution du mariage, peine de prison pour les femmes et peine capitale pour les hommes, mais aussi incitation au meurtre), elle est une grave atteinte aux droits de lhomme, alors que lÉgypte est signataire de la Déclaration universelle des droits de lhomme de 1948. »
Je rappelle, pour info, qu’en…FRANCE, l’Eglise a torturé et ASSASSINE, des hérétiques et de prétendues « sorcières », au NOM de DIEU(!), pendant l’Inquisition ! ( La délation,était recommandée, par le Pape)!
*Une hérésie est une opinion contraire à la religion établie, dans un pays où la pratique de celle-ci est obligatoire. Le mot vient du grec hairesis (action de prendre choix). L’adepte d’une hérésie est dit hérétique.