Le Père-Ver chapitre VII ( roman, épuisé)

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CHAPITRE VII

Je patiente dans la petite salle à la lucarne haut perchée. La fraîcheur verte et humide du jardin d’hiver mural me fait penser à un décor de pub pour chewing-gum à la chlorophylle.
Sans aucun rapport, le rêve que j’ai fait au cours de la nuit, me revient en mémoire. C’est une sorte de sketch.
Visage-Pâle, s’avance sur une petite scène rouge, noire et or, brillamment éclairée. Il tient l’unique rôle. Au centre de la salle plongée dans l’obscurité, je suis la seule spectatrice. L’acteur traverse la scène pour venir ouvrir une grande porte noire et capitonnée qui trône seule comme un paravent, au milieu du décor. La même scène se reproduit des dizaines de fois. Je ne sais quel signal lui ordonne de recommencer, parce que ce n’est pas la bonne façon de jouer. Je comprends à un moment donné que l’ordre de stopper ce numéro de  » Sisyphe l’automate », doit venir de moi : je dois applaudir. Je sursaute car Visage-Pâle m’ouvre réellement la fameuse porte capitonnée, la vraie.
Je ne saurai jamais comment se termine le sketch, car dans mon rêve aussi, je me suis réveillée avant la fin.
Après un moment d’observation réciproque, je plonge.
– Je voudrais à la fois parler de mon double et du temps. Il y a sûrement, pour moi, un rapport entre les deux que je ne saisis pas pour l’instant.
Relâché dans son fauteuil, les bras croisés, Visage-Pâle acquiesce avec un très léger soupçon de sourire. Quelquefois ce type devient presque humain. Je continue mon monologue.
– Le temps, pour moi, n’a pas la même durée que pour la majeure partie des gens. Je n’arrive pas à savoir si on m’a volé des années ou si je les ai escamotées. C’est sûr je n’ai pas l’âge « affiché » par ma date de naissance. Mon horloge intérieure n’indique pas le même temps que l’horloge universelle. Il y a des lustres que cela dure et je suis toujours étonnée de voir comment involontairement, je manipule et déforme le temps qui passe. Tel événement s’éloigne à une allure vertigineuse vers le passé, alors que tel autre paresse à la porte d’hier. Dans la vie de tous les jours, je simplifie à l’extrême mes rapports au temps. Quand je fais allusion à tel fait passé, c’est toujours le mot hier qui est utilisé, que cela se soit passé la veille ou depuis trois mois. De même pour un événement futur, j’emploie le terme demain, dès lors qu’il n’appartient plus au domaine du possible mais déjà à celui du certain, même s’il doit avoir lieu dans quinze jours. Mes rapports au temps me laissent le loisir de compacter menu un grand espace de malheur et de dilater à l’infini une parcelle de bonheur.
Cette habitude de manipuler les jours, les mois et les années, me conduit à escamoter le temps présent d’une façon quasi permanente. Je veux dire par-là que je vis chaque jour, perpétuellement enceinte de mon futur.
À vingt ans je me précipitais vers la trentaine que j’enjambais en courant pour attraper quarante ans… Cette poursuite infernale s’arrête pendant les voyages. Chaque seconde s’étire alors et lézarde paresseusement. Ma pensée ne se projette plus dans un futur fébrile. C’est ici et maintenant. Le temps présent devient une immense plage dorée et tiède, où je dessine ma vie en arabesques légères que la vague du passé hésite à venir effacer.
Mais l’époque des voyages n’est pas encore arrivée. Elle fera partie de ma seconde vie.
Je suis encore au jour où je quitte le domicile de ma Mère-Grand, le matin de mon mariage avec l’étranger. J’ai les yeux secs, le cœur à vif et les mâchoires serrées. J’ai l’absolue certitude que dans une heure, je vais signer mon arrêt de vie. Mais rien ni personne ne peut plus stopper la machine infernale que M. Hef a déclenchée dans ma tête.
Je veux aller au bout de ma désespérance. Certains boivent, d’autres se droguent, d’autres encore se suicident, un peu ou beaucoup. Moi je voulais seulement me faire du mal, beaucoup de mal, je me faisais horreur. Monsieur Hef n’aurait pu faire un meilleur choix : Brutus allait me conduire en enfer.
Après avoir embrassé une dernière fois ma Mère-Grand, je m’installe au volant de ma 4 CV bleu ciel. Je démarre sans jeter un seul regard en arrière.
C’est alors que je sens sa présence. En apparence, mais en apparence seulement, je vivrai à peu près normalement. En réalité, désormais, je serai deux : Ella et moi. Il y a quelques mois, quand mes yeux ont tellement débordé à l’enterrement de l’espoir d’avoir un père, c’est elle qui était assise auprès de moi, sur les marches de l’escalier raide.
J’ose regarder Visage-Pâle et bravement je continue.
– Elle est en ce moment assise là, à côté de moi. En réalité au début nous étions trois. Il y avait aussi la petite qui restait assise par terre contre la cloison avec sa poupée sur les genoux. Mais elle a disparu depuis un bon moment.
Visage-Pâle est resté impassible. Je ne croise pas son regard, car il écrit sur sa fiche. C’est sûr, il doit me prendre pour une folle en plein délire. Je m’en fiche.
Visage-Pâle a toujours les yeux fixés sur son petit bristol. Tant mieux, ainsi je ne risque pas de croiser son regard. Et tant pis, car il a dû noter des horreurs sur moi. Mais ça m’est égal. Je continue mon monologue.
– Je sais que vous ne la voyez pas, mais ça n’empêche pas qu’elle soit réelle pour moi. Elle m’accompagne partout. Je ne la fabrique pas, au gré d’un délire subit. Elle est là, réelle. Nous sommes un peu comme des siamoises. Deux personnalités dans un même corps. Elle n’est pas un fantôme ni une hallucination, encore moins une espèce d’ange gardien ou de conscience.
Ella est saine et gaie, pleine de vitalité, rebelle, artiste, un peu marginale.
Pendant sa vie avec Brutus, l’Autre menait une existence merdique, qui n’avait aucun sens, sans but et sans espoir, dans la grisaille et le noir.
Jour après jour, l’Autre vivait une longue, une interminable nuit, avec un entêtement, une obstination, une détermination, et une constance jamais démentis.
Ella ne la quittait pas d’un pas. Elle dialoguait, argumentait, discutait, racontait, mais ne convainquait jamais. Ce n’était pas grave, car là n’était pas le but recherché. Elle voulait seulement construire une passerelle, tisser un lien, être une présence. Sinon, elle le savait, l’Autre risquait de se perdre définitivement au fond d’elle-même. Ella voyait l’Autre devenir de jour en jour, plus passive, absente, indifférente, transparente, accepter sans broncher, les vociférations, les insultes, les coups, les railleries, les assauts sexuels. Chaque jour l’autre s’enfonçait un peu plus dans une grisaille épaisse et poisseuse. Chaque heure s’étirait longue, infiniment longue à vivre et chaque chose prenait la couleur et la densité du plomb. D’un plomb à la fois lourd et vide. L’Autre trouvait sûrement une jouissance dans ce vide opaque et nauséeux qui la fascinait, car elle demeurait rivée à cette non-vie.
Parfois Ella prenait la place de l’Autre, mais pas pour longtemps. L’Autre, très vite, s’enfonçait de nouveau dans son épais brouillard.
Plus tard quand l’Autre recouvra sa liberté, Ella continua à partager sa vie dans l’espoir de lui apprendre un jour, à s’aimer un peu.
Mon regard rencontre celui de visage-Pâle qui m’observe.
Après quelques minutes de silence je conclus.
– Je vous disais en début de séance que je ne voyais pas le rapport entre la manipulation du temps et la présence d’un double. En fait, je les ai utilisées comme des cannes anglaises pour traverser mon existence merdique.
– On en restera là pour aujourd’hui. Je vous informe que je serai absent deux semaines dit Visage-Pâle en rangeant sa fiche.
Pendant qu’il me raccompagne à la porte, je décide de continuer « les séances » chez moi, de crainte de fermer définitivement les vannes que j’ai eu tant de mal à maintenir ouvertes. Je prends la décision de consigner par écrit tous mes errements dans le passé, afin de les communiquer à Visage-Pâle dès son retour.

(A suivre)…

Délires de femmes.

Délira

Une petite faim m’avait pilotée vers un snack chinois, à la recherche d’une viennoiserie. Délira croisa ma route.
Berçant son bébé « imaginé », elle errait, « absente » du sort du monde; elle semblait ne souffrir de rien et arborait un sourire ravi. Sa seule obsession? Obtenir un petit café…qu’elle s’empressait de verser dans le gros bac à plante décorant le trottoir bordant un petit commerce.
– Ne lui achetez pas de café, m’avait prévenu le commerçant, allant à l’encontre de ses intérêts!
– Tu le boiras, n’est-ce pas?
– Il ment! il est pas gentil avec moi. C’est sûr que je veux un café. Je te jure que je le boirai.
– Tu ne préférerais pas un gâteau?
– Non c’est un café que je veux , répondit-elle après avoir esquissé une grimace de dégoût , à l’évocation de la pâtisserie!
– Allons-y pour un petit noir avais-je dit au commerçant, qui se résigna à me servir.
Délira me remercia d’un large sourire découvrant ses gencives. Elle marmonna quelque chose à l’oreille de son « bébé » en descendant deux marches vers le trottoir, et se dirigea vers le bac à plante, qui frisait sûrement l’overdose de caféine!

Quelques instants plus tôt , dans une salle d’attente, j’avais patienté avec ELLE de juin 2007 :[ « Cindy Sheehan renonce à son combat contre la guerre en Irak. Elle vient de baisser les bras désabusée par son pays et range dans son placard le T-shirt « Mères pour la paix. »… »J’ai l’impression que mon combat n’a servi à rien! »]
Elle est fatiguée et ruinée: ce combat a vidé son compte en banque, laminé son mariage et créé des tensions avec ses autres enfants.
Qui a dit que : » Derrière chaque homme célèbre il y a une femme? » Force est de constater que derrière une femme célèbre, il n’y a personne!
… »Au revoir Amérique…tu n’es pas le pays que j’aime… JE NE PEUX FAIRE DE TOI CE QUE TU NE VEUX PAS ÊTRE. »
Combien ai-je rencontré de femmes complètement démolies par leurs vies de couples, et pour lesquelles je suis arrivée …à la même conclusion ?

C’est sûrement Délira qui est dans le « VRAI » : comme les 3 singes qui se bouchent les oreilles, la bouche et les yeux!

Ainsi va le monde…

Père -Ver chapitre 6

veranda

CHAPITRE VI

Visage-Pâle semble fatigué ce matin. Il m’apparaît encore plus évanescent que d’habitude. J’ai un furieux désir de le secouer, de le réveiller, de voir la colère, la peur, la joie animer son visage.
– Et alors ? demande-t-il.
– Et alors ? J’ai envie de tout casser sur votre bureau répondis-je calmement, au bout de quelques secondes.
Et là, c’est la surprise du chef.
– Vous gagneriez quoi à passer à l’acte ? dit Visage-Pâle.
Je suis stupéfaite : il a pris pour argent comptant ce qui n’était qu’un défoulement verbal. Pour possible, ma vision purement symbolique de son bureau saccagé. Mais qu’est-ce qu’il est con ce type ! Vraiment, je n’en reviens pas ! Il a dû être drôlement traumatisé dans sa jeunesse. Par sa mère sûrement. Au moins, me voilà fixée quant à l’opinion que peut se faire visage-Pâle sur certains aspects de ma personnalité. Il n’y a plus qu’à souhaiter qu’il n’ait jamais à se prononcer en tant qu’expert auprès des tribunaux, sur une affaire où je serais impliquée !
Bon ! Il faudra faire avec.
– Sans transition, j’aimerais vous parler de l’irruption de Brutus, dans ma vie dis-je à Visage-Pâle.
Je pense aussitôt, comment ça sans transition ? Il n’y en a pas besoin. Nous sommes au contraire, au cœur du sujet, car Brutus est la violence.
Je regarde Visage-Pâle hermétique. Plus convivial, tu meurs !
Ma vue balaie le demi-tour de la pièce et ne trouvant rien ou s’ancrer, finit par s’évader au-dessus du toit de l’immeuble d’en face. Je monologue.
– Ce soir-là, je rentre du boulot dans ma vieille 4 CV bleu ciel. Je constate que les freins sont bizarres, car il faut « pomper » un maximum. Deux semaines plutôt, j’avais organisé une surprise-partie pour fêter ma majorité, en compagnie de copains et copines du lycée.
Lorsque la voiture franchit le portail de ma Mère-Grand, j’aperçois un jeune homme qui semble attendre. Plutôt bien bâti, il a un visage de brute, comme taillé à la hache. Une chemisette nouée sur le ventre et un short blanc l’habillent.
Je reconnais un copain de classe de mon frère aîné, parti cinq ans plus tôt comme engagé. À cette époque, l’armée, représentait souvent la solution miracle au problème de l’échec scolaire.
Par politesse, et sans grand enthousiasme, je l’invite à entrer, pensant qu’il est venu rendre visite à mon grand frère, absent pour le moment. Ma Mère-Grand nous sert un rafraîchissement. M. Hef, arrive de son travail. Brutus lui raconte qu’il vient de rentrer au pays, qu’il cherche du boulot et qu’il est venu voir ce que je suis devenue.
À notre étonnement, M. Hef nous propose à brûle-pourpoint de l’accompagner au Prisunic où il prétexte, avoir quelques achats à effectuer.
Pas une seconde, je ne soupçonne, qu’en quelques minutes, il a tramé une machination contre moi. Si j’avais refusé de sortir ce soir-là, peut-être qu’il aurait renoncé à ses sombres desseins. Peut-être pas ! Une chose est sûre, il sait qu’il agit mal car il n’ose pas parler de ses projets devant sa mère. Une autre chose est certaine aussi. Il est diablement pressé, car il n’attend pas l’opportunité d’une deuxième rencontre avec Brutus. M. Hef s’est rendu compte que mon manque d’enthousiasme ne va pas déboucher sur une deuxième chance pour lui, de se débarrasser de moi.
Je ne me souviens plus de ce que nous avons fait dans le supermarché. Je nous revois à la sortie, remontant une petite rue en pente, adjacente au magasin, dans laquelle M. Hef a garé sa voiture.
Brusquement, sans préambule, il se tourne vers Brutus.
– Vous ne voulez pas épouser ma fille ? Si vous êtes d’accord, je vous la « donne » dit-il d’un trait.
Il y a un moment de stupeur, doublé chez moi d’incrédulité. Puis tout se fige autour de moi, dans la rue. Ma vie continue au ralenti. Je me sens sonnée, anesthésiée, groggy. Je n’ai pas encore mal. J’espère que tout va s’arranger. C’est un malentendu. J’ai sûrement compris de travers. Monsieur Hef va dire qu’il a fait une plaisanterie idiote.
– Mais Monsieur, je ne peux pas épouser votre fille. Je vous rappelle que je n’ai pas de boulot. De plus je n’ai pas encore envisagé de me marier répond Brutus.
M. Hef, n’a visiblement pas prévu ce cas de figure, car il paraît désarçonné, un court instant. Il faut reconnaître qu’il n’a pas eu beaucoup de temps pour préparer son coup. Il a tout misé sur l’appât d’une vie facile pour l’étranger.
En réalité, il ne s’est pas trompé sur ce dernier, il a juste méconnu une autre facette de sa personnalité : la méfiance. En fait, Brutus croit qu’on lui offre un cadeau empoisonné. Il faut le comprendre, il n’a rien demandé, lui, et voilà qu’on lui propose une vraie jeune fille, sans bec-de-lièvre, même pas bancale et avec un métier en plus. Pour Brutus, il y a un « lézard », c’est sûr.
M. Hef qui n’a pas l’intention de renoncer si vite à son projet, insiste.
– Mais ma fille, elle, travaille. Vous voyez bien, il n’y a aucun problème. Elle s’est même acheté une chambre à coucher complète…
Je n’entends pas la suite de l’argumentation. Je suis morte de honte pour M. Hef et morte de dégoût pour moi.
L’expression chambre à coucher fait resurgir dans ma mémoire, une scène qui s’était passée quelques jours plus tôt. Entrant dans ma chambre en coup de vent, j’avais trouvé la fiancée de M. Hef assise sur mon lit les jupes retroussées. Son fiancé, accroupi, caressait et embrassait les jeunes cuisses offertes. Son comportement prenait un sens. Désirant se marier au plus vite, avec « la jeunesse » qui avait l’âge de sa fille aînée, il n’avait rien trouvé de mieux, que de me « donner » une deuxième fois.
Je ne sais plus comment nous sommes rentrés à la maison. Ma Mère-Grand, alertée par ma mine défaite, me demanda ce qui se passait. Je lui répondis que son fils m’avait proposée en mariage à l’étranger et je montais m’enfermer dans ma chambre et dans mon désespoir.
Je les entendis se disputer violemment.
– Comment as-tu osé faire çà à ta fille ? Tu n’en avais pas le droit. Elle est majeure, travaille, et vit chez moi. Elle ne dépend de toi d’aucune manière. Tu es un monstre.
Elle le suivit jusque dans la chambre qu’il occupait au rez-de-chaussée et je n’entendis plus le reste de la conversation.
Je n’ai jamais eu d’échos de l’incident de la part de mes deux frères, ni à ce moment-là, ni par la suite.
J’ai eu beau tourner et retourner la question cent fois dans ma tête, je n’ai jamais trouvé de justifications au comportement de M. Hef même si la cause était évidente. En quoi, son prochain mariage rendait à ses yeux, si urgent, la nécessité de me trouver un mari merdique.
Des décennies plus tard, croisant sa route par hasard, j’ai voulu savoir.
-Pourquoi m’as-tu proposée en mariage à ce type ? lui ai-je demandé à brûle-pourpoint. Il a évité mon regard.
-Je ne me souviens de rien a-t-il répondu tout simplement.
Il faudrait être de la plus mauvaise foi, pour affirmer que l’inconnu représentait pour M. Hef le gendre idéal, dont tous les pères rêvent pour leur fille. C’est évident, il n’agissait pas dans mon intérêt. Il ne voulait pas mon bonheur, il voulait être sûr, avant de convoler, que j’irai bien en enfer.
– Mais vous aviez la possibilité de dire non, tout de même. Vous étiez majeure, intervient Visage- Pâle.
– Je voulais le punir dis-je, faisant fi de toute logique.
– Vous savez bien que c’est faux ! C’est vous, que vous punissiez, remarqua Visage-Pâle.
Je ne lui réponds pas, mais je me parle à moi-même. Il a raison. Je punissais « la petite donnée » incapable de susciter l’amour de son papa et j’espérais du même coup, que la punition de la « grande donnée », soit tellement exemplaire que M. Hef finisse un jour par s’apercevoir qu’il m’avait bannie deux fois, pour une faute qu’il avait commise lui : me donner la vie.
Une décennie et demie plus tard, j’ai pensé qu’il avait peut-être tenté de réparer ce qu’il m’avait fait en écrivant une lettre au Procureur de la République. Il lui demandait de me porter secours. Il désirait que le magistrat me sorte de l’enfer où il m’avait mise.
Je regarde Visage-Pâle impassible, et je reprends mon monologue.
– M. Hef se marie quinze jours plus tard et moi-même, le mois suivant, avec l’étranger.
Les jeunes mariés sont allés en lune de miel je ne sais où, et se trouvent à la maison de ma Mère-Grand, le matin de mon mariage. J’embrasse la vieille dame en larmes (elle, par moi).
– Ne quitte pas la maison sans demander la bénédiction de ton père me dit-elle en me poussant vers sa chambre.
Je vais lui dire adieu, complètement absente, comme morte. Il aurait encore pu changer le cours de nos destinées…
En fait, je vais disparaître de sa vie et de la mienne pendant quatorze ans.
Il m’avait appris deux choses, de manière indélébile : serrer très fort les dents et ne compter que sur moi-même.
Au don du Père, de sa Fille, au mauvais Esprit, ainsi soit-il.
– Ce sera tout pour aujourd’hui dis-je à Visage-Pâle en lui tendant son chèque.

A suivre…

FAIRE l’amour avec du porno ? non, ce n’est pas de L’AMOUR, que du SEXE , point barre!

sans voiles
Fusain de L.L ( cliquer pour agrandir )

Article de Marie-Christine Colinon, sur la page d’accueil d’ « Orange » :

[« Le porno influence-t-il leur sexualité?
Les filles disent leur dégoût et leur malaise; elles se sentiraient: « traumatisées », d’après l’enquête « Espad » de 2003 à l’échelon européen, concernant 16000 élèves.

D’après Mireille Bonierbale, psychiatre: « Le risque de la pornographie c’est que les images ne permettent pas à chacun de développer sa propre représentation, mais expose un modèle unique dans lequel l’affectif n’a aucune place: juste des faits « crus », des femmes soumises, des partenaires réduits à l’état d’objets. »

Selon Michela Marzano, philosophe :  » Les garçons reconnaissent que ces représentations ne sont pas respectueuses vis à vis des femmes; mais du coup, ils ont tendance à les classer en 2 catégories: les  » faciles » avec lesquelles on peut accomplir de tels actes et les autres, auxquelles, éventuellement, on s’attache sentimentalement. »

La journaliste précise: » Les jeunes explorent de plus en plus tôt, les pratiques « crues », fellation, sodomie,rapport à plusieurs. » ]

QUE RESTERA-T-IL DE « CA » , dans les FUTURES VIES DE COUPLES ?

COMMENT S’ETONNER QUE « CA » ne MARCHERA PLUS, TRES RAPIDEMENT ?

Une adolescente( j’étais enseignante) , m’a raconté que lors de sa première « expérience » sexuelle, son petit copain lui a collé son pénis dans la bouche, tout excité , et lui a « craché » à la figure!
« Bonjour tristesse ».

Mimisawyer

My job

– Ne pas avoir hérité, à la naissance, d’une religion.
– Avoir des parents qui répondent toujours « présents ».
– Adopter comme seul dogme le respect de soi et de l’autre( qui englobe tout).
– Devenir ce qu’elle veut être, en accomplissant ses propres choix.
– Garder un regard lucide et empathique sur la société qui l’entoure.
– Avoir su trier le meilleur, des qualités et défauts de ses parents, pour s’aider dans ses choix de vie.
– Se passionner pour le job choisi, aussi bien à Maurice, qu’à Pékin ou ailleurs.
– Préparer un tour du monde, pour rencontrer « l’autre » et son environnement.
– Cultiver l’amitié comme une fleur rare et précieuse.
– Faire des photos sublimes.
– Être si douce et si tendre…avec un caractère bien trempé.
– Conduire « comme un mec »…mais sans accident!
…Et bien d’autres choses,encore, qui la rendent « unique » et précieuse…
Cette nana existe, je l’ai rencontrée !

Notre ami Maurice n’est plus, et le"nid" nous parle de lui!

Le nid

C’était un grand bougre barbu, notre voisin; un Ardéchois pur jus, aimant la chasse et la pêche qu’il pratiquait avec son fils. Il avait cette façon de regarder sa femme, on aurait dit un jeune fiancé…et sa fille( elle passe le bac bientôt ),était sa fierté, son petit bonheur; j’aurais donné cher pour être, une fois, l’objet d’une telle affection paternelle…
Il est « parti » mercredi dernier, même pas de vieillesse ! Je ne réalise pas encore, que je ne le reverrai plus…il nous manque, et je pense aux siens, à leur insondable détresse.

Depuis, ma case de là-bas, ne cesse de me parler de lui, de sa famille qui doit avoir bien froid sans lui. Comment pourrait-elle accomplir tous les gestes ordinaires de la vie , sans que sa présence ne surgisse en surimpression, tant il couvait les siens de sa tendresse et de ses petites attentions.

Le grand néon de ma véranda, dominant le bois de pin? c’est lui. Lui aussi l’installation du radiateur…les bûches de chêne pour ma grande cheminée à Noël, les petits pastis et le repas d’été au restau, où je réunissais une dizaine d’ amis de trente ans, du même chemin, qui ne trouvaient pas le temps de se rencontrer en cours d’année, chacun happé par sa vie et les siens…

Tu nous manques et ta femme a dit d’une voix étranglée, au téléphone: »je m’attends à le voir franchir la porte… « .

Le Père-ver, chapitre V.

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CHAPITRE V

Visage-Pâle est allé chez le coiffeur. Il arbore une chemisette jaune clair qui lui donne l’air moins neutre.
À la réflexion, je pense que j’essaie de prendre mes désirs pour la réalité. En fait, il est toujours coincé et moi aussi.
– Et alors ? consent-il à laisser échapper.
– Vous ne pourriez pas trouver une autre formule ? dis-je, agacée.
– Êtes-vous obligée de garder vos verres solaires ? me dit-il en guise de réponse.
– Après la séance raccourcie de la semaine dernière, je suis tombée sur M. Hef, à Bonnières-sur-Seine, je veux dire en souvenir, pas pour de vrai, dis-je sans transition.
Visage-Pâle acquiesce avec un soupçon de sourire qui signifie sûrement  » : je ne suis pas débile, j’avais compris que vous n’aviez pas pris le Boeing pour aller le retrouver. »
Du coup c’est moi qui me sens idiote. Je prends le parti de l’ignorer et je continue mon monologue.
– M. Hef m’avait invitée chez des parents de sa femme où il logeait pendant son séjour en France. Après trois heures de train, je découvris une gare vide et froide. J’ai pensé un instant que je m’étais trompée de jour ou d’heure, mais je me suis rappelé que j’avais téléphoné la veille pour justement écarter tout malentendu.
La pendule murale, aussi laide que la grande pièce glaciale, égrenait les secondes au même rythme que mon grand-père égrenait son chapelet, quand j’avais dix ans.
Indécrottable, j’étais. Mon imagination repartait pour des tours, sans tenir compte des pertes sans profits du passé. Elle me projetait une séquence où M. Hef, tout essoufflé, franchissait la porte d’entrée de la salle d’attente. Il se précipitait sur moi, comme la foudre sur le paratonnerre, l’œil humide et les bras grand ouverts. Au mépris de toute logique et dans un délire complètement surréaliste, je lui glissais une rose rouge dans la main, à mon intention bien sûr…
Ce scénario primitif ayant manifestement échoué, ma folle du logis se mit à inventer à M. Hef une maladie soudaine, un horrible accident, une panne d’essence en rase campagne. Oui, c’était sûrement çà, il avait l’habitude de mettre très peu d’essence à la fois, dans sa voiture… Pour faire des économies.
Une heure s’écoula. Le chef de gare vit mon air désemparé.
– Alors ma petite dame on vous a oubliée ?
– S’il vous plaît monsieur, à quelle heure pourrais-je avoir un train pour Tours, dis-je en guise de réponse.
-Tenez, il y en a un qui s’en va à l’instant. Pour le prochain et il faudra patienter deux heures.
Au fond ce n’était pas plus mal que M. Hef m’ait oubliée. Des fois qu’il m’aurait pris l’élan insensé de me jeter dans ses bras en lui disant qu’il m’avait beaucoup manqué. Le ridicule ne tue pas, je sais, mais la dérision de l’âme met le cœur à vif.
Je me mis en relaxation. Je me relâchais contre le dossier de mon siège et fermais les yeux… J’inspirais calmement et amplement. Je soufflais de même. Un instant plus tard une onde bienfaisante se répandit dans mon corps. L’anxiété et la révolte s’éloignaient. Je me mis à visualiser un champ de coquelicots inondé de soleil, où le bourdonnement des mouches à miel et autres, m’engourdissait.
Au bout de ce qui me parut une éternité, je le vis arriver avec sa démarche un peu dandinante, si caractéristique. Lui, aucune excuse, moi aucun reproche. Je me forçais à ne ressentir rien de précis.
Mon séjour s’annonçait agréable. Non, M. Hef n’y était pour rien ! La famille de Bonnières m’accueillit de façon simple et chaleureuse. Une famille de dix enfants, dont certains avaient fondé leur propre foyer. Tout ce petit monde était très proche les uns des autres. Pour la première fois je visionnais de l’intérieur le spectacle fascinant pour moi, d’une famille indéfectiblement unie par la tendresse bien sûr, mais aussi très soudée dans les peines et dans les joies. La cohésion et l’harmonie perceptibles, n’étaient pas le fait de l’ascendant qu’aurait pu exercer l’un ou l’autre de ses membres sur le reste de la famille. Au contraire, elle était la résultante d’un perpétuel don de soi de chacun d’eux à la famille tout entière. Un vrai régal. On en redemanderait, une grosse louche !
Par contraste, l’égoïsme, la pingrerie, l’étroitesse de cœur de M. Hef devenaient grotesques. Je l’observais à la manière d’un ethnologue qui noterait tous les détails d’une espèce rare, même pas en voie de disparition.
Un incident survint pendant cette semaine, donnant au personnage un éclairage sans clair-obscur. M. Hef avait débarqué avec deux grosses valises, dont l’une était déformée tant elle était bourrée de cadeaux. Non, il n’y en eut pas pour moi. Dans cette caverne d’Ali Baba se trouvaient un mortier de pierre et son pilon. Un habitant de L’île-Aux-Trois-Lagons avait chargé M. Hef de le remettre à un imprimeur chinois parisien, qui reproduisait des lithographies. Ce métier m’intéressait, aussi, j’acceptais d’accompagner M. Hef, qui emmena avec lui son hôte. Nous arrivâmes à Paris dans l’heure de midi. Le pilon fut remis à l’imprimeur, pendant que j’observais un employé déposer des couches de couleurs successives sur une grande affiche. Le Chinois remercia poliment le commissionnaire et s’en retourna à ses affaires. M. Hef fut bien déçu, car il s’attendait à une invitation à déjeuner. Nous allâmes dans un petit restau sympa, non loin de la gare Saint-Lazare. Après avoir examiné la carte, M. Hef s’adressa au serveur les papilles émoustillées.
– Pour moi, ce sera un steak « Marchand de vin » et pour M., un hachis Parmentier.
– Bien ! et pour vous, Madame ?
– Monsieur a changé d’avis, il voudrait un steak frites, dis-je au serveur après avoir demandé son avis à notre hôte. C’est moi qui prendrai le hachis Parmentier. Et vous m’apporterez l’addition.
M. Hef ne pipa mot, soulagé de manger sans bourse délier.
J’ai pensé un moment qu’il était « à sec » ce jour-là. Mais je me suis rapidement rendu compte de mon erreur, car sur le chemin du retour, il s’arrêta dans un PMU et joua des sommes importantes.
Cette anecdote n’est pas un fait isolé. Deux jours plus tôt, un de ses fils (un faux, mais quand même), l’avait invité à pique-niquer à Rouen. Le sandwich jambon-beurre l’ayant mis de fort méchante humeur, sans faux-semblants, il prit sa vraie famille et se restaura dans un Routier, abandonnant sur l’herbe l’ersatz humilié. Il revint deux heures plus tard, le ventre et l’humeur apaisés. Tout le monde, vrai et faux, jura, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendrait plus.
– Ce sera tout pour aujourd’hui, décrète soudain Visage-Pâle, que j’avais complètement oublié.
Je lui remets son chèque.
Mais je n’ai pas terminé, moi, dis-je dans ma tête, pendant qu’il me raccompagne à la porte de sortie.
Aujourd’hui, Ekseption a des rendez-vous toute la journée et la nénène récupère les enfants après la classe. Je décide de m’acheter un croque-monsieur plus un jus de mangue et je me rends à la plage de L’Ermite, complètement déserte à cette heure-ci. Je me cale entre deux racines déchaussées d’un vieux filao. On aurait dit un grand faucheux, dont les pattes seraient prisonnières du sable blanc. Tandis que je mastique, mon esprit retourne à Bonnières, retrouver M. Hef.
Pêle-mêle, des phrases ou des scènes ressurgissent du passé. « On n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Je lâche mes coqs, rentrez vos poules. Votre mère ne veut pas se soumettre. Les mères célibataires sont seules responsables, car un homme « secoue sa culotte ». C’est mieux d’être un homme, car on n’a pas de règles tous les mois ».
Un jour, j’étais en troisième, et quelqu’un à la maison parla des grandes vacances d’été.
– Tu peux quitter l’école, si tu veux, m’avait dit M. Hef d’un ton faussement détaché.
– Pour faire quoi ? avais-je demandé surprise.
Son silence dépité me fit comprendre qu’il ne désirait plus s’occuper de moi, financièrement parlant. Le message fut reçu cinq sur cinq. Je préparais, sur-le-champ, le concours d’entrée à l’École Normale et fus reçue.
Jusqu’à la fin de ma scolarité, je serais nourrie, logée et je percevrai un petit pécule en fin d’année pour m’habiller. Ma Mère-Grand insista pour que je continue à coucher chez elle. Je fus donc « interne–externée ».
Je me souviens de ce jour où il nous raconta l’histoire édifiante du fils du roi, juste après le dîner. Il était une fois un roi, qui n’avait qu’un seul fils. Alors qu’il était encore tout jeune, il le mit sur un meuble haut et lui demanda de sauter en bas.
– Je te recevrai dans mes bras, n’aie pas peur, lui avait-il dit.
Le jeune enfant n’est pas rassuré. Il fait promettre à son père de faire bien attention de ne pas le laisser choir par mégarde. Le père dissipa ses craintes.
– Comment, moi, ton père, pourrais-je te laisser tomber ? argumenta-t-il, la main sur le cœur.
Le fils sauta de tout son élan. Le père le laissa froidement s’écrabouiller par terre.
– Tu apprendras, mon fils, qu’il ne faut faire confiance à personne, même pas à son père.
Une autre leçon de M. Hef me revient en mémoire. Ma Mère-Grand devait déménager, car elle s’était fait construire une jolie maison à la limite sud de la ville. Depuis des années elle avait peur que sa vieille case, ne lui tombe sur la tête. À tel point que lors du passage des cyclones, elle s’asseyait à mi-hauteur de l’escalier qui menait aux chambres. Elle espérait ainsi, à la fois, pouvoir porter secours à mon grand-père qui ronflait profondément, et dégringoler l’escalier au plus vite. Elle avait donc vendu la vieille demeure. Son fils unique, M. Hef, lui proposa de lui trouver un camion et des hommes de mains à un prix raisonnable, auprès de l’administration où il était cadre. Elle accepta, heureuse. En fait, il lui fera payer le prix fort pour un camion et des ouvriers qu’il s’était procurés gratuitement. Je le sus parce qu’il me mit dans la confidence. Il faisait de moi sa complice. Le seul moyen, dont Je disposais pour me sentir propre était de le dénoncer. Ce que je ne fis pas bien sûr. Je n’étais pas fière de moi ce jour-là, même si M. Hef était tout heureux de m’avoir enseigné qu’il fallait aussi se méfier de ses propres enfants. IL fera pire quelques années plus tard, en bradant pour une bouchée de pain la maison de sa vieille mère qui finira ses jours à l’hospice. Elle avait eu le malheur de mettre sa villa sous le nom de son fils unique pour qu’il n’ait pas de droits de succession à payer !
Il me posa en jour, une devinette qui selon lui mettait en évidence, de manière irréfutable, l’existence de Dieu.
– Qui existait avant l’autre, la poule ou l’œuf ? demanda–t-il, assuré de me mettre dans l’embarras.
– Je ne sais pas moi. C’est peut-être l’œuf ou peut-être la poule, quelle importance ? répondis-je.
– La poule sort de l’œuf et l’œuf sort de la poule. Au début, il a donc fallu un créateur et ce créateur c’est Dieu conclut M. Hef triomphant.
– Je ne suis pas du tout d’accord avec toi lui disais-je. Pour toi c’est Dieu. Pour moi, c’est peut-être lui, peut-être « quelque chose d’autre ». C’est sûr, il doit y avoir une réponse, mais en l’état actuel de la science on ne la connaît pas. Ta certitude est basée sur la foi et non pas sur des preuves. Bon, supposons que je sois d’accord avec toi. Dieu a créé, mettons, la poule en premier. Maintenant c’est à toi de répondre, qui a créé Dieu ?
– Mais personne, puisque Dieu s’est créé lui-même, répondit M. Hef, scandalisé.
– Et la poule aussi, dis –je. Je ne vois pas pourquoi tu serais le seul à affirmer quelque chose sans la moindre preuve.
– Mais, j’y pense, toi qui n’es pas croyante, tu peux faire tout ce que tu veux sans jamais commettre de péché dit-il sans transition, un peu envieux.
Je n’en croyais pas mes oreilles, il confondait morale et religion.
– Tu te trompes répliquais-je, c’est toi qui peux commettre les pires forfaits. Il te suffit ensuite d’aller te confesser, pour te sentir blanc comme neige. Quand j’ai fait une nuisance à autrui, je dois en supporter les conséquences toute ma vie, car j’ai des comptes à me rendre. Je n’attends de pardon de personne, même pas de moi. C’est pour cela que j’essaie, j’ai bien dit j’essaie, de nuire le moins possible. Je trouve que le pardon n’est ni rédempteur, ni moral, mais profondément injuste. Pour moi ce qui est fait est fait, de façon indélébile. Tout ce qui reste à faire c’est de ne pas recommencer. Jamais rien, ni personne, ne peut effacer les préjudices que l’on cause à autrui ou à soi-même d’ailleurs, par nos mauvaises actions. Les lois peuvent proposer une compensation financière ou carcérale. Cela n’efface pas « l’ardoise » bien sûr. J’ai toujours trouvé insupportable qu’un assassin demande à sa victime de lui pardonner. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Il faudrait qu’en plus de l’horreur subie, la société, la victime et les survivants, soulagent la conscience du criminel ?
On peut regretter ses actes et décider de ne plus les commettre, mais c’est une affaire entre soi et soi ! On n’a pas à demander pardon, on ferme sa gueule et on crève, si on peut. Je sais, « on » ne peut plus, car la peine de mort a été abolie. Tant mieux pour “on” et tant pis pour nous. Je trouve aussi que les circonstances atténuantes constituent l’injustice totale, car la victime, elle, n’en a bénéficié d’aucune, de la part du coupable.
Dans la vie de tous les jours le pardon est négatif car il partage la société en deux clans : les profiteurs et les baisés.
Pourquoi les « méchants » changeraient–ils, puisqu’en face ils trouvent les « bons » qui leur pardonnent tout? Ils seraient bien bêtes de ne pas en profiter ! En fait, je ne pense pas que la victime pardonne par grandeur d’âme mais plutôt par lâcheté.
Je n’ai jamais pensé non plus, qu’il fallait nourrir et entretenir sa vengeance. Chacun sait que cela requiert une énergie dingue. C’est vrai, on a mieux à faire. Il est préférable de garder cette énergie pour soi, pour se faire une vie plus belle. Je pense qu’il faut « ranger » soigneusement le mal reçu « au grenier », mais surtout ne pas « l’effacer », afin de ne pas recommencer les mêmes expériences désastreuses par la suite.
La plage est toujours déserte, un petit vent frais soulève des vaguelettes qui se courent après dans le lagon. Le soleil galope vers l’horizon en jouant à cache-cache avec de gros lambeaux de nuages immobiles ou l’inverse. J’ai un peu froid, inconsciemment je retourne à Bonnières. Ça tombe bien, Monsieur Hef me demande de passer un chic manteau rouge qu’il extrait d’un emballage de grand magasin. Un peu étonnée, je m’exécute, incrédule devant ce que mon imagination commence à inventer.
– C’est un cadeau pour ma femme. Je voulais m’assurer qu’il lui irait, car vous avez à peu près la même taille, précise M. Hef.
Une chose est sûre, pour moi maintenant : il pense à faire des cadeaux à sa famille. Mais à la vraie uniquement.
Je décidais d’abréger mon séjour à Bonnières. À la fin du dîner, j’avertis mon hôtesse que je partais tôt le lendemain. Elle insista avec chaleur, pour me faire changer d’avis. Sans la présence de M. Hef dans les lieux, je me serais bien laissée tenter. Elle n’était qu’un peu plus âgée que moi, mais j’avais l’impression de séjourner chez ma mère. Pas la Mère-Morte, mais ma Mère-Chimère.
– Avant que tu partes, j’aimerais te demander quelque chose dit-elle.
Voyant mon air interrogateur, elle continua.
– Je voudrais que tu me montres ce qui il y a dans ton grand carton à dessin, si c’est possible bien sûr.
J’accédais à sa demande avec joie. Elle me questionna sur les tableaux que je sortais un à un du carton. À un moment donné M. Hef qui était resté à table, à discuter avec son hôte, jeta un regard distrait sur notre groupe. Il se leva, s’approcha et regarda longuement mes œuvres.
– Je ne pensais pas… J’étais loin d’imaginer que tu étais aussi douée.
Je sais, il y a eu une foule de choses que tu n’as jamais voulu savoir me concernant répondis-je dans ma tête.
Je ne désirais pas ouvrir la vanne de mes frustrations filiales. Je me sentis soudain très lasse. Je lui fis un baiser d’adieu et aux autres pleins de bisous de remerciements.
À l’impossible, nulle n’est tenue !
Le soleil est suspendu au-dessus de l’horizon, hésitant à faire le plongeon. Il finit par s’immerger lentement, laissant derrière lui une petite émeraude à peine entrevue.
Ekseption doit être rentré à l’heure qu’il est.
Je prends le chemin de la maison et commence déjà à percevoir la chaleur paisible qui y règne. J’essaie d’imaginer ce que la nénène a bien pu faire à manger aux enfants. Avec eux la marge de manœuvre est étroite : steak – frites, pâtes – au – gruyère, saucisses – purée. À moins que leur père n’y ait mis son grain de sel !

A suivre…

Attention ,danger…

Ce courriel est envoyé au réseau « Encore féministes ! »,
qui compte 3 221 membres (personnes et associations) dans 45 pays.
Après le jugement du tribunal de Lille qui a annulé le 1er avril dernier un mariage au motif que l’épouse avait menti à l’époux sur la « qualité essentielle » qu’est sa virginité, l’association Ni putes ni soumises appelle à manifester samedi 7 juin, à Paris et dans toute la France, « afin de défendre le droit des femmes ».
À Paris, la manifestation aura lieu à partir de la place d’ Italie. Plusieurs d’entre nous s’y joignent en tant que féministes, et vous donnent rendez-vous au coin de l’avenue de Choisy à 14h30, derrière notre banderole LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES.

>Si vous pouvez venir à Paris et vous joindre à nous, merci de l’indiquer en réponse !
Voir, sur le site Ni putes ni soumises, le texte « Virginité : un verdict qui tombe comme une fatwa »
http://www.niputesnisoumises.com/actualite.php?numactu=191
 
Adelphiquement*,
Florence Montreynaud

*Adelphiquement dérive d’adelphité, mot qui désigne un sentiment entre fraternité et sororité. En français, sour et frère proviennent de deux mots différents. Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant sour et frère.

Réseau « Encore féministes ! »
Maison des femmes, 163 rue de Charenton 75012 Paris 
site :
http://encorefeministes.free.fr

Pour lutter contre la publicité sexiste, joignez-vous à La Meute en signant le Manifeste « NON à la pub sexiste ! » sur le site http://www.lameute.fr/index/

Pour vous joindre à la meute des  Chiennes de garde, vous pouvez adhérer à l’association Chiennes de garde, dont je suis la nouvelle présidente, après avoir lancé ce mouvement en 1999. La cotisation annuelle est de 20 euros, et vous pouvez manifester votre soutien en donnant davantage (par chèque à l’adresse : Chiennes de garde, Maison des associations, boîte n°11, 5 rue Perrée 75003 Paris).
site :
http://chiennesdegarde.com/

UN MONDE SANS PERE …NI MARI ( film d’Eric Blavier et Thomas Lavachery );

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Article de http://www.fileane.com :

 » Source de cette page web : le film documentaire  » Un monde sans père ni mari » ( 2000 – 52 minutes ), d’Eric Blavier et Thomas Lavachery, réalisateurs belges de Bruxelles. voir le site du film :

la situation décrite :

Au sud-ouest de la Chine, sur les contreforts de l’Himalaya, une ethnie de 30 000 habitants encore peu connue préserve à travers les âges des traditions et des rites particuliers. Étonnante résistance du peuple Moso, ce « royaume féminin » isolé, où nos conceptions occidentales chancellent.

Dans cette enclave coupée du monde, la femme joue un rôle de premier plan.

Les mères sont les piliers de la société. Seule l’ascendance féminine est prise en compte et la transmission du nom comme des biens est exclusivement féminine. La notion de père est inexistante. Les hommes et les femmes ne vivent pas en couple mais chacun dans sa famille d’origine. Plusieurs fois par an, l’homme va rejoindre pour quelques jours la mère et sa compagne attitrée. Plus l’homme vient de loin, plus le prestige de la femme est grand. Sans que cela soit ressenti comme de la légèreté sexuelle et tout en observant strictement le tabou de l’inceste, en particulier entre frère et sœur, les liaisons se nouent et se dénouent sans aucune contrainte sociale. Sans mariage ni infidélité, cette société exclut si radicalement la possession que la jalousie en devient honteuse.

Les hommes sont dispensés de travail et vaquent en groupe à leurs occupations voire à leur inactivité. De temps à autres, ils aménagent les maisons, les réparent ou en construisent d’autres. Les femmes en groupe assurent l’essentiel du travail pour la subsistance quotidienne. A la tombée de la nuit, les hommes les rejoignent : ils se présentent sous la fenêtre de la jeune femme dont ils espèrent les faveurs. Celle-ci en choisit un avec lequel elle va passer la nuit. Chaque soir elle peut si elle le souhaite, se choisir un partenaire différent. L’homme écarté par une jeune femme s’empresse d’aller rejoindre une autre jeune femme jusqu’à en trouver une qui l’accepte. Rapidement les couples se sont formés et durant la nuit, ils doivent conduire leurs ébats avec discrétion sans déranger la maisonnée. Cette pratique des visites est spectaculaire pour nous occidentaux mais la plupart des jeunes femmes choisissent de nouer une relation plus durable avec un homme et une fois cette relation officialisée devant la communauté, l’homme et la femme peuvent se comporter l’un vers l’autre dans une fidélité choisie pour une durée qui peut aller jusqu’à la mort. Cependant, à la mort de l’un d’entre eux, l’autre ne viendra pas de son village assister aux funérailles. Il ne viendra pas s’immiscer même à cette occasion dans la vie de la famille de son partenaire.

Les enfants sont élevés par les oncles de la mère qui remplacent le père et ils ont de l’affection pour eux comme un père. Les femmes sont fières de leur position sociale et en riant, expliquent que les hommes dans la journée doivent se reposer pour être plus vaillant dans leur lit la nuit durant. Elles tiennent aujourd’hui toujours au maintien de ce mode de vie car elles estiment ne vivre avec leur compagnon que des moments d’amour et de sentiments partagés sans qu’aucune dispute ne vienne détruire ou perturber cette relation. Les aspects matériels, les questions de propriété, les aspects de l’éducation des enfants, tous les sujets sur lesquels tous les couples vivants ensemble vont se quereller tôt ou tard, n’existent pas pour les amoureux du peuple Moso. Ils s’aiment sans contrainte. Il n’y a pas de mariage arrangé ou pire, forcé. Ils se sont choisis et lorsque l’homme se languit de sa compagne, il va la voir. Une fois abreuvé de marques d’amour, il repart et tous deux à distance entretiennent ce feu sacré. Comme les moyens de communication ont jusqu’à présent été inexistants, l’homme n’avait pas les moyens de prévenir sa partenaire de son arrivée. Il arrivait et la femme le recevait chez elle.

La mère est chef de famille. Âgée, elle va préparer une de ses filles à sa succession. Il n’y a pas de partage du patrimoine à sa mort. La propriété communautaire reste la même de générations en générations et la famille, une fois sa subsistance assurée, ne fait pas d’effort pour l’agrandir au détriment d’autres familles ou embellir son patrimoine avec des oeuvres richement décorées. Il y aurait même un certain dédain ou une paresse pour ne pas améliorer la circulation de l’eau potable, installer un minimum de confort pratique et hygiénique. Au contraire chacun en profite pour organiser un rythme de vie paisible et agréable, avoir du temps pour lui. Le village au bord du lac Luju, où le film a été tourné, est situé dans un paysage enchanteur. Les hommes pêchent de maigres poissons car l’altitude avoisine les 2700 mètres. »

Le site d' »Orange » précise :  » Les enfants restent dans le giron de leurs mères. »

SANS LES RELIGIONS, QUI ONT INSTITUE LA DOMINATION MACHISTE NOUS N’EN SERIONS PAS LA ! ! !

RIEN à AJOUTER!

TOUT EST DIT !