Massacre de féministes le 6 décembre 1889 à Montréal…

Ecorchée
Gouache.

Copié/collé sur le blog du réseau « Encore féministes ! »

…  » Le 6 décembre 1989, un homme armé d’un fusil-mitrailleur est entré dans l’École polytechnique de Montréal et a tiré sur plusieurs femmes ; il a pénétré dans une salle de cours, il a dit aux hommes de sortir. Puis il a crié « Je hais les féministes », il a tiré et s’est suicidé.
Au total, il a tué quatorze femmes et en a blessé dix-neuf…

… TEXTE DU SPECTACLE

Ce texte est une parole collective. Il a été composé par les interprètes de la performance, en empruntant aux textes et aux télégrammes écrits par des groupes de femmes à la suite du massacre du 6 décembre 1989, et publiés notamment dans la revue Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui (A.H.L.A.) n°21, mars 1990.

Mercredi noir

Mercredi noir à Montréal. Dans l’après-midi du 6 décembre 1989, un homme armé d’un fusil a tué 14 femmes dans les locaux de l’École polytechnique.
14 femmes sont mortes, pour cause d’être femmes.
14 femmes sont mortes, par haine des féministes.
14 femmes sont mortes, par haine ordinaire des femmes.
Des millions de femmes meurent par haine ordinaire des femmes.
Non, il ne s’agit pas d’un fait divers.
Non, il ne s’agit pas d’un coup de folie.
Non, il ne s’agit pas d’une violence propre à un certain type de société.
Non, il ne s’agit pas de l’acte désespéré d’un marginal au chômage.
Ces femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes.
Il s’agit bien d’un crime politique contre les femmes.
Cet acte est l’aboutissement logique d’une idéologie qui se sent menacée par toute avancée des femmes.
Cet acte est l’aboutissement logique d’une idéologie qui utilise la violence quotidienne contre les femmes pour se maintenir et se reproduire.
Marc Lépine n’était pas un psychopathe.
Marc Lépine n’était pas un fou.
Marc Lépine n’était pas un malade.
Il était simplement misogyne. Il avait simplement la haine des femmes.
Marc Lépine n’est pas un cas isolé.
Sa seule folie est d’avoir fait publiquement ce qui n’est toléré qu’en privé.
Il est l’homme qui ne veut pas nous respecter,
Il est l’homme qui violente sa femme,
Il est l’homme qui …
… Il est l’homme qui …… Il est l’homme qui… Il est l’homme qui… Il est l’homme qui… Il est l’homme qui… l’homme qui… l’homme qui
Il est l’homme qui a brûlé une jeune fille à Vitry-sur-Seine en France, en octobre 2002
Marc Lépine a dit : « J’haïs les féministes ». Il a dit : « Je hais les féministes » « Je hais les féministes »
C’est pour cette raison qu’il a tué 14 femmes.
Son geste était motivé et prémédité.
C’était un geste politique.
C’était un crime politique.
C’est un crime politique contre toutes les femmes.
L’événement du 6 décembre 1989 n’est pas isolé.
Ce n’est pas la première fois que des femmes sont tuées par des hommes.
Chaque jour, des femmes sont tuées physiquement et détruites mentalement.
Tuer les femmes une à une ou collectivement, ça revient au même.
Ce crime est un crime politique.
Ce crime n’est pas un acte isolé.
Ce crime s’inscrit dans une logique de répression.

Depuis des millénaires les femmes sont harcelées, battues, violées, vitriolées, torturées, excisées, noyées, prostituées, brûlées, lapidées, tuées, parce qu’elles sont des femmes.
Depuis des millénaires les femmes sont harcelées, battues, violées, vitriolées, torturées, excisées, noyées, prostituées, brûlées, lapidées, tuées, parce qu’elles sont des femmes.
Nous sommes toutes des cibles.
La haine contre les femmes est insupportable, intolérable, inacceptable.
Nous la refusons et nous la combattons
Nous la refuserons et nous la combattrons
Nous la refuserons et nous la combattrons

Mercredi noir à Montréal.
Tous les jours sont noirs pour trop de femmes.

Performance du 6 décembre 2002
Mise en scène et chorégraphie : Hélène MARQUIÉ
Interprètes : Soraya BELAROUSSI, Jacqueline BELTRANDO, Marie-Christine BODY, Marie-Thérèse BODY, Annick BOISSET, Véronique DESBORDES, Nathalie LAMOUCHE, Hélène MARQUIÉ, Monique SUREL-TURPIN

Chant : Les VOIX REBELLES
Accordéon : Raphaëlle LEGRAND

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…Comme chaque 6 décembre depuis la fondation de notre réseau en 2001, nous nous sommes retrouvé-es, vêtu-es de noir, place du Québec (en face de l’église Saint-Germain-des-Prés)…

…En union avec les féministes du Québec, nous maintiendrons cette tradition à Paris chaque 6 décembre. Nous, féministes de France, garderons vivante la mémoire de ces femmes. Elles ont été assassinées parce qu’elles étudiaient des matières scientifiques, autrefois réservées aux garçons, parce qu’elles se préparaient à des professions jusqu’alors exercées par des hommes et qu’elles menaçaient donc des privilèges masculins.
Dans le monde, les deux tiers des analphabètes sont des femmes et des filles. Cette discriminination dans l’accès au savoir s’ajoute aux injustices et aux violences visant spécifiquement les femmes parce qu’elles sont des femmes On parle souvent de « guerre des sexes », sans connaître l’origine de cette expression. Nul-le ne sait qui a déclaré cette prétendue guerre, mais les faits sont là : la quasi totalité des victimes en sont des femmes…

…Ça suffit ! Il y a eu trop de violences, trop d’injustices. Trop de femmes assassinées, blessées, violées, excisées, torturées, prostituées, avilies, humiliées, et pourquoi ? Parce qu’elles sont du « mauvais » sexe, le deuxième !…

…Florence Montreynaud a rappelé qu’en 1886 à Paris des étudiants en médecine ont brûlé en effigie les deux premières femmes reçues à l’internat de médecine, Augusta Klumpke et Blanche Edwards, et que dans le monde les deux tiers des analphabètes sont des femmes et des filles. Ici ou ailleurs, hier ou aujourd’hui, des machistes s’opposent par la violence à l’accès des femmes à l’instruction et donc au pouvoir.
Chaque année, des féministes commémorent ce massacre pour qu’on n’oublie pas ces jeunes femmes, qui auraient aujourd’hui trente-trois ans. Pour qu’on garde vivante leur mémoire, pour qu’on pense aux millions de femmes dans le monde, violentées, torturées, assassinées parce qu’elles sont des femmes. Pour qu’on résiste au machisme…
Florence Montreynaud.  »

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Auteur : Tingy

Romancière féministe : je viens de publier " Le temps de cuire une sauterelle " :-)) Et de rééditer : "Le Père-Ver" et "Le Village des Vagins" (Le tout sur Amazon) ... et peintre de nombreux tableaux "psycho-symboliques"... Ah! J'oubliais : un amoureux incroyable, depuis 46 ans et maman de 7 "petits" géniaux...

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