" Le flirt incessant avec la pornographie et les sous-entendus "…

Stéréotypes sexuels et publicité sexiste : le sexe vend bien !

Le sexe vend bien – et vend tout
L’exposition abusive du corps des femmes, la surexploitation des stéréotypes de beauté féminine, le flirt incessant avec la pornographie et les sous-entendus à connotation sexiste n’ont jamais été aussi outranciers et laissent énormément de place à l’expression de représentations et de stéréotypes sexuels et sexistes.
Comment, par ailleurs, peut-on prétendre que la bataille de l’égalité sexuelle a été gagnée dans une société où l’image à laquelle les femmes doivent se conformer est celle d’un nouveau type de femme objet, encore plus mince, plus sexy, plus jeune et … plus « consentante » qu’auparavant ?…

D’autant, qu’au-delà des problèmes de santé physique et de troubles alimentaires, l’impact de cette sexualisation à outrance du corps féminin – et des rapports hommes/femmes qu’elle met en scène – peut non seulement provoquer insécurité identitaire et comportements relationnels irrationnels, en passant par une conception irréaliste du sexe et de l’amour, mais encore cette hypersexualisation contribue à maintenir des femmes et jeunes filles dans une situation de femmes-objets et donc à accroître leur « vulnérabilité » à la violence et à l’abus sexuel…

Depuis les travaux de Goffman (1977), il est reconnu que les postures et les dispositions des personnages féminins et masculins dans les publicités sont organisées pour donner un indice de leur position sociale relative : dominante, subordonnée ou égalitaire. Ainsi, les femmes sont-elles placées le plus souvent dans des positions inconfortables, anormales qui marquent leur disponibilité ou leur infériorité, ou encore accentuent l’idée de leur fragilité, de leur vulnérabilité ou de leur soumission…

un « monde saturé de sexualité » (La Meute, 2002) par : o l’hypersexualisation de n’importe quelle situation de la vie quotidienne ;
o la construction explicite du corps des femmes en objet de jouissance offert à tous les regards ;
o la promotion d’une sexualité de la performance ;
o l’incitation à une sexualisation précoce, l’érotisation de l’enfance et de l’image corporelle des jeunes filles même pré-pubères
o voire l’accoutumance à la domination masculine et à la violence par l’exposition de corps de femmes ou de rapports amoureux dont la mise en scène relève de la pornographie.
La publicité impose aussi une image corporelle fictive qui :
o dénature le rapport des femmes à leur corps et les convie à une identification narcissique ;
o formate et uniformise leur corps, en les assignant « à des modèles corporels inaccessibles » (La Meute, 2002) ;
o entraîne le refus irrationnel du vieillissement ;
o limite trop souvent l’identité des femmes à leur pouvoir de séduction et les cantonne au paraître, alors que le masculin est campé sous le signe du faire ;
Enfin elle contribue à une dégradation de la nature des rapports affectifs et amoureux qui
o introduit un clivage entre le corps et l’affectivité, ce qui contribue à banaliser certains comportements ou expressions de la sexualité et à pervertir le rapport au désir
o limite le désir des femmes au désir de l’Autre
o réduit la sexualité à une performance
o renforce les stéréotypes sexistes de la femme soumise et dépendante
o reconduit, ou assure la promotion de la division sociale des sexes et son cortège d’inégalité…

La sexualité est proposée aux jeunes femmes comme « moyen d’obtenir autre chose» ; succès, popularité, amour, vedettariat, pouvoir, indépendance, alors que pour les jeunes hommes elle colporte une incitation à exercer leur contrôle et à démontrer virilité et détermination. La littérature scientifique confirme sans équivoque que l’exposition à des contenus sexuels dans la publicité et l’ensemble des médias – contenus qui tendent souvent vers la pornographie – a un impact sur le comportement sexuel des adolescents, filles comme garçons. Non seulement elle construit des attentes irréalistes quant à l’apparence physique et aux performances sexuelles de leur partenaire, mais encore elle banalise la sexualité et la dépouille généralement de tout contenu relationnel et affectif.
Enfin, il est de plus en plus reconnu qu’il y a un lien à faire entre précocité des relations sexuelles et sexualisation de l’ensemble des médias – et pas seulement de la publicité sexiste : pensons aux vidéo-clips, à la télé-réalité, aux si nombreux sites pornographiques, aux paroles des chansons populaires, etc..
NOTE
(1) Rappelons, pour mieux situer notre propos, que nous ne limitons pas la notion d’hypersexualisation à la seule sexualisation précoce des jeunes filles ou encore à un phénomène vestimentaire. Par hypersexualisation nous désignons un phénomène beaucoup plus large et complexe qui se manifeste notamment par « l’omniprésence de la sexualité dans l’espace collectif qu’est l’espace public » et dans les médias (CSF, 2008), la commercialisation indue de la sexualité et sa banalisation, de même que « la pornographisation » des codes sociaux et des relations sociales (Poulin et Laprade, 206)…

« nous savons ce qui nous reste à faire : [sensibiliser notre entourage], boycotter, manifester, refuser ! dixit Les Sciences-potiches se rebellent »…

par Francine Descarries, professeure, Département de sociologie et Institut de recherches et d’études féministes (IREF), Université du Québec à Montréal, mai 2009]

(Lire l’article en entier sur le site « La Meute des chiennes de Garde » et aidez-les à défendre: le DROIT des femmes au RESPECT ) .

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[« la pornographisation » des codes sociaux et des relations sociales,

déferle aussi sur les blogs ]…

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Auteur : Tingy

Romancière féministe : je viens de publier " Le temps de cuire une sauterelle " :-)) Et de rééditer : "Le Père-Ver" et "Le Village des Vagins" (Le tout sur Amazon) ... et peintre de nombreux tableaux "psycho-symboliques"... Ah! J'oubliais : un amoureux incroyable, depuis 46 ans et maman de 7 "petits" géniaux...

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